L’Opep+ orchestre un retour méthodique sur le devant de la scène énergétique mondiale alors que le pétrole est de plus en plus abandonné sur fond de transition énergétique. Mais que cache vraiment cette augmentation coordonnée de la production de pétrole prévue pour septembre ?
Pétrole : l’Opep+ ouvre un peu plus le robinet

Le 3 août 2025, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés — le groupe élargi connu sous le nom d’Opep+ — ont annoncé une nouvelle étape dans leur stratégie énergétique. En décidant d’augmenter leur production de pétrole de 547 000 barils par jour dès septembre 2025, les producteurs visent une normalisation progressive après des mois de restrictions volontaires. Ce mouvement s’inscrit dans une dynamique de retour contrôlé vers les niveaux de production d’avant crise, amorcée depuis avril 2025.
Pétrole : l’OPEP+ décide de rouvrir les vannes
Après plusieurs mois de limitation volontaire, l’Opep+ passe à l’action. À partir de septembre 2025, huit membres du cartel élargi — Arabie saoudite, Russie, Irak, Émirats arabes unis, Koweït, Kazakhstan, Algérie et Oman — injecteront collectivement 547 000 barils supplémentaires par jour sur le marché mondial.
Cette décision s’inscrit dans le calendrier défini le 5 décembre 2024, qui prévoyait la restitution graduelle de 2,2 millions de barils par jour retirés volontairement du marché depuis début 2023. L’ajustement de septembre marque la quatrième étape mensuelle de ce plan progressif entamé en avril 2025.
Un pari sur la stabilité du marché mondial de l’énergie
Cette relance de la production ne constitue pas une fuite en avant. Elle reste encadrée par une clause de flexibilité : « Le retrait des ajustements volontaires pourra être suspendu ou inversé selon l’évolution des conditions de marché », indique le communiqué officiel publié par l’Opep le 3 août 2025 (source : opec.org).
En clair, si les fondamentaux économiques venaient à se détériorer — baisse de la demande, montée de la volatilité, tensions géopolitiques — l’Opep+ n’exclut pas un retour à une posture plus défensive. Cette prudence stratégique est assumée : « Les fondamentaux du marché sont sains, avec des stocks bas et une perspective économique mondiale stable », poursuit le document officiel.
Le groupe Opep+ met en avant la nécessité de préserver la stabilité des cours du pétrole tout en s’ajustant progressivement à une reprise modérée de la consommation, notamment en Asie et aux États-Unis.
Or noir et diplomatie énergétique : une manœuvre concertée
Derrière cette coordination se joue aussi un jeu d’équilibre diplomatique entre les grands producteurs. L’Arabie saoudite, moteur historique de l’Opep, et la Russie, acteur clé de l’alliance élargie, réaffirment leur leadership. Cette stratégie commune permet aussi d’éviter les déséquilibres internes qui avaient fragilisé le cartel par le passé.
La réunion du 3 août 2025, tenue en visioconférence, a permis de réaffirmer la volonté collective de respecter les quotas et de compenser les excès de production antérieurs. Les membres ont également confirmé leur engagement à régulariser toute surproduction enregistrée depuis janvier 2024, selon le même communiqué officiel.
Une nouvelle réunion est prévue le 7 septembre 2025, afin de surveiller la conformité des engagements et d’évaluer les conditions de marché. C’est le JMMC (Joint Ministerial Monitoring Committee) qui assurera le suivi opérationnel de ces engagements.
Une décision qui pèsera sur le prix du pétrole dans le monde
Les marchés de l’énergie ont accueilli cette annonce avec prudence mais sans panique. En injectant de nouveaux volumes sans inonder le marché, l’Opep+ parvient à rassurer les investisseurs sans faire chuter les prix du brut. Ce dernier, à la suite des annonces d’augmentation de production, a légèrement chuté, retombant sous la barre des 70 dollars le baril pour le WTI et pour le Brent. Son prix reste néanmoins bien supérieur aux niveaux de mai 2025 lorsque le Brent était brièvement tombé sous la barre des 60 dollars le baril.
