Le Japon s’apprête à relancer la plus grande centrale nucléaire au monde, un mouvement stratégique majeur dans un pays qui tente de consolider sa sécurité énergétique et de revitaliser son industrie de l’atome.
Au Japon, la plus grande centrale nucléaire du monde prête à redémarrer

Le Japon franchit une étape cruciale dans sa politique nucléaire : la centrale nucléaire de Kashiwazaki‑Kariwa, jusqu’à présent à l’arrêt, se rapproche d’un redémarrage pionnier.
La plus grande centrale nucléaire au monde
Depuis plus de dix ans, le Japon tergiverse sur la relance de son parc nucléaire en raison notamment de l’accident de Fukushima Daiichi de 2011. Aujourd’hui, la centrale nucléaire de Kashiwazaki‑Kariwa apparaît comme la plus avancée dans ce redémarrage. Selon le média Connaissance des Énergies (AFP), « la centrale nucléaire compte sept réacteurs d’une capacité cumulée d’environ 8 212 MW, ce qui en fait la plus grande centrale nucléaire du monde en puissance installée ».
De même, une dépêche de Reuters précise que les unités 6 et 7 visées pour remise en service peuvent produire « ensemble 2 710 MW ». Ainsi, à la fois par sa taille, son importance symbolique et son potentiel électrogène, cette centrale nucléaire est au cœur des ambitions énergétiques japonaises.
Le contexte du redémarrage
Autorisation locale et calendrier
Le gouverneur de la préfecture de Niigata, Hideyo Hanazumi, a donné son accord — le dernier obstacle majeur — pour un redémarrage partiel de la centrale nucléaire de Kashiwazaki‑Kariwa. Selon l’Arab News, « Sur les 54 réacteurs en service avant Fukushima, le Japon a redémarré 14 des 33 qui restent opérationnels ». Le média AA (Anadolu) précise que la mise en service du réacteur n°6 est prévue pour mars 2026.
Enjeux énergétiques et économiques
La relance de cette centrale nucléaire vise à réduire fortement la dépendance du Japon aux combustibles fossiles. Reuters indique que « le redémarrage pourrait dispenser autour d’1 million de tonnes de demande de GNL (gaz naturel liquéfié) pour le Japon l’année prochaine ». Par ailleurs, l’opérateur Tokyo Electric Power Company Holdings (TEPCO) anticipe un gain d’« environ 100 milliards de yens » (environ 554 millions d'euros) de bénéfice net annuel.
Sécurité, régulation et acceptation
Depuis Fukushima, le Japon a adopté des normes de sûreté plus strictes. La centrale a notamment été équipée d’un mur anti‑tsunami (15 m) et de systèmes de secours surélevés. Par ailleurs, la Nuclear Regulation Authority (NRA) a récemment mis en lumière des manquements à la gestion de documents confidentiels relatifs à la sécurité à Kashiwazaki‑Kariwa. Ainsi, le redémarrage de cette centrale nucléaire s’inscrit dans un cadre technique, réglementaire et politique très loin d’être banal.
Quels enjeux pour l’industrie et l’international ?
La relance de la plus grande centrale nucléaire du monde au Japon a des implications multiples :
- Souveraineté énergétique : en relançant cette centrale nucléaire, le Japon vise à diminuer ses importations de GNL et à stabiliser les coûts de l’électricité.
- Industrie nucléaire‑internationale : la reprise d’un site majeur comme Kashiwazaki‑Kariwa renvoie un signal fort aux acteurs mondiaux du nucléaire et à la stratégie japonaise dans l’atome.
- Acceptation sociétale et sécuritaire : le redémarrage d’une centrale nucléaire d’une telle ampleur soulève des questions de confiance publique, de gestion des risques sismiques et de communication.
- Transition énergétique : ce redémarrage s’inscrit dans un contexte où le Japon cherche à harmoniser nucléaire, renouvelables et réduction des émissions de CO₂.