Sanofi va se séparer de son pôle Grand Public

Le géant pharmaceutique Sanofi a annoncé sa volonté de se détacher de sa division Santé Grand Public pour se concentrer sur la recherche de médicaments innovants. Cette décision s’accompagne d’un plan d’économies conséquent visant à allouer des fonds supplémentaires à l’innovation, et ce malgré les réactions contrastées du marché et des syndicats.

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Par Rédacteur Publié le 11 novembre 2023 à 8h00
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2 MILLIARDS €Sanofi veut économiser 2 milliards d'euros en deux ans.

Sanofi, mastodonte de l'industrie pharmaceutique, a bousculé le secteur en dévoilant son intention de se séparer de son pôle Santé Grand Public, qui commercialise les médicaments sans ordonnance et les compléments alimentaires, comprenant des marques emblématiques comme le Doliprane et Mucosolvan. Le groupe va en effet se recentrer sur les médicaments novateurs. Cette initiative s'accompagne d'un plan d’économies conséquent visant à générer jusqu'à 2 milliards d'euros entre 2024 et fin 2025, fonds qui seront réaffectés à l'innovation.

Faire de Sanofi un « pure-player » bio-pharmaceutique

Fondé en 1973 et basé en France, Sanofi opère dans plus de 170 pays, employant près de 100 000 personnes à travers le monde. Ce leader mondial, souvent salué pour son engagement dans la recherche et le développement de médicaments vitaux, souhaite se tourner désormais vers des domaines spécifiques tels que les maladies rares, l'immuno-inflammation, l'hématologie, ou encore les vaccins. Ce pivot stratégique vise à renforcer la rentabilité de l’entreprise avec des médicaments à forte valeur ajoutée.

Le directeur général du groupe, Paul Hudson, ne cache d’ailleurs pas les motivations essentiellement financières de cette décision : « Nous renforçons nos investissements en R & D et franchissons des étapes pour devenir un ‘pure player’ biopharmaceutique, tout en optimisant encore davantage notre structure de coûts ».

Dans le détail, Sanofi envisage de rendre autonome cette branche Grand Public, commercialisant les médicaments stars de la firme, et de l’introduire en Bourse à la fin de l’année 2024. Le pari est clair : tourner le dos aux produits vendus à bas prix, souvent sans ordonnance et faisant face à la concurrence de génériques, pour privilégier des médicaments dont le brevet est encore exclusif, vendu très chers car ne disposant d’aucun équivalent.

Des marchés et des syndicats peu convaincus

Les investisseurs poussent les géants de l’industrie pharmaceutique à se tourner vers ces produits à marges élevée. Certes, la division Santé Grand Public, responsable de 12 % du chiffre d’affaires de Sanofi, est en croissance, mais sa rentabilité réduite ne convainc pas les financiers. Pour autant, l’annonce du géant français n’a pas provoqué d’euphorie sur les marchés financiers, au contraire : elle a entraîné une chute de 19 % de l'action de Sanofi à la Bourse de Paris, la plus grande baisse en séance depuis 1997.

Les syndicats expriment leur désarroi face à cette décision de Sanofi. « C’est le tarif ! Tous les deux ans, depuis 2008, on a des plans d’économies entre 1 et 2 milliards d’euros, et depuis 2008, c’est 16 usines et centres de recherche qui ont disparu de l’Hexagone, tout ça c’est le résultat des plans d’économies », dénonce Jean-Louis Pérenne, de la CGT Sanofi. Les salariés craignent l’impact sur l’emploi de ce plan de réduction des coûts, mais aussi de cette prise d’autonomie du pôle Grand Public, qui compte 11 000 salariés et 13 sites de production dont deux en France, un à Lisieux dans le Calvados et un autre à Compiègne dans l’Oise.

Sanofi affirme que la nouvelle entité issue de la scission et de l’introduction en Bourse aura « son siège en France », mais ne garantit pas qu’il en restera l’actionnaire principal, ni que des mécanismes empêcheront la délocalisation. Au plus fort de la crise du Covid-19, qui avait provoqué une médiatique pénurie de Doliprane, l’exécutif français, le président Emmanuel Macron en tête, avait plaidé pour renforcer la souveraineté sanitaire de la France et pour relocaliser la production des médicaments de première nécessité. La décision de Sanofi ne va pas vraiment dans ce sens – et c’est un euphémisme.

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