La Russie flirte avec la récession

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Par Julien Bondarev Publié le 27 novembre 2014 à 17h54

Le cours du rouble n’est pas stable du tout. Début novembre la monnaie russe avait perdu 10 % de sa valeur pour finalement repartir à la hausse le 10 novembre. Concernant les évolutions depuis le début de l’année 2014, le rouble a perdu le quart de sa valeur face à l’euro et le tiers face au dollar, c’est tout sauf une bonne nouvelle même si Vladimir Poutine semble confiant.

Vladimir Poutine plus que confiant

Le président russe a décidé de jouer la carte de la confiance. « On observe actuellement des mouvements spéculatifs du taux de change, je pense que cela va très bientôt s’arrêter, étant donné les actions entreprises par la banque centrale en réponse aux spéculateurs » a annoncé Vladimir Poutine en marge d’une intervention lors du sommet de l’Asie-Pacifique (Apec).

Le chef du kremlin est même allé plus loin en déclarant que Moscou « ne prévoyait pas d’imposer des mesures de contrôle des capitaux ». Nul doute que cette intervention a été faite dans le seul but de prouver une nouvelle fois la confiance de Vladimir Poutine dans la santé de sa monnaie.

Des fuites de capitaux massives

La banque centrale russe a pour sa part expliqué que les fuites de capitaux russes atteindraient 128 milliards d’euros en 2014 et que l’inflation devrait dépasser les 8 %, tout cela à cause de la crise en Ukraine. « Les événements en Ukraine et l’introduction de sanctions par certains pays contre l’économie russe ont considérablement dégradé les conditions de financement, fermant de fait les marchés de capitaux extérieurs au second semestre » a expliqué la Banque de Russie. Ces fuites de capitaux ont été très importantes notamment parce que particuliers et entreprises ont converti leurs dépôts en dollars.

Le moins que l’on puisse dire c’est que la population russe est moins confiante que son président. Pour les citoyens, la faiblesse de leur monnaie est le premier indicateur d’une santé économique qui décline. C’est pourquoi nous avons pu voir des réactions sidérées sur les réseaux sociaux vendredi 7 novembre alors que le taux de change du rouble chutait une nouvelle fois.

Deux banques russes, VTB24 et Sberbank ont déclaré avoir constaté une hausse des demandes de devises étrangères en liquide faite par des particuliers, « trois ou quatre fois plus importantes que d’habitude ». Par contre la consommation est restée positive, car les Russes ont pour réflexe de dépenser le plus possible. Ils savent que tout sera plus cher le lendemain.

Pour un grand nombre d’économistes, la Russie se dirige droit vers la récession. Avec la baisse des prix du pétrole et un taux de croissance de son produit intérieur brut proche de zéro, voire négatif, le budget fédéral calqué sur un prix du baril à 100 dollars sera déficitaire malgré la création de plusieurs taxes et redevances censées aider le pays à faire face aux difficultés économiques.

Tout cela ne laisse pas présager de bonnes choses pour l’économie de la Russie. Au-delà de ça, c’est tout le système russe qui pourrait être victime d’une mauvaise gestion des budgets du pays de la part de Vladimir Poutine qui s’est engagé dans une crise en Ukraine dans laquelle il se retrouve sans aucun soutien. Ajoutez à cela le fait que les pays d’Europe occidentale cherchent activement un moyen de se passer du gaz russe et la récession semble inéluctable. Vladimir Poutine est surement le seul à rester confiant sur ce sujet.

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Consultant en géopolitique et sécurité internationale, Julien Bondarev a choisi de développer son expertise sur la  zone EMEA, dans laquelle il a beaucoup voyagé et qui le fascine par la richesse et la complexité des relations multi-continentales qui la régissent.   

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