Baisser la production de pétrole ? L’Arabie Saoudite dit « non » !

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 29 novembre 2022 à 9h25
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14 %L'Arabie Saoudite devrait voir ses revenus fondre de 14 % en 2016 à cause du pétrole à bas prix.

Les automobilistes vont être contents, les compagnies pétrolières un peu moins : l'Arabie Saoudite n'a aucune intention de procéder à une baisse de sa production de pétrole, tout du moins pour le moment. De quoi doucher les espoirs d'un accord allant en ce sens après l'accord sur un gel de la production arraché à Doha mardi 16 février 2016 et qui risque de ne pas durer.

Le gel, peut-être, mais la réduction jamais !

Dans un entretien accordé à l'AFP rapporté par La Tribune, le ministre saoudien des Affaires Etrangères, Adel al-Jubeir, a clairement affiché les intentions de son pays concernant le prix du pétrole. Bien que l'Arabie Saoudite se retrouve en position de déficit budgétaire depuis 3 ans (87 milliards de dollars en 2015 soit 19 % du PIB) et que les revenus devraient baisser de 14 % en 2016, le pays n'a aucune intention de baisser sa production de pétrole.

"Si les autres producteurs veulent limiter ou s'accordent à geler (...), cela peut avoir un impact sur le marché mais l'Arabie saoudite n'est pas prête à réduire sa production" a déclaré à l'AFP M. al-Jubei. Une déclaration étonnant puisque le 16 février 2016 l'Arabie Saoudite, la Russie, le Qatar et le Venezuela ont annoncé un accord pour geler la production au niveau de janvier 2016.

Pas de remontée artificielle du pétrole à court terme

La position de l'Arabie Saoudite, très critiquée par les industriels qui sont en pleine crise mais également par certains pays membres de l'OPEP (notamment le Venezuela, en pleine récession et qui aurait besoin d'un baril de pétrole à 200 dollars pour atteindre l'équilibre budgétaire), ne laisse aucun espoir à la Bourse : le pétrole ne va pas connaître de hausse à court terme.

Les prix du pétrole "seront déterminés par l'offre et la demande, et par les forces sur le marché" a déclaré le ministre des Affaires Etrangères saoudien. Or la demande n'augmente pas aussi vite que l'offre. Et l'offre, de son côté, devrait augmenter encore plus rapidement en 2016.

Le rôle de l'Iran dans ce dossier devient de plus en plus déterminant. L'OPEP avait déclaré que l'accord sur le gel de la production ne serait valable que si d'autres pays, en l'occurrence l'Iran et l'Iraq, l'acceptent aussi. Pour l'Iraq, c'est quasiment chose faite mais l'Iran n'a encore rien signé et ne semble pas enclin à le faire.

Sans cette signature, ni l'Iran ni les autres pays de l'OPEP ne vont geler la production ce qui aurait pu stabiliser le prix du baril de pétrole. L'Iran désirant, au contraire, augmenter sa production, le pétrole pourrait encore chuter et peut-être atteindre les 10 dollars le baril comme le pensent certains analystes.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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