Pourquoi les prix alimentaires mondiaux repartent à la hausse en 2025

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié, le 3 août, son dernier indice des prix alimentaires, révélant un score moyen de 128 points pour juin 2025. Ce chiffre, en apparence abstrait, signe une nouvelle accélération dans une tendance installée depuis sept ans. En 2018, l’indice s’établissait à 95,8. Sept ans plus tard, le bond est de 32,2 points, une progression de près de 34 % par rapport à la moyenne de la période de référence (2014‑2016).

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 4 août 2025 17h00
Pourquoi les prix alimentaires mondiaux repartent à la hausse en 2025
Pourquoi les prix alimentaires mondiaux repartent à la hausse en 2025 - © Economie Matin

Cette tendance se prolonge malgré les baisses observées après le pic de 2022. Elle interroge les analystes sur la structure du marché alimentaire mondial.

FAO : les facteurs géopolitiques pèsent sur l’alimentaire

Les raisons de cette flambée sont multiples mais convergent vers deux événements majeurs : la pandémie de Covid‑19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En février 2022, au déclenchement du conflit, les prix de produits stratégiques comme les céréales et l’huile de tournesol ont bondi. Un mois plus tard, en mars 2022, l’indice FAO atteignait un niveau record de 160,2 points, selon les chiffres officiels. Depuis, la tension reste palpable. Les exportations de certaines matières premières agricoles sont toujours perturbées par des sanctions, des embargos ou des incertitudes logistiques.

La FAO précise également que les cinq groupes de denrées (viande, céréales, huiles végétales, produits laitiers et sucre) contribuent de manière différenciée à cette dynamique, en fonction des chocs exogènes ou des déséquilibres structurels. En 2025, le retour de la volatilité sur les marchés de l’huile de palme ou du lait en poudre accentue les mouvements haussiers.

Une inflation alimentaire persistante malgré les replis sectoriels

L’analyse détaillée par sous-catégorie confirme que certains segments sont particulièrement touchés. En juin 2025 :

  • L’indice des produits laitiers atteint 154,4 points, en hausse de 20,7 % sur un an, boosté par la flambée des prix du beurre.
  • L’indice de la viande grimpe à 126,0 points, avec une forte demande en Asie et des capacités d’export limitées au Brésil.
  • Les huiles végétales reprennent de la hauteur à 155,7 points, malgré une légère stabilisation du tournesol.

En revanche, les céréales et le sucre connaissent un léger reflux, insuffisant à enrayer la dynamique globale. L’indice général reste en hausse de 0,5 % par rapport à mai 2025. Sur un an, l’augmentation atteint 5,8 %. Ces hausses s’inscrivent dans un contexte de ralentissement global de l’inflation : en 2024, la FAO note une inflation alimentaire moyenne de +3,3 %, contre +8,3 % en 2023 et +10,1 % en 2022.

Un décalage durable entre cours mondiaux et prix domestiques

Derrière les statistiques mondiales, se cache une réalité locale bien différente. Le rapport SOFI 2025, coproduit par la FAO, le PAM (Programme alimentaire mondial) et l’UNICEF, révèle que les prix domestiques restent en forte progression, en particulier dans les pays à faible revenu. L’indexation partielle des marchés nationaux sur les cours mondiaux ne protège pas des effets différés, ni des pressions internes (dévaluation, fiscalité, climat).

Ainsi, alors que les marchés internationaux semblent amorcer une stabilisation relative, les consommateurs des pays vulnérables subissent encore de plein fouet l’inflation des denrées alimentaires. Cette déconnexion alimente un climat de mécontentement social et pèse sur la sécurité alimentaire globale.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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