Une présidentielle ? Pour quoi faire ? (4)

Jean Baptiste Le Roux
Par Jean-Baptiste Le Roux Modifié le 3 mai 2012 à 10h20

Interview de Jean-Paul Picaper et Gilles Dubois, auteurs de « 2012. Quitte ou double », le livre choc sur les élections en France paru le 24 avril, entre les deux tours des présidentielles, aux Éditions La Bourdonnaye.

Question. Comment les Allemands voient-ils cela ?

GD. Une journaliste vedette de la télévision allemande, Marietta Slomka, disait il y a quelques jours au petit écran que ses compatriotes suivent ce qui se passe en France avec beaucoup d’inquiétude. Ce qui rassure les Allemands, c’est que chez eux le pouvoir politique est stable. On s’achemine vers une réélection de Mme Merkel en 2013, vers une grande coalition centre-droit et centre-gauche jusqu’en 2017, et l’économie est relativement prospère. Néanmoins, l’instabilité politique en France et un effondrement budgétaire et industriel de notre pays auraient des répercussions en Allemagne parce que nos économies européennes sont très imbriquées. Politiquement, la France a toujours été considérée par nos voisins comme plus à gauche que l’Allemagne. Pour eux, l’UMP a des positions proches du SPD allemand, le PS est proche du parti allemand anticapitaliste La Gauche, et le Front de Gauche se situe sur l’aile gauche de La Gauche allemande, c'est-à-dire dans le sillage de la RDA qui a été la plus grande catastrophe économique générée par l’histoire allemande.

Question. Est-ce la raison pour laquelle vous avez écrit dans le dossier de presse de votre livre : « Élections en France : L’Europe retient son souffle » ?

GD. Oui. Car l’Europe telle qu’elle est s’effondrera si la France plonge. Je ne parle pas du Front National qui veut mettre notre pays au régime sec de l’autarcie et de l’isolationnisme. Jean-Luc Mélenchon lui aussi veut annuler, comme il dit, le traité Merkel-Sarkozy et prône un protectionnisme obtus. François Hollande veut renégocier ce traité dont l’encre est à peine sèche. Les quelques vingt cinq autres États de l’Union Européenne, et surtout pas l’Allemagne, n’accepteront jamais cela. Mais ce qui est plus grave encore, ce sont les mesures draconiennes qu’adoptera la gauche contre l’économie de marché qui est inscrite dans les traités européens. Il en résultera quasi-automatiquement et peut-être plus vite qu’on le croit, un effondrement de l’économie française. Les fameux « marchés » qui gèrent beaucoup d’argent de petits épargnants, notamment les fonds de retraite américains, feront monter les taux d’intérêt requis de la France et même se retireront pour provoquer une faillite. Berlin fera tout pour ne pas être entraîné dans ce maelstrom et s’appuiera économiquement sur le Benelux, la Scandinavie, l’Autriche, en requérant l’appui de l’Italie et de la Pologne, plus le commerce avec la Chine et la Russie.

JPP. En dehors de l’engagement clair et net de Mme Merkel – et aussi de Barack Obama – en faveur de la réélection de Sarkozy pour ses derniers cinq ans encore, le ministre de l’Intérieur allemand, Hans Peter Friedrich, a donné un signal fort, ces tout derniers jours, en passant un accord avec Claude Guéant sur la possibilité de fermer à eux deux pendant un mois renouvelable les frontières extérieures de l’Union Européenne pour stopper l’immigration clandestine et naturellement aussi la criminalité internationale. L’Allemagne craint l’invasion des clandestins en cas de victoire de la gauche en France.


2012 quitte double

Jean-Paul Picaper est politologue, essayiste et journaliste. Correspondant du Figaro à Berlin entre 1977 et 2003, ainsi que des magazines Valeurs Actuelles et Politique internationale.
Depuis 2005, il écrit également pour la Preußische Allgemeine Zeitung. Il est l’auteur de nombreux livres sur l’Allemagne et les relations franco-allemandes. Son dernier ouvrage, coécrit avec Gilles Dubois, « 2012 : Quitte ou double ! » est disponible depuis le 24 avril.



Gilles Dubois est avocat international, résidant à Francfort. Membre du Conseil d’Analyse Economique francoallemand (CAEFA), Conseiller du Commerce extérieur de la France (CCEF), il est également chargé d’enseignement à la Faculté de Droit de l’université de Münster.


Jean Baptiste Le Roux

Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l'Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l'Association des Journalistes de Défense. Il publie de temps en temps dans la presse économique spécialisée.

Suivez-nous sur Google News Economie Matin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Aucun commentaire à «Une présidentielle ? Pour quoi faire ? (4)»

Laisser un commentaire

* Champs requis