Pas de hausse durable des états anxieux en France après la crise du Covid-19

Santé publique France a publié, le 22 juillet, un constat qui étonne. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, les états anxieux n’ont pas connu de flambée durable dans l’Hexagone après la pandémie de Covid-19. « Contrairement aux épisodes dépressifs dont la prévalence a significativement augmenté entre 2017 et 2021 (…), la fréquence des états anxieux est restée stable », indique l’agence sanitaire dans une étude relayée par Le Monde.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 22 juillet 2025 17h30
Pas de hausse durable des états anxieux en France après la crise du Covid-19
Pas de hausse durable des états anxieux en France après la crise du Covid-19 - © Economie Matin

Ce rapport s’appuie sur une vaste enquête téléphonique, menée entre 2017 et 2021, interrogeant un large échantillon de la population française adulte. À travers un questionnaire standardisé, les chercheurs ont mesuré les symptômes typiques de l’anxiété : peur diffuse, tension intérieure, sensation que « quelque chose d’horrible va arriver », ou encore incapacité à rester détendu.

Douze pour cent des Français concernés : un chiffre stable

Les résultats parlent d’eux-mêmes, 12,5 % des personnes interrogées présentent des symptômes anxieux. Ce taux, déjà élevé, n’a pas connu de variation significative durant la période post-pandémique. La crise sanitaire n’a pas provoqué d’aggravation durable des troubles anxieux dans la population française. Ce constat semble paradoxal, surtout quand on se rappelle les premiers mois de 2020, marqués par la peur du virus, les confinements répétés et l’isolement social.

Mais selon les chercheurs, les pics d’anxiété observés à l’époque n’ont pas persisté. « Les fortes prévalences observées au début de la phase pandémique ont pu être transitoires », précise le rapport de Santé publique France. En revanche, la dépression, elle, a bel et bien explosé. Sa prévalence est passée de 9,8 % en 2017 à 13,3 % en 2021 selon les mêmes enquêtes de terrain.

Un miroir des inégalités sociales

Ce qui n’a pas changé en revanche, ce sont les facteurs de vulnérabilité. Les états anxieux restent plus fréquents chez les personnes en difficulté financière ou ayant un faible niveau d’éducation, note l’agence. De fait, les troubles anxieux traduisent souvent un stress chronique lié à des conditions de vie précaires ou à des trajectoires sociales heurtées.

Les femmes sont également surreprésentées : en 2021, 18,2 % d’entre elles présentaient des symptômes anxieux contre 6,4 % des hommes, selon les données du Baromètre de Santé publique France 2017–2021. Ce déséquilibre genré ne date pas du Covid-19, mais il s’est maintenu, voire légèrement renforcé pendant la période.

Les dépressions, grandes gagnantes d’un déséquilibre psychique post-Covid

Là où les états anxieux semblent avoir résisté, les dépressions ont, elles, connu une augmentation nette et durable. Un article publié dans The Lancet en 2021 pointait déjà une aggravation globale des troubles dépressifs dans plusieurs pays, dont la France, en lien direct avec les mesures de confinement et les bouleversements sociaux induits par la pandémie.

Ce contraste souligne la complexité des réactions psychiques à un traumatisme collectif. Alors que l’anxiété pourrait s’estomper à mesure que les conditions de vie reviennent à la normale, la dépression semble, elle, plus enracinée, renforcée par l’isolement, les incertitudes économiques ou la perte de repères.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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