Vers la vente de SFR ? Le plan validé par la justice relance les spéculation

Le 4 août 2025, le tribunal de commerce de Paris a officiellement validé le plan de restructuration de la dette d’Altice France, maison mère de SFR, dans un contexte de tensions internes et de défiance syndicale. Ce jugement, à contre-courant des réquisitions du ministère public, ancre l’ensemble des filiales du groupe – y compris SFR, SFR Fibre et Completel – dans une opération strictement financière, censée garantir la viabilité future d’un conglomérat étouffé par 24,1 milliards d’euros de dette.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 5 août 2025 6h25
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Vers la vente de SFR ? Le plan validé par la justice relance les spéculation - © Economie Matin
55%Patrick Drahi détient 55% du capital d'Altice.

Dette, cession et capitaux : le plan d’Altice pour éviter la faillite

L’objectif affiché est clair : réduire la dette à 15,5 milliards d’euros, grâce à une réduction de créances de plus de 8 milliards d’euros. Mais ce répit n’a pas de prix symbolique : 45 % du capital d’Altice France passe entre les mains des créanciers – dont BlackRock, Carlyle, Elliott et Fidelity – tandis que Patrick Drahi, milliardaire exilé fiscal, conserve une majorité relative de 55 %.

Le plan s’accompagne d’un report des échéances majeures de remboursement à 2029, alors qu’elles étaient initialement prévues pour 2025. Si la direction d’Altice parle d’une victoire stratégique, les organisations syndicales y voient une opération de camouflage : une tentative de recapitalisation qui prépare, selon eux, la vente progressive des actifs du groupe, à commencer par l’opérateur SFR.

SFR : un opérateur solide intégré à une dette qui ne lui appartenait pas

La position du comité social et économique (CSE) d’Altice France est sans équivoque. Son représentant, Olivier Lelong (CFDT), a déclaré : « Ces filiales-là ne sont pas endettées, n’ont jamais souscrit de crédit auprès des créanciers avec qui cet accord a été passé, mais c’est tout de même nous qui sommes garants du remboursement de ces dettes et qui ferons les frais du remboursement », relate Le Monde.

Cette protestation rejoint celle du ministère public, qui avait demandé que les filiales concernées soient exclues du dispositif de sauvegarde, pour éviter de compromettre leur stabilité financière indépendante. Leur demande a été écartée par le tribunal, qui a jugé nécessaire d’inclure toutes les entités pour préserver l’équilibre général du plan de restructuration.

Vers une cession de SFR ? L’équation reste ouverte

Le groupe Altice, par la voix de son PDG Arthur Dreyfuss, a nié toute opération de cession en cours : « Il n’y a pas de processus de vente de SFR en cours, et aucune offre, pas même indicative et sans valeur, n’a[vait] été reçue à date », selon Le Monde.

Cette déclaration tranche avec les signaux captés par les concurrents. Le directeur financier d’Orange, Laurent Martinez, a confié lors de la présentation des résultats semestriels : « Il y a évidemment des discussions préliminaires entre les opérateurs ».

Sur le fond, la direction d’Altice affirme que l’opération est « exclusivement financière, sans aucun impact sur la vie opérationnelle, commerciale ou sociale du groupe », explique Franceinfo. Pourtant, le syndicat CFDT et plusieurs analystes estiment qu’elle constitue le préambule à un démantèlement progressif, dont la cession de SFR pourrait être la première étape.

Patrimoine sous pression : une restructuration dictée par les créanciers

Le calendrier désormais enclenché laisse peu de place au doute. Les parties ont jusqu’à octobre 2025 pour finaliser la transaction, selon des documents internes cités par Franceinfo. La restructuration actée représente une respiration pour Altice France, mais impose une vigilance extrême sur le sort de ses actifs stratégiques.

Avec SFR, deuxième opérateur télécom français, inclus de force dans une dette dont il ne tirait « aucun bénéfice », le débat dépasse la seule logique financière. Il touche désormais à la souveraineté industrielle d’un secteur où les concentrations inquiètent autant qu’elles fascinent.nt

La direction parle de sauvetage. Les syndicats dénoncent une mise sous tutelle. Les créanciers dictent les termes. Et les concurrents se positionnent déjà. Derrière les chiffres, une question persiste : la restructuration est-elle une stabilisation ou un début de liquidation programmée ?

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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