Adopté le 15 octobre 2025, le CDI seniors — ou contrat de valorisation de l’expérience — marque une étape décisive pour la réinsertion professionnelle des plus de 60 ans. Ce dispositif expérimental de trois ans ambitionne de rétablir la place des seniors dans le monde du travail, un enjeu social et économique majeur en France.
Tout savoir sur le CDI seniors, nouveau levier d’emploi pour les plus de 60 ans

Un contrat taillé pour favoriser la réinsertion des seniors
Le Parlement a définitivement approuvé, le 15 octobre 2025, la création du CDI seniors, présenté par le gouvernement comme un instrument « concret et juste » pour dynamiser l’emploi des plus de 60 ans. Ce nouveau contrat à durée indéterminée s’adresse exclusivement aux personnes âgées d’au moins soixante ans inscrites à France Travail depuis un an ou davantage.
L’objectif affiché est double : valoriser l’expérience des seniors et combattre leur exclusion croissante du marché de l’emploi. La mesure pourrait concerner près de 100 000 personnes d’ici 2027, selon les estimations gouvernementales. Le texte adopté à l’Assemblée nationale institue une période d’expérimentation limitée à trois ans, avant un éventuel élargissement. Comme l’a déclaré Aurore Bergé, ministre du Travail, « ce contrat vise à donner une seconde chance aux seniors qui veulent continuer à travailler ».
Les employeurs bénéficieront d’un allègement de cotisations patronales sur une part du salaire, ce qui devrait, selon le gouvernement, encourager les embauches. L’idée est d’abaisser le coût du recrutement pour lever les réticences liées à l’âge ou à la supposée faible productivité. Une démarche que l’ex-ministre du Travail Olivier Dussopt justifie ainsi : « Il s’agit d’un engagement fort pour reconnaître la valeur de l’expérience professionnelle ».
Un dispositif symbolique pour relancer la dynamique de l’emploi
L’adoption du CDI seniors intervient dans un contexte où le taux d’emploi des plus de 60 ans reste inférieur à 35 %, selon les derniers chiffres de la Dares. Ce déséquilibre pèse sur l’économie nationale et fragilise la cohésion sociale. En favorisant la réinsertion professionnelle, le gouvernement espère stimuler l’activité et alléger la pression sur les régimes de retraite, souvent prolongés par des carrières interrompues.
Le texte a fait l’objet d’un consensus politique rare, bien qu’il suscite des interrogations sur son efficacité réelle. Les syndicats, tout en saluant l’intention, rappellent que l’âge reste un frein puissant à l’embauche. Pour Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, « le CDI seniors est une réponse pragmatique à un vrai problème social : la précarité des plus de 60 ans ». Cette déclaration illustre la prudence des partenaires sociaux, qui redoutent que l’effet d’aubaine pour les entreprises ne supplante l’objectif de réinsertion durable.
Le Premier ministre a, pour sa part, défendu une mesure « concrète et juste pour les seniors », jugeant essentiel de redonner une place active à cette tranche d’âge dans la société. Le gouvernement table sur un cercle vertueux : une meilleure inclusion des travailleurs âgés permettrait d’accroître la transmission des compétences et de renforcer la productivité des équipes intergénérationnelles.
Mais les économistes restent divisés : certains y voient un levier incitatif nécessaire, d’autres une mesure symbolique sans effet structurel. Le débat sur la valeur du travail à un âge avancé, déjà vif lors de la réforme des retraites de 2023, revient ainsi au premier plan.
Une expérimentation appelée à évoluer selon les résultats
Le dispositif entrera en vigueur dès le premier trimestre 2026. Les services de France Travail devront recenser les candidats potentiels et accompagner les employeurs dans la mise en œuvre du contrat. L’exécutif prévoit par ailleurs une évaluation annuelle pour mesurer l’impact réel du CDI seniors sur le taux d’emploi des plus de 60 ans.
Si les indicateurs s’avèrent positifs, le contrat pourrait être pérennisé au-delà de 2028. À l’inverse, une efficacité limitée pourrait entraîner son abandon. Le gouvernement entend donc ajuster les modalités, notamment les critères d’éligibilité et le niveau des exonérations. L’enjeu est considérable : face à une population active vieillissante, la France cherche un équilibre entre prolongation de carrière et droit au repos.
Ce nouveau cadre contractuel vise aussi à restaurer la confiance des entreprises dans la valeur ajoutée des seniors. Plusieurs secteurs — notamment les services, la logistique et le commerce — souffrent d’un manque chronique de main-d’œuvre qualifiée. Le CDI seniors pourrait ainsi offrir un réservoir d’expériences précieuses, capables de stabiliser des équipes souvent marquées par un fort turn-over.