Le géant pharmaceutique français Sanofi vient d’annoncer un investissement de 20 milliards de dollars aux États-Unis d’ici à 2030. Une manière de pérenniser sa présence sur le marché américain. Mais cette décision met en colère Bercy.
Investissement de Sanofi aux États-Unis : « un mauvais signal » pour Bercy

Sanofi va investir largement aux États-Unis
Sanofi, le mastodonte français de la pharmacie, vient d’officialiser un investissement d’au moins 20 milliards de dollars aux États-Unis d’ici à 2030. Objectif affiché : renforcer ses capacités de production et de recherche sur le sol américain. Une opération titanesque qui suscite, en France, autant d’inquiétudes que d’interrogations sur la stratégie du groupe et sur la place laissée à l’industrie nationale.
Dans un contexte tendu, marqué par la guerre commerciale, cette annonce n’a rien d’un geste isolé. Elle s’inscrit dans une vague d’initiatives comparables, déjà amorcée par des géants comme Novartis, Eli Lilly ou encore Johnson & Johnson, soucieux d’anticiper d’éventuelles hausses des droits de douane imposées par l’administration Trump.
Sanofi face à Trump : entre stratégie industrielle et survie commerciale
L’ampleur de cet investissement ne doit rien au hasard. Elle fait écho aux avertissements lancés récemment par Donald Trump, qui menace le secteur pharmaceutique de fortes baisses de prix et de nouveaux droits de douane. Les États-Unis, rappelons-le, représentent aujourd’hui la moitié du chiffre d’affaires de Sanofi, contre seulement 25 % de sa production, implantée dans cinq usines locales.
Invité sur BFM Business, le ministre de l’Économie, Éric Lombard, n’a pas mâché ses mots. Il a jugé l’annonce « désagréable » et déclaré : « L’ampleur des investissements aux États-Unis, c’est sûr que c’est un mauvais signal à un moment où nous considérons, et nous sommes convaincus, que (...) l’Europe et la France, c’est l’endroit où il faut investir ». Cette critique s’inscrit dans un contexte d’agacement plus large de la part des autorités françaises. Emmanuel Macron avait lui-même appelé, en amont, les industriels tricolores à « suspendre leurs projets américains » face à la politique commerciale agressive des États-Unis.
La polémique enfle d’autant plus que cette annonce survient quelques jours seulement après la cession de 50 % de la filiale Opella. Cette dernière produit notamment du Doliprane. Elle vient d’être cédée à un fonds américain, CD&R, pour 10 milliards d’euros. Le médicament emblématique, fabriqué à Lisieux, passe ainsi partiellement sous pavillon américain, malgré la promesse de Sanofi de conserver 48,2 % de participation.
