La croissance fait un peu mieux que prévu entre avril et juin 2025, sans pour autant convaincre. Si le PIB rebondit, l’investissement cale et le commerce extérieur reste dans le rouge. Décryptage d’un trimestre une nouvelle fois contrasté.
PIB français : légère hausse à +0,3 % au deuxième trimestre 2025

Le produit intérieur brut (PIB) français a progressé de 0,3 % au deuxième trimestre 2025, après +0,1 % sur les trois premiers mois de l’année. C’est ce qu’indique la publication officielle de l’Insee, parue le 30 juillet 2025. Une hausse modérée, mais qui confirme une économie en lente reprise, malgré des signaux mitigés côté investissement et échanges extérieurs.
Un rebond du PIB porté par les stocks, pas par la demande
L’essentiel de la croissance repose sur les variations de stocks, qui ajoutent +0,5 point au PIB ce trimestre, après +0,7 point début 2025. En clair : ce ne sont ni la consommation des ménages ni l’investissement des entreprises qui soutiennent la croissance, mais plutôt le fait que les entreprises ont rempli leurs entrepôts.
La demande intérieure finale hors stocks reste atone, avec une contribution nulle, après –0,1 point au premier trimestre. Le cœur de l’économie réelle peine donc à redémarrer. Si la consommation des ménages rebondit légèrement (+0,1 % après –0,3 %), l’investissement (FBCF) recule encore (–0,3 % après –0,1 %), confirmant une dynamique fragile dans la construction et les biens manufacturés.
« C’est vraiment une bonne nouvelle », a réagi le ministre de l’Économie Éric Lombard sur RTL, saluant la « résistance » des entreprises françaises et estimant que « la voie est dégagée pour qu’elles continuent d’investir et de se développer ».
Le commerce extérieur continue de peser sur le PIB : sa contribution reste négative à –0,2 point. Les exportationsprogressent à peine (+0,2 %), après un net recul au trimestre précédent (–1,1 %). En face, les importations accélèrent nettement (+0,8 % après +0,3 %), notamment à cause du rebond dans le secteur du raffinage (+11,8 %) et des matériels de transport (+5,6 %).
Ce déséquilibre commercial confirme que les moteurs extérieurs de la croissance restent faibles, malgré une légère reprise dans certains secteurs industriels comme la chimie ou la pharmacie.
Production industrielle : net rebond dans l’aéronautique, repli ailleurs
La production totale progresse de +0,2 %, comme au trimestre précédent. Mais le détail par secteur révèle de fortes disparités. L’industrie manufacturière ralentit (+0,1 % après +0,5 %), pénalisée par les raffineries (–10,6 %) et l’agroalimentaire (–2,0 %). En revanche, la production de matériels de transport bondit de +4,8 %, portée par un net redressement dans l’aéronautique.
Les services marchands sont également en reprise : +0,6 % après +0,3 %, grâce à l’hébergement-restauration (+1,9 %) et au commerce (+0,8 %). En parallèle, la construction se stabilise (0,0 % après –0,4 %).
En résumé, le PIB accélère, mais la dynamique reste déséquilibrée. Sans les stocks, la croissance serait à l’arrêt. Les ménages consomment peu, les entreprises investissent moins, et les exportations peinent à se reprendre. Le léger mieux observé masque une fragilité persistante des fondamentaux économiques français.
Le prochain point de conjoncture est attendu le 30 octobre 2025, pour les données du troisième trimestre de l'année. D’ici là, les regards seront tournés vers l’emploi, l’inflation et la demande intérieure, pour savoir si cette reprise modérée peut s’ancrer durablement.