Perrier traverse une nouvelle série d’analyses défavorables à Vergèze. Plusieurs millions de bouteilles sont placées sous scellés en attendant des investigations complémentaires. Le statut d’« eau minérale naturelle » peut-il être maintenu dans ces conditions ?
Perrier : pourquoi 4 millions de bouteilles Perrier sont sous scellés

Le site de Vergèze, berceau historique de Perrier, est une nouvelle fois frappé par des anomalies répétés dans les contrôles sanitaires. Selon France Info, près de quatre millions de bouteilles demeurent immobilisées après l’arrêt successif des deux derniers forages encore en activité. Derrière ces chiffres, une question centrale se pose : qu’est-ce que cela change pour le consommateur au moment d’acheter une bouteille de Perrier ?
Perrier : ce que révèlent les dernières contaminations
Selon l’enquête menée par la cellule investigation de France Info, les deux forages encore utilisés ont été stoppés fin novembre après la détection d’« anomalies » lors d’analyses internes. L’un d’eux est resté à l’arrêt près d’une semaine. La multinationale admet avoir « détecté une anomalie dans l’une de ses analyses » et assure que « l’eau minérale naturelle Source Perrier peut être bue en toute sécurité ».
Pourtant, les contrôles défavorables s’accumulent depuis plusieurs mois. Comme l’a rappelé La Gazette de Nîmes, l’usine a dû retirer au printemps des microfiltres de 0,2 micron dont l’usage avait été jugé non conforme par la préfecture. Depuis ce retrait, les épisodes de non-conformité se multiplient : France Info évoque vingt-sept signalements bactériologiques transmis par Nestlé Waters aux autorités sanitaires. Certains ont conduit à la destruction de lots ; d’autres ont entraîné l’immobilisation de palettes entières.
Les analyses internes ont notamment relevé la présence de pseudomonas aeruginosa, déjà impliquée dans la destruction de milliers de bouteilles en septembre, ainsi que de coliformes, indicateurs possibles d’une contamination d’origine fécale. L’un des épisodes les plus marquants date du 20 novembre, lorsque des pseudomonas ont été retrouvés dans des bouteilles, puis quelques jours plus tard dans l’eau brute d’un forage. Selon France Info, cette séquence « suggère » une contamination susceptible de provenir directement du puits — un point encore en cours d’investigation.
Les autorités confirment que plusieurs « analyses de causes » restent ouvertes. Elles ne signalent néanmoins aucun risque direct pour les bouteilles déjà commercialisées, les lots identifiés comme non conformes ayant été détruits ou mis sous scellés.
Perrier confrontée à une zone d’incertitude réglementaire
Le premier enjeu concerne la cohérence avec le statut d’« eau minérale naturelle ». Cette appellation impose une eau naturellement saine, stable dans le temps, et ne subissant aucun traitement non autorisé. Or, France Info rapporte que les forages de Vergèze fonctionnent désormais avec des filtres de 0,45 micron, utilisés « sans autorisation préfectorale à jour ». Cela ne signifie pas qu’une bouteille serait dangereuse, mais cela place l’exploitation dans un cadre réglementaire fragile, en attente de validation.
À cela s’ajoute l’effet cumulatif des incidents. Depuis 2020, plusieurs épisodes de contamination ont été documentés par des enquêtes journalistiques et une commission sénatoriale. En 2024, trois millions de bouteilles ont été détruites ; en 2025, les arrêts de forages se succèdent, et près de quatre millions de bouteilles sont sous scellés à ce jour. Pour le consommateur, ce n’est pas l’accident ponctuel qui interroge, mais la répétition, qui laisse planer un doute sur la stabilité de la ressource et la robustesse de la chaîne de production.
Le statut d’« eau minérale naturelle » est d’ailleurs en cours de réévaluation. France Info indique que l’ARS Occitanie doit remettre au préfet du Gard un avis « favorable sous réserves ». La décision finale est attendue avant la fin de l’année. Elle déterminera si Perrier peut poursuivre l’exploitation des forages dans leur configuration actuelle ou si un cadre plus strict doit être imposé.
Pour le consommateur, ce que tout cela change réellement
Pour l’acheteur, le sujet est moins celui d’un danger immédiat — les lots non conformes ne quittent pas l’usine — que celui de la clarté de l’information. Une eau qui nécessite des filtres non autorisés pour être commercialisée n’entre plus parfaitement dans le schéma classique de l’eau minérale naturelle, qui repose sur une pureté « originelle ». Cette zone d’incertitude peut influer sur la confiance que les consommateurs accordent à la marque.
Les décisions à venir pourraient également entraîner des ajustements sur le positionnement commercial, sur les volumes disponibles et, éventuellement, sur les prix. Pour une marque emblématique comme Perrier, l’enjeu dépasse la seule conformité administrative : il touche à l’image même du produit.
