Emploi : Renault ne recrutera plus personne jusqu’à fin 2025

Un silence lourd plane sur Renault. Le groupe automobile français met un frein sérieux à ses embauches, déclenche une réforme interne et s’apprête à affronter un exercice 2025 sous tension.

Anton Kunin
By Anton Kunin Published on 31 juillet 2025 7h57
Emploi : Renault ne recrutera plus personne jusqu'à fin 2025
Emploi : Renault ne recrutera plus personne jusqu’à fin 2025 - © Economie Matin
11,19 milliards d’eurosAu premier semestre 2025, Renault a enregistré une perte nette de 11,19 milliards d’euros.

Renault : un gel des embauches jusqu'à fin 2025 dans tous les pays

Le 29 juillet 2025, Renault a pris une décision radicale : l’ensemble des recrutements dans toutes ses marques, fonctions et pays est suspendu jusqu’au 31 décembre 2025. Une mesure annoncée par courriel aux managers, qu'a révélé le quotidien Libération, et qui interroge sur la santé réelle du constructeur automobile.

Le mail interne, envoyé le 29 juillet 2025, signé par Duncan Minto, directeur financier et directeur général par intérim, stipule qu'« un gel des embauches à l’échelle du groupe sera mis en œuvre jusqu’au 31 décembre 2025. Cette mesure s’applique à toutes les fonctions, marques et pays » et qu’elles seront « autorisées uniquement à titre exceptionnel ». Cette décision s’explique par des perspectives financières jugées « moins bonnes qu’espérées ».

Renault : un bilan semestriel assombri, les prévisions se dégradent

Les résultats du premier semestre 2025 livrent un portrait contrasté. Le chiffre d’affaires atteint 27,6 milliards d’euros, en croissance de 2,5% sur un an, stimulé par plusieurs lancements récents. En revanche, la marge opérationnelle s’établit à 6%, en baisse de 2,1 points par rapport à 2024. Le flux de trésorerie libre a sombré à 47 millions d’euros, largement pénalisé par un besoin en fonds de roulement négatif d’environ 900 millions d’euros. Surtout, l’entreprise a enregistré une perte nette colossale de 11,19 milliards d’euros, en grande partie liée à une dépréciation imprévue de 9,3 milliards portant sur sa participation dans Nissan.

Au vu de ces résultats, Renault a révisé à la baisse ses objectifs annuels : marge opérationnelle désormais attendue autour de 6,5%, contre un minimum de 7% précédemment, et flux de trésorerie libre projetés entre 1,0 et 1,5 milliard d’euros, au lieu d’au moins 2 milliards anticipés.

Ce déclassement financier a déclenché une chute de l’action de l’ordre de 16 à 17% en une seule séance, marquant la plus forte baisse depuis le début de la crise du Covid, et alimentant les inquiétudes des investisseurs face à la concurrence féroce des constructeurs chinois sur le segment électrique.

Renault sous pression : concurrence, leadership et alliances

Dans ce contexte difficile, le groupe est confronté à plusieurs défis stratégiques. Le marché européen est atone : plus de 70% des ventes du groupe y sont concentrées, dans un environnement où la concurrence chinoise (BYD, Xpeng, Chery) s’intensifie, notamment sur les véhicules électriques à bas coût. Renault doit accélérer ses nouveaux lancements : un plan prévoit investir 3 milliards d’euros pour lancer huit nouveaux modèles d’ici 2027 et se diversifier dans les services, la recharge électrique et les solutions financières.

Du côté de la gouvernance, le départ de Luca de Meo, nommé à la tête du groupe Kering en septembre 2025, a propulsé Duncan Minto au poste de directeur général par intérim depuis mi-juillet 2025. Son successeur définitif pourrait être François Provost, actuel directeur des achats, pressenti pour prendre les rênes sous l’accord du conseil d’administration et avec l’aval de l’État.

Renault a lancé un plan de réduction des coûts à court terme, ciblant les dépenses SG&A (structures, administratives), la fabrication et la R&D, afin de renforcer sa compétitivité malgré la tension sur les marges. Dans un effort pour maintenir ses fondamentaux, le groupe affirme détenir une structure de coûts flexible, capable d’aligner ses capacités à l’évolution du mix énergétique entre thermique, hybride et électrique.

Le gel des embauches, décidé en interne par Duncan Minto et effectif jusqu’au 31 décembre 2025, n’est pas un simple coup d’arrêt RH, mais un signal clair de la tension qui pèse sur Renault. Face à une perte nette record, à des perspectives revues à la baisse et à une concurrence européenne dominée par des challengers chinois, l’entreprise se replie sur ses marges et rationalise ses coûts sans augmentation de volumes. Le groupe mise désormais sur l’innovation produit, l’alliance stratégique avec Nissan et Geely, et la nomination imminente d’un nouveau directeur général pour redresser une trajectoire aujourd’hui fortement compromise.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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