Alors que la prise en charge des soins pratiqués par un ostéopathe pourrait être exclue des contrats « responsables et solidaires » des mutuelles dès 2026, la profession s’inquiète des conséquences pour les praticiens et les assurés.
Ostéopathe : pourquoi vos séances pourraient ne plus être remboursées en 2026

Depuis plusieurs années, les ostéopathes gagne en popularité. Mais en 2025, une menace plane sur le remboursement de ces séances, notamment en ce qui concerne les mutuelles.
Les séances d’ostéopathie menacées par les mutuelles
Le point de départ de cette menace tient à un rapport sénatorial de septembre 2024 qui recommandait d’« exclure la prise en charge des actes d’ostéopathie dans les contrats solidaires et responsables des organismes complémentaires à l’assurance maladie (OCAM) ». De même, un autre rapport, publié le 11 juillet 2025 par trois Hauts Conseils (HCAAM, HCFiPS, HCFEA) qualifiait de « gaspillage » le remboursement par les mutuelles de soins « à l’efficacité non‑démontrée », parmi lesquels figure l’ostéopathie.
Du côté des données chiffrées :
- 96 % des contrats de mutuelles entrent dans la catégorie « responsables et solidaires ».
- Les dépenses liées aux médecines dites douces (ostéopathie, chiropraxie, sophrologie…) auraient quintuplé en huit ans pour atteindre 1 milliard d’euros en 2022, soit environ 3 % du total des prestations servies par les OCAM.
- Chaque année, près de 18 millions d’actes d’ostéopathie sont réalisés en France selon l’Union pour l’Ostéopathie (UPO).
Ainsi, la logique budgétaire est la suivante : dans un contexte de maîtrise des dépenses de santé, les pouvoirs publics et certains acteurs de la complémentaire santé envisagent de faire porter une partie du coût des médecines non conventionnelles sur le patient ou d’en limiter le remboursement via les mutuelles.
Impacts potentiels pour les ostéopathes et les assurés
Pour les ostéopathes
L’exclusion des actes d’ostéopathie des contrats responsables impliquerait que les mutuelles ne soient plus contraintes de les prendre en charge. Cela pourrait déboucher sur :
- une baisse de la demande pour les séances remboursées, les patients renonçant faute de remboursement ;
- une pression accrue sur les tarifs ou sur le nombre de séances proposées pour compenser la perte du soutien des mutuelles ;
- une segmentation du marché, les ostéopathes devant peut‑être proposer des formules « 100 % payantes » ou s’inscrire dans des contrats privés spécifiques.
Pour les assurés (clients)
Les conséquences pour les patients seraient multiples :
- Une renonciation aux soins : selon une enquête, « 33 % des patients renonceraient aux soins en ostéopathie en cas de déremboursement ».
- Un transfert vers d’autres soins remboursés : l’ostéopathie étant souvent utilisée pour des troubles musculo‑squelettiques, en l’absence de remboursement, les patients pourraient consulter des médecins, demander des imageries ou des traitements médicamenteux, entraînant des coûts plus élevés pour l’assurance maladie obligatoire.
- Une possible hausse du reste à charge ou de la cotisation mutuelle : sans remboursement, les patients devraient assumer plus largement le coût de la séance ou souscrire une sur‑complémentaire dédiée.
- Un risque d’inégalités d’accès aux soins : les assurés aux moyens financiers les plus faibles pourraient être les plus pénalisés.
Quel avenir et quelles incertitudes pour la prise en charge des séances d’ostéopathie ?
À ce jour, bien que la menace soit réelle, aucune mesure définitive n’a été votée. En effet, le rapport du 14 juin 2025 de la Chambre nationale des professions libérales note que « un arrêt du remboursement des actes d’ostéopathie par les OCAM n’était pas à l’ordre du jour ». Lors de son audition dans le cadre du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 (PLFSS 2026), la ministre de la Santé a déclaré « il n’est pas prévu d’action sur l’ostéopathie ».
Cependant, la vigilance reste de mise : un amendement a été déposé le 30 octobre 2025 pour modifier la loi en vue d’autoriser les mutuelles à maintenir (ou non) la couverture de ces soins.
Les scénarios possibles sont :
- Une exclusion pure et simple des actes d’ostéopathie des contrats responsables : les mutuelles ne pourraient plus les rembourser dans ce cadre.
- Une distinction entre ostéopathie et autres « médecines douces » : reconnaître l’ostéopathie comme profession de santé réglementée pour la maintenir visible dans les garanties.
- Une réforme du cahier des charges des contrats responsables, avec une nouvelle définition des soins remboursables ou optionnels.