SNCF : une association d’usagers interpelle le Premier ministre

Anton Kunin
Par Anton Kunin Modifié le 10 novembre 2017 à 23h17
Tgv Sncf Desserte Fermeture Gare 1
5033Le réseau ferré français compte 5033 gares.

Inquiète de la dégradation de l’offre de la SNCF, notamment sur le TGV, la Fédération nationale des usagers des transports (FNAUT) vient d’adresser une lettre ouverte au Premier ministre Édouard Philippe.

TGV : des suppressions de dessertes et des fréquences en baisse

Dans son courrier, l’association dénonce « une baisse accélérée des services rendus par la SNCF ». Dans le viseur des usagers vigilants, le TGV : même à périmètre de réseau constant, d’année en année, l’offre de transport baisse. Par le passé, la FNAUT avait par exemple pointé la suppression, « pour manque de rentabilité », d’un aller TGV Avignon–Montélimar–Paris en début de matinée et du retour correspondant en soirée. La forte réduction du temps disponible à Paris (4 heures en moins) qui a résulté de cette suppression et le remplacement d’une liaison directe par une liaison avec une correspondance ne peut avoir d’autre conséquence qu’une baisse du trafic. Pour la FNAUT, dans cet exemple comme dans d’autres, la SNCF, se trouvant face à « une dérive catastrophique des coûts », cherche à traiter les conséquences des surcoûts plutôt que de s’attaquer à leurs causes.

La FNAUT attire également l'attention du Premier ministre sur le fait que la stratégie « Grande vitesse 2020 » adoptée par la SNCF ne suppose que des augmentations très limitées des dessertes. Celles-ci concernent une poignée de grandes villes, alors même que « le silence est de mise sur les autres [liaisons] qui se dégradent ». À titre d’exemple, la FNAUT dénonce la suppression de liaisons TGV « province–province » telles que Genève–Marseille et une baisse des fréquences sur des lignes comme Strasbourg–Bordeaux ou encore Lille–Montpellier.

Pour la FNAUT, la SNCF doit se concentrer sur son cœur de métier, le train

Les auteurs de la lettre ouverte sont scandalisés par le choix de la SNCF de développer des activités routières qui concurrencent le train, telles que les autocars Ouibus (une activité déficitaire) et le covoiturage iDVROOM. Par le passé, la fédération s’était déjà prononcée pour une concurrence entre opérateurs d’un même mode de transport, mais contre une concurrence entre modes de transport.

Dans un argumentaire publié sur son site, la FNAUT affirme que « le train et le car ont été mis en concurrence sans précaution et sans hésitation, avant de mettre en concurrence les opérateurs ferroviaires ». Pour la fédération, cette libéralisation intervient avant la remise en état correct du réseau ferré classique et « vient à l’évidence servir d’alibi pour accélérer réductions de services et suppressions de lignes ferroviaires régionales et nationales ».

Bien que voyant d’un bon œil la création de dessertes par autocar entre villes non reliées auparavant par le train, la FNAUT s’inquiète de la façon dont ces nouvelles liaisons par autocar desservent les villes moyennes et petites. En effet, ces dessertes imposent soit de quitter l’autoroute et d’emprunter des routes sinueuses pour rejoindre le centre-ville, ce qui augmente considérablement le temps de parcours, comparé au train, soit d’effectuer des arrêts sur des aires d’autoroute et donc loin des centres-villes. Selon la FNAUT, répondant à une logique commerciale et non à celle d’un service public, les dessertes par autocar ne prennent pas en compte les impératifs d’aménagement du territoire et risquent fort de ne pas être pérennisées si les bénéfices ne sont pas au rendez-vous.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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