Les sachets de nicotine ZYN ne contiendraient finalement pas d’arsenic

Les sachets de nicotine, ou « pouches », suscitent un débat intense. Une récente étude conteste leur dangerosité.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 20 janvier 2025 à 17h18
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Jusqu'à 38,9 mg/gLes sachets de nicotine contiennent de la nicotine jusqu'à 38,9 mg/g

Le 10 décembre 2024, une étude commandée par Philip Morris International et menée par le laboratoire Eurofins a révélé des résultats inattendus : les sachets de nicotine ZYN ne contiendraient pas de traces d'arsenic en quantité détectable. Une affirmation qui tranche avec les précédentes études publiées par des institutions telles que l'Institut National de la Consommation (INC) et le Comité National Contre le Tabagisme (CNCT).

Les analyses réalisées par Eurofins, un laboratoire indépendant, se sont concentrées sur la recherche de métaux lourds dans les sachets ZYN. L’étude a mis en évidence l’absence d’arsenic à des niveaux détectables, utilisant des technologies avancées de spectrométrie. Philip Morris International a salué ces résultats, affirmant qu'ils réfutent les accusations portées par les précédentes études.

Les accusations précédentes : arsenic et autres métaux lourds

En octobre 2024, une étude menée par l'INC et le CNCT avait tiré la sonnette d'alarme. Selon leurs résultats, les sachets de nicotine de plusieurs marques, dont ZYN, contenaient des quantités significatives de métaux lourds, y compris de l'arsenic. Certains échantillons auraient révélé jusqu'à 0,59 microgramme d'arsenic par sachet, soit 6,5 fois plus que dans une cigarette classique.

Ces sachets, disponibles en plusieurs arômes, sont particulièrement populaires chez les jeunes. Le CNCT avait dénoncé leur potentiel addictif en raison des teneurs élevées en nicotine et la présence d’édulcorants, tels que le sucralose. Ces éléments les rendraient plus attractifs et donc plus dangereux pour une population vulnérable, notamment les adolescents.

Que contiennent réellement les sachets ZYN ?

Les sachets ZYN, comme les autres produits similaires, ne contiennent pas de tabac mais des polymères imprégnés de nicotine. Ils se placent entre la gencive et la lèvre, permettant une diffusion contrôlée de la nicotine. Selon Eurofins, ces sachets ne présentent pas de risque lié à la présence d'arsenic ou d'autres métaux lourds.

L'étude commandée par Philip Morris souligne que ces produits contiennent des concentrations élevées de nicotine, jusqu'à 38,9 mg/g dans certains cas, soit bien au-delà des gommes disponibles en pharmacie. Ces niveaux sont conformes aux attentes des consommateurs mais nécessitent un usage prudent, notamment chez les jeunes.

Les sachets ZYN ont récemment obtenu une autorisation de commercialisation par la Food & Drug Administration (FDA) aux États-Unis, qui a souligné leur potentiel à réduire les risques par rapport aux cigarettes traditionnelles. La FDA a estimé que ces produits "présentent un risque plus faible de cancer et d'autres pathologies graves" et peuvent aider les fumeurs adultes à diminuer ou arrêter leur consommation​.

Une réglementation insuffisante

En France, les sachets de nicotine ne bénéficient actuellement d'aucun cadre réglementaire précis. L'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'Alimentation, de l'Environnement et du Travail (ANSES) souligne que l’absence de réglementation rend ces produits particulièrement attractifs pour les jeunes. Leur présentation, souvent colorée et ludique, est une stratégie marketing qui cible intentionnellement cette tranche d’âge.

L'ANSES alerte également sur l'augmentation des appels aux centres antipoison concernant des intoxications liées à ces produits. Les symptômes signalés incluent des vomissements, des convulsions et, dans certains cas graves, des pertes de conscience. Les autorités appellent à une réglementation stricte pour limiter ces risques.

Une controverse toujours vive

La publication de l'étude Eurofins ne met pas fin à la controverse. Yves Martinet, président du CNCT, affirme que ces produits restent « particulièrement nocifs » et il exige une interdiction totale de leur commercialisation.

Philip Morris conteste l'impartialité des études critiques, affirmant que leurs produits respectent des normes de sécurité strictes. L’entreprise se positionne comme un acteur responsable, tout en continuant à promouvoir ses produits à l’international.

Vers une interdiction ou une meilleure régulation ?

Les sachets de nicotine sont au cœur d’un débat opposant industriels et organisations de santé. Si les résultats d’Eurofins rassurent les consommateurs de ZYN, ils ne dissipent pas les inquiétudes globales concernant la sécurité de ces produits. Face à une popularité croissante auprès des jeunes, la France devra trancher entre une interdiction pure et simple ou la mise en place d’un cadre réglementaire rigoureux.

Philip Morris France a profité de cette étude pour réitérer son appel à une réglementation adaptée. Le groupe propose une limite stricte pour la teneur en nicotine, une interdiction explicite de la vente aux mineurs et un encadrement renforcé de la distribution. Selon PMI, une interdiction totale serait contre-productive, favorisant l’émergence d’un marché clandestin qui augmenterait les risques pour les jeunes

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Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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