En 2022, les dirigeants des entreprises du CAC 40 ont accentué les inégalités salariales, exacerbant les tensions entre la rémunération des PDG et celle de leurs employés. D’après une étude de l’ONG Oxfam, cet écart s’est agrandi en 2022… et la tendance ne devrait pas s’inverser.
Salaires du CAC 40 : les PDG s’en mettent plein les poches
Les inégalités salariales explosent au sein du CAC 40
Les données d'Oxfam publiées le 30 avril 2024 révèlent une augmentation de l'écart de rémunération entre les PDG et les employés au sein du CAC 40. En 2022, les dirigeants ont gagné en moyenne 130 fois le salaire de leurs employés, une hausse de 17 % depuis 2019. Ce ratio, qui était de 40 fois le SMIC en 1979, marque une tendance inquiétante vers une concentration accrue des richesses.
Le TOP 3 des PDG les mieux payés du CAC 40 en 2022 :
- Daniel Julien de Teleperformance a perçu 19,7 millions d’euros en 2022, soit 1 453 fois le salaire moyen de son entreprise.
- Alexandre Bompard de Carrefour a gagné 426 fois le salaire moyen de ses employés, avec un salaire annuel moyen très bas de 21 925 euros.
- Et, évidemment, Carlos Tavares, à la tête de Stellantis, est présent dans le classement avec une rémunération en 2022 de près de 22 millions d’euros. En 2023, ce dernier touchera 36 millions d’euros, somme qui a fait polémique. Carlos Tavares a même demandé que soit faite une loi pour l’empêcher de gagner autant.
Inégalités salariales : les hommes toujours mieux rémunérés que les femmes… même à haut niveau
Le rapport d'Oxfam met également en évidence des inégalités de genre significatives au sommet des entreprises du CAC 40. En 2022, les PDG hommes ont gagné en moyenne 2,4 fois plus que les PDG femmes, ce qui est dix fois l’écart moyen dans l’ensemble du secteur privé en France. Il n’y avait que deux femmes PDG parmi les entreprises du CAC 40 en 2022.
« Ces écarts de rémunérations se vérifient tout particulièrement au sommet des grandes entreprises. En effet, 7 entreprises du CAC 40 sur 10 n’ont pas plus de 3 femmes parmi leurs 10 salarié·es les mieux payé·es », souligne Oxfam.
Les actionnaires plus importants que le climat
La structure de gouvernance au sein du CAC 40 favorise une rémunération excessive des PDG en lien étroit avec les intérêts des actionnaires. En 2022, 51 % de la rémunération totale des PDG était basée sur des critères financiers, principalement alignés sur la satisfaction des actionnaires. Seulement 5,8 % de la rémunération était liée à des objectifs climatiques, reflétant un déséquilibre dans les priorités de gouvernance.
Pour une entreprise plus durable et une réduction des inégalités salariales, Oxfam France appelle à mettre en place les mesures suivantes :
- Imposer, dans un premier temps, un salaire maximum en garantissant un écart maximum de rémunération de 1 à 20 entre le salaire du ou de la dirigeant·e et le salaire médian de l’entreprise.
- Garantir un salaire décent sur l’ensemble de la chaîne de valeur
- Accélérer les efforts en matière de réduction des écarts de salaires entre les femmes et les hommes
- Revoir en profondeur la structure de rémunération financière et court-termiste des PDG des grandes entreprises