Santé : « pouf », c’en est fini pour les puffs ?

Dans son plan contre le tabac, le gouvernement a décidé de cibler l’une des dernières tendances du marché : les puffs. Les cigarettes électroniques jetables étaient dans le collimateur des autorités quasiment depuis leur arrivée sur le marché, en tant que substitut à la cigarette.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 5 décembre 2023 à 13h59
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10%10% des 13-16 ans ont déjà essayé la puff en France.

Outre être adressées aux plus jeunes du fait de leurs goûts et couleurs, les puffs sont aussi une absurdité écologique car électroniques et jetables. Mais en France, elles vont peut-être disparaître.

Les députés sont unanimes : les puffs, c’est fini en France

Le texte de loi était porté par deux députés de camps relativement opposés : Francesca Pasquini, écologiste, et Michel Lauzzana, du parti Renaissance. Mais il aura su convaincre l’ensemble de la poignée de députés présents dans l’hémicycle le 4 décembre 2023 dans la soirée. Avec 104 voix pour, soit l’intégralité des présents, et aucune voix contre, le texte de loi a été adopté à l’unanimité.

Ce texte interdit purement et simplement la vente de puffs en France. La raison ? La santé : ces cigarettes électroniques jetables sont, selon le ministre de la Santé Aurélien Rousseau, une « passerelle vers le tabagisme » et « un fléau environnemental ».

Une interdiction des puffs dès l’été 2024 ?

Ce qui était surtout reproché aux puffs c’étaient l’usage facile, les goûts appréciables (contrairement au goût de la cigarette) et un marketing qui semblait s’adresser aux plus jeunes. Et il n’était pas rare de voir des mineurs en utiliser… alors que le produit, comme tout produit de ce type, est interdit aux moins de 18 ans. Une interdiction qui ne marchait clairement pas : « Chez les 13-16 ans, un enfant sur 10 a déjà essayé la puff », expliquait Aurélien Rousseau.

Le gouvernement espère désormais que les puffs seront effectivement interdites en France dès l’été 2024, au grand dam des buralistes. Ces derniers en vendent en France… comme ailleurs en Europe. L’interdiction des puffs en France risque de fait d’inciter les consommateurs à aller dans les pays voisins, où elles seront encore en vente. Or, les fumeurs s’y rendent déjà massivement pour acheter tabac et cigarettes moins cher, alors que le gouvernement français prévoit de faire augmenter le prix du paquet dans les années à venir. Le paquet pourrait coûter, dans l’Hexagone, 13 euros minimum à l’horizon 2026… alors qu’il reste inférieur à 10 euros en Italie, au Luxembourg ou encore en Allemagne.

Vers l’aval de la Commission européenne pour l’interdiction des puffs ?

Les spécialistes remarqueront que le gouvernement, dans son texte voté à l’Assemblée nationale, n’a pas ciblé les cigarettes électroniques d’une manière générale, mais juste les jetables non-rechargeables. La raison ? Le risque de voir le texte se faire retoquer par Bruxelles. Une fois la loi votée au Sénat, où elle ne devrait pas faire de remous, il faudra l’aval de la Commission européenne pour mettre en place l’interdiction en France. En ne ciblant que les puffs, les députés ont fait en sorte que Bruxelles ne trouve quasiment rien à redire sur le texte.

La procédure, selon le gouvernement, devrait durer quelques mois. D’où le fait que l’interdiction des puffs ne sera pas immédiate au 1er janvier 2024. L’espoir du gouvernement ? Qu’elle soit effective à l’été 2024 au plus tard.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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