Le gestionnaire du réseau d’électricité RTE vient de dévoiler son bilan prévisionnel pour les 10 prochaines années. Le constat est clair : la France vit une période d’abondance en matière d’électricité.
La France dispose d’électricité en abondance selon RTE

La France dispose d’électricité en masse
Le RTE a publié le 9 décembre 2025 son rapport prévisionnel 2025-2035, révélant une donne désormais inattendue : l’année 2024 a vu la production d’électricité renouer avec des niveaux élevés, dépassant la consommation nationale. Ce retournement s’illustre par une surproduction, des exportations record et un surplus renouvelable. La production totale d’électricité en France a atteint 539,0 TWh en 2024, marquant une augmentation de 9 % par rapport à 2023 et dépassant la moyenne de la période 2014-2019. Ce redressement s’appuie notamment sur le redémarrage du parc nucléaire et sur la montée en puissance des renouvelables.
Par ailleurs, l’année 2024 a été marquée par un record historique d’exportations nettes d’électricité : 89 TWh ont été exportés vers les pays voisins, ce qui dépasse le précédent record de 77 TWh de 2002. Mieux encore, le record pourrait à nouveau tomber en 2025. Ainsi, le mix électrique français apparaît aujourd’hui robustement bas-carbone, ce qui ouvre des marges nouvelles pour la transition énergétique.
Une surcapacité croissante : consommation stable, production abondante
Malgré cette montée en production, la consommation nationale d’électricité n’a pas connu de hausse correspondante. Au premier semestre 2025, RTE indique que la consommation est restée stable, en deçà des niveaux d’avant-crise sanitaire. En parallèle, la production décarbonée demeure très abondante. Cela crée un déséquilibre structurel : l’offre excède durablement la demande. La conséquence directe de ce déséquilibre se manifeste par un phénomène d’« écrêtement » : certaines productions, notamment solaires, sont volontairement coupées faute de débouchés. Au premier semestre 2025, l’électricité photovoltaïque ainsi écrêtée a été multipliée par trois par rapport à 2024, pour atteindre 1,2 TWh.
Face à cette surcapacité, RTE préconise d’orienter la France vers une électrification massive des usages : transports, industrie, bâtiment, data centers. Cette stratégie vise à transformer l’abondance électrique en levier de décarbonation et de réindustrialisation. Le scénario optimiste prévoit qu’en cas de concrétisation des projets programmés, la consommation pourrait atteindre entre 510 TWh en 2030 et 580 TWh en 2035.
Dans ce cas, l’électricité produite, majoritairement bas-carbone, permettrait de diminuer fortement la dépendance aux énergies fossiles importées, tout en soutenant la croissance industrielle du pays. RTE estime néanmoins qu’à défaut d’électrification effective, la période de surcapacité pourrait durer au moins deux à trois ans. Pour soutenir la santé financière du secteur, le prix du mégawattheure pourrait augmenter d’environ 7 %.
