Rugby : La nouvelle bataille ovalique

De quoi parle-t-on ? De valeurs, de convivialité, de respect et de concorde ? On en est très loin, tant la séquence démocratique consentie par l’actuelle direction ressemble plus à une de ces parties de « soupe de phalanges » et autre « montée en cathédrale » peu respectueuses des dites valeurs prônées !

Il faut bien reconnaître que l’élection du second mandat de Bernard Laporte en 2020 a donné lieu déjà à une belle empoignade verbale : le sortant Bernard Laporte traitant son rival Florian Grill ainsi : « Florian Grill, personne ne le connaît si ce n'est sa mère donc on s'en fout… » !

Si le résultat fut positif pour l’ancien entraîneur et ministre, avec 51,47% des voix le président sortant Bernard Laporte ne sortait pas totalement grandi de cette élection.

Rebelote, en fin d’année 2022, où Bernard Laporte était condamné par la justice française à deux ans de prison avec sursis et 75.000 euros d’amende, ayant été reconnu coupable de cinq des six infractions pour lesquels il était poursuivi pour corruption passive, trafic d'influence, prise illégale d'intérêts, recel d'abus de biens sociaux et abus de biens sociaux. Il écope aussi de deux ans d'interdiction d'exercer toute fonction en lien avec le rugby. Malgré son appel, le discrédit est jeté sur la FFR.

Depuis, entre le camp Laporte et Ovale Ensemble, structure qui soutient l’action de Florian Grill, la guerre est officielle ! Un premier vote demandé aux clubs a vu la proposition émanant de la direction installée par un Bernard Laporte évincée. Puis un second vote confirmant la progression d’Ovale Ensemble et Florian Grill.

Le 14 juin 2023, fin du suspens avec un dernier vote pour désigner le successeur réel de Bernard Laporte jusqu’à la fin du mandat en…2024 !

La coupe du Monde de rugby comme porte-drapeau

Le problème c’est bien que le rugby français a traversé de sérieux moments de doutes économiques. La période Covid en fut un moment fort. La billetterie représente environ 17% de la plupart des budgets de clubs professionnels ( - de 8% pour le ballon rond).

L’organisation de la coupe du monde obtenue de haute lutte, portée par une équipe de France au lustre retrouvé grâce à la jeune garde toulousaine notamment devrait masquer les déboires que connaît le rugby français depuis plusieurs saisons.

Le rugby professionnel n’échappe pas aux règles du marketing sportif. Et quand bien même le résultat de l’édition 2023 verrait pour la première fois les bleus sur le toit du monde, il n’en reste pas moins que les contrats qui vont être à renégocier par la suite pourraient être largement gênés par ce manque d’éthique, de morale que le sport de haut niveau demande désormais.

« La gestion, la viabilité des enjeux stratégiques sont en danger » explique plusieurs experts du marketing sportif quant à l’avenir de l’ovale en France. « La crise de légitimité, la perte de confiance peuvent entraîner des problèmes financiers à moyens termes ; plusieurs partenaires financiers pourraient se détourner » complètent certains.

L’éthique et la morale dans le sport comme dans la société

Le sport : c’est l’école de la vie …et même son miroir. Dans l’économie du sport un retour à plus d’éthique se fait sentir. Qu’il s’agisse d’un Kylian Mbappé qui ne veut pas voir son image associée à n’importe quelle « sauce », ou de l'image qui a fait le tour du monde : Cristiano Ronaldo écartant des bouteilles de Coca-Cola en conférence de presse d'avant-match et remplaçant le soda par une bouteille d'eau sur le pupitre, le Portugais aux plusieurs millions d'abonnés sur Instagram et Twitter, avait envoyé le message : "de l'eau, pas du soda.", cette moraline infuse jusque dans les contrats de sponsoring. Et ce ne sont pas les affaires qui couvent à la FFR jusqu’à maintenant qui rassureront les éventuels futurs partenaires. La future victoire des bleus en coupe du monde changerait-elle vraiment tout ?

Epilogue le 14 juin

Au terme d’une campagne électorale digne des plus homériques, avec d’une part une équipe sans chef réel, aux méthodes parfois…. et d’autre part un collectif organisé, doté d’une tête de gondole identifiée, Florian Grill, et d’un programme qui fait la part belle à la relance du rugby par la base, basé sur la réflexion de plus de 15 groupes de travail et en étant allé à la rencontre de plus de 600 clubs au travers de 45 réunions, la bataille pour une fédération nationale d’un sport aussi important va prendre fin.

Au choix, des lendemains potentiellement difficiles ou a contrario une équipe qui bâti son destin sur des idées partagées et la relance du rugby à tous les niveaux. Ce qui est certain, c’est que le monde économique attiré par les sacro-saintes valeurs du rugby va scruter ce résultat avec attention. Des collaborations assorties d’un bad buzz, ce n’est pas leur tasse de thé !