Présidentielles américaines : “cup of Tea or new New Deal”?

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Par Gilles Sengès Modifié le 24 octobre 2012 à 15h37

Rarement élection présidentielle américaine n’aura été aussi tranchée !

Le duel entre Barak Obama, le président démocrate, et Mitt Romney, son challenger républicain, est celui de deux conceptions diamétralement opposées pour résoudre la plus grave crise qu’aient connu les Etats-Unis depuis celle de 1929.

Alors que 1.400 milliards de dollars ont déjà été injectés dans l’économie américaine par la Réserve Fédérale et le Congrès durant son premier mandat, l’hôte de la Maison Blanche se propose de soutenir encore l’activité ces quatre prochaines années en investissant massivement dans les infrastructures routières et l’éducation.

Après avoir réussi à imposer une première réforme du système de couverture santé avec le "Affordable Care Act", validé par la Cour suprême, le 28 juin dernier, Barak Obama ambitionne de renforcer toujours plus l’Etat providence.

Corollaire de son ambition de ramener le déficit budgétaire de 8,5 % du produit intérieur brut (PIB) cette année à 2,7 % en 2018, il prévoit d’augmenter les impôts des classes les plus aisées. En ajoutant sa volonté de mener à son terme la réforme du système financier avec la loi Dodd-Frank, promulguée le 21 juillet 2010 mais qui tarde à être appliquée, certains voient dans le programme du président les prémices d’un "new New Deal", en référence à la politique interventionniste adoptée par Franklin Delano Roosvelt, en 1933, en réponse à la Grande Dépression aux Etats-Unis. Comme l’appelle de ses vœux Paul Krugman, le prix Nobel d’économie 2008.

Autant dire une hérésie pour Mitt Romney et les Républicains pour qui la relance de la croissance aux Etats-Unis passe par une baisse des impôts et globalement du rôle de l’Etat ! Le candidat à la Maison Blanche se propose de tailler à hauteur de 500 milliards de dollars dans les dépenses publiques pour ramener ces dernières à hauteur de 20 % du PIB. Tandis que l’équipe Obama chiffre à 5 000 milliards de dollars, sur 10 ans, l’ensemble des cadeaux fiscaux de son rival, ce dernier entend bien aussi abolir le plan santé du président sortant, "l’Obamacare" ainsi que la loi Dodd-Frank.


Ce libéralisme affiché se double d’un fort conservatisme sur les questions de société (avortement, immigration etc.) imposé au parti républicain par le "Tea Party", mouvement né au début des années Obama dont l’acronyme qui fait référence à l’esprit fondateur du pays signifie aussi "Taxed Enough Already" ("déjà suffisamment imposés").

Cette frange la plus dure de la droite qui a du mal à digérer la présence d’un Noir à la Maison Blanche surfe aussi sur les craintes qu’inspirent à certains la révolution démographique que s’apprêtent à connaître les Etats-Unis.

Le dernier recensement de 2010, qui chiffre à 308 millions le nombre d’habitants aux Etat-Unis, montre une poussée inexorable de la population d’origine hispanique qui, forte désormais de 50 millions de personnes, a dépassé pour la première fois celle des Afro-Américains (42 millions). Au point que les experts estiment que les Blancs Américains ne représenteront plus que 46% de la population, en 2050, contre 30% pour les Hispaniques, 15% pour les Afro-Américains et 9% pour les Asio-Américains…

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Ancien rédacteur en chef des Échos, Gilles Sengès a été correspondant en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Espagne.

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