La face cachée et juteuse du live streaming

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Par Olivier Werner Publié le 28 septembre 2016 à 13h28
Internet Danger Enfants Pornographie Contenus Illegal
81%81 % de smoins de 18 ans surfent sur Internet.

Alors que les événements sportifs s’enchainent, de plus en plus de supporters sont tentés de visionner les matchs en ligne sur des sites de live streaming. Parmi eux, de nombreux jeunes, pas toujours avertis sur les contenus indésirables auxquels ils s’exposent. Une étude OpinionWay attirait l’attention en décembre dernier sur les liens entre streaming et images violentes ou pornographiques.

Alors que la Ligue des champions a repris ses droits, nombreux sont les supporters qui visionneront les matchs derrière leurs écrans – télévisuels, mais également d’ordinateur. Le streaming et le live streaming sont devenus des pratiques très courantes pour suivre les événements sportifs, en direct et gratuitement via des plateformes illégales. Selon Médiamétrie, sur les 35 millions de Français qui regardent régulièrement des vidéos sur Internet, 13,5 millions le feraient en passant par des plateformes illégales.

Or, ces sites très consultés se révèlent également être ceux donnant accès à de nombreux contenus violents et pornographiques. Fenêtres pop-up ou encarts publicitaires, il est devenu de plus en plus difficile de se prémunir contre l’apparition non désirée de ces contenus pas toujours agréables – ni recommandables pour un jeune public. Les logiciels anti-publicité peinent eux-mêmes à contenir ces apparitions intempestives et ne sont que d’une maigre aide face à l’avalanche de pop-up qu’il faut traverser avant d’accéder à la vidéo désirée.

Difficulté de régulation

Désagréables pour un public majeur et averti, ces fenêtres peuvent avoir des effets bien plus sévères pour un jeune public. Selon une étude de l’institut Opinion Way, le streaming illégal serait la première cause de visionnage involontaire de pornographie sur Internet. Sans surprise, presque tous les enfants de moins de 18 ans vont sur le Web (81 %) et une large majorité (57 %) y va même quotidiennement. L’exposition à du contenu pour adulte est généralement subie par l’enfant qui ne cherche au départ qu’à visionner un programme précis, comme un match de football en direct ou la dernière série de Netflix.

L’âge de la première confrontation à des contenus pornographiques en ligne a ainsi chuté pour atteindre onze ans en moyenne. Les dégâts psychologiques d’une confrontation précoce à ce genre d’images peuvent être désastreux. 74 % des enfants victimes d’une telle expérience affirment en effet l’avoir mal vécu. Le sondage, réalisé en décembre 2015, révèle ainsi l'ampleur d’un phénomène encore largement ignoré par les pouvoirs publics, à savoir l’avancée de l’âge du premier visionnage de contenus pornographiques et ses effets potentiellement délétères pour le développement futur des mineurs qui en sont victimes. Fondé sur un système de publicité ultra-agressif qui représente une manne financière pour l’industrie du Net, où s’entremêlent les intérêts des détenteurs des sites de live streaming et de contenus classés X, cette partie du Net est difficile à cerner, et encore plus à réguler.

« Plusieurs centaines de millions d’euros »

L’étude révèle aussi une prise de conscience de la part des parents. Loin d’ignorer les risques liés à la navigation sur Internet, plus de 70 % d’entre eux reconnaissent que les sites de streaming et de téléchargement illégaux représentent une menace pour leurs enfants. Mais ils sont également démunis et ne savent pas quelle attitude adopter face à leurs enfants ou adolescents. Interdire Internet ? Délicat. Rester en permanence derrière sa progéniture pour éviter qu’elle ne « dérape » ? Matériellement impossible. Installer un système de contrôle parental ? Plusieurs études ont montré qu’il n’existait aucun système suffisamment fiable.

C’est précisément sur ces questions que des associations comme Ennocence, à l’origine de l’étude, ou La voix de l’enfant, entend alerter les pouvoirs publics. Thomas Rohmer, membre de la seconde, également engagée pour la protection de la jeunesse contre l’accès à des contenus violents ou pornographiques, dénonce par exemple l’inaction des pouvoirs publics. « Il serait temps que les pouvoirs publics fassent un peu de ménage pour bloquer ces sites illégaux en libre accès, pilotés de l’étranger, hébergés dans des paradis fiscaux », proteste-t-il. « Le seul objectif de ces sites est de générer d’énormes audiences qui leur rapportent, chaque année, plusieurs centaines de millions d’euros », dénonce-t-il.

Aujourd’hui, ces associations ne sont pas les seules à demander une réaction des autorités. 75 % des personnes interrogées considèrent que l’Etat devrait en faire davantage pour lutter contre les images auxquelles les enfants peuvent être exposés sur les sites de streaming illégaux.

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Média expert, accompagnement digital, conseil en stratégie. 

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