Chèque de fin d’année ? Geste stratégique ? À l’heure où les complémentaires santé font rarement des cadeaux, plusieurs mutuelles annoncent un remboursement partiel de cotisations.
Certaines mutuelles remboursent leurs adhérents, êtes-vous concerné ?

Pourquoi des mutuelles remboursent-elles leurs adhérents en 2025 ?
Le 9 juillet 2025, Malakoff Humanis a surpris en annonçant un geste inattendu : rembourser 160 euros à 212 000 assurés individuels, soit un mois de cotisation santé. Montant total : 30 millions d’euros. Cette annonce, bien que rare, n'est pas forcément incompréhensible pour les complémentaires santé, dont le modèle n’est pas fondé sur le profit mais sur l’équilibre.
La raison ? Un premier semestre 2025 marqué par des dépenses de santé inférieures aux prévisions. Plusieurs réformes onéreuses, dont l’extension du dispositif 100 % santé aux prothèses capillaires et fauteuils roulants, ont été reportées à décembre. Cela a mécaniquement réduit les remboursements à effectuer, générant un excédent conjoncturel.
Du côté de la direction, Thomas Colin, responsable de l’indemnisation chez Malakoff Humanis, assume : « Nous avons à cœur de maintenir un taux de redistribution de 84 %. Les assurés individuels sont plus sensibles aux hausses tarifaires que les salariés bénéficiant de contrats collectifs dont la moitié de la cotisation, ou plus, est prise en charge par l’entreprise. »
Quels montants seront remboursés ? Et qui est concerné ?
Toutes les mutuelles ne sont pas logées à la même enseigne, mais trois grands acteurs mutualistes ont d’ores et déjà officialisé leur démarche.
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Malakoff Humanis : 212 000 adhérents individuels concernés, 160 euros chacun, remboursement par annulation de la cotisation de décembre.
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MGEN (Mutuelle Générale de l’Éducation Nationale) : reversement de 67 millions d’euros à 1,7 million d’adhérents, soit environ 40 euros par personne.
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Harmonie Mutuelle : a déjà restitué 44 euros à ses clients particuliers, pour un total de 40 millions d’euros, et prévoit 44 millions supplémentaires pour les entreprises.
L’origine de ces remboursements n’est pas un excès de profits, mais bien une gestion moins déficitaire qu’anticipée. Les mutuelles, contrairement aux assureurs classiques, fonctionnent sur un modèle non lucratif, fondé sur la solidarité entre adhérents. C’est dans cette logique qu’un excédent conjoncturel peut donner lieu à un retour d’argent, comme ici.
Comment savoir si l’on est éligible au remboursement ?
Les mutuelles concernées ont adopté des modalités spécifiques. Chez Malakoff Humanis, la démarche est automatique : les 212 000 assurés individuels verront leur prélèvement de décembre suspendu, ce qui équivaut à un mois offert. Aucun formulaire, aucune demande n’est nécessaire.
Du côté de la MGEN et d’Harmonie Mutuelle, les modalités sont différenciées selon les contrats. Les assurés reçoivent en général un courrier ou un email officiel précisant le montant et les conditions. En cas de doute, les services clients de ces mutuelles confirment que les canaux d’information classiques (espace personnel en ligne, application mobile) permettent de consulter son éligibilité.
Le remboursement ne concerne toutefois que les assurés individuels, et non les bénéficiaires de contrats collectifs d’entreprise – sauf dans le cas de reversements globaux, qui seront bientôt annoncés selon les structures.
Est-ce fréquent qu’une mutuelle rembourse des cotisations ?
Non. Même si la pratique n’est pas illégale, elle demeure exceptionnelle. Arthur Martiano, directeur général du comparateur LeLynx.fr, le rappelle dans Europe 1 : « Cela peut arriver à la marge en fin d’année mais reste rare. Les contrats ont augmenté de plus de 6 % en début d’année, ce qui impose aux mutuelles d’anticiper les financements et, parfois, de faire des rectificatifs comme on le voit aujourd’hui. »
Ce remboursement est donc le fruit d’un alignement ponctuel de facteurs économiques : dépenses de santé moindres, retard réglementaire, bonne tenue des produits financiers.
Quel avenir pour ces remboursements ? Le gouvernement s’en mêle
Face à ces gestes commerciaux spectaculaires, l’État observe avec méfiance. En toile de fond : une tentative avortée de réforme ayant alourdi les cotisations en 2024, et un projet encore actif de nouvelle taxe sur les complémentaires santé, à hauteur de 1,1 milliard d’euros. Le CTIP (Centre technique des institutions de prévoyance) s’y oppose fermement, dénonçant un « flou absolu » sur les modalités.
Les professionnels du secteur redoutent qu’une taxation accrue pénalise à terme les assurés, en particulier les profils les plus sensibles – étudiants, retraités, travailleurs non salariés – précisément ceux qui bénéficient aujourd’hui des remboursements.
La pression est donc double : redistribuer sans fragiliser, tout en résistant à un cadre fiscal qui se durcit.
