Le sous-marin russe Novorossiisk, aperçu en surface près de Gibraltar le 26 septembre, suscite l’inquiétude. Une fuite de carburant signalée pourrait provoquer une explosion.
Un sous-marin russe pourrait exploser dans l’Atlantique

Depuis le vendredi 26 septembre 2025, un sous-marin russe de classe Kilo, le B-261 Novorossiisk, a été repéré en surface au niveau du détroit de Gibraltar, puis signalé prenant cap vers l’Atlantique. Selon des messages relayés par la chaîne Telegram Tchéka-OGPU et repris par la presse, le sous-marin souffrirait d’une avarie carburant, avec une fuite dans la cale et un risque d’explosion. D’autres observateurs nuancent toutefois ce tableau.
Sous-marin en alerte : un problème insoluble ?
Le sous-marin aurait subi des dommages sur le circuit carburant, entraînant une accumulation d’hydrocarbures dans la cale, ce qui constituerait un mélange potentiellement explosif. La chaîne Tchéka-OGPU ajoute que l’équipage du sous-marin ne disposerait ni des pièces de rechange ni de spécialistes qualifiés pour réparer en mer. Si l’information est exacte, l’avarie enferme le sous-marin dans un dilemme technique classique : soit isoler, ventiler, pomper et neutraliser en sécurité, soit délester en mer pour supprimer l’atmosphère explosive — une opération délicate, surveillée, et politiquement sensible.
Or, le sous-marin a été vu franchissant le détroit vers l’Atlantique, ce qui suggère une recherche de base apte à accueillir une intervention lourde, ou simplement la poursuite d’une navigation de circonstance. Si le sous-marin a été repéré en surface le 26 septembre, il semble être en mesure de naviguer et aurait même plongé le 29 septembre, signe d’une relative maîtrise de la situation. L’état précis du sous-marin reste non documenté par des sources officielles ouvertes.
Des risques industriels et environnementaux
Un sous-marin diesel-électrique emporte des volumes d’hydrocarbures dont les vapeurs, si elles s’accumulent, créent un mélange inflammable. Dans un sous-marin, où les volumes sont confinés et où coexistent batteries, équipements électriques, sources de chaleur et opérations de ventilation, la prévention d’une étincelle est vitale. C’est pourquoi l’avarie carburant alléguée — et sa conséquence, l’accumulation dans la cale — inquiète. Si l’équipage du Novorossiisk est contraint de rester en surface pour ventiler et gérer la sécurité, sa discrétion opérationnelle est compromise, ce qui explique son suivi serré à Gibraltar par de nombreux observateurs civils.
Reste l’option évoquée par les messages Telegram : le pompage à la mer pour réduire le risque d’explosion. Techniquement, l’opération est faisable mais encadrée, car un sous-marin opérant à proximité de routes maritimes majeures et d’aires écologiquement sensibles ne peut se permettre un rejet incontrôlé. Les autorités de Gibraltar ont brièvement relayé la possibilité d’un « risque d’explosion », tout en renvoyant aux services du ministère de la Défense britannique (GBC, 28 septembre 2025). En outre, le Novorossiisk, mis en service en 2014, est un bâtiment relativement moderne pour sa classe ; cela n’exclut pas les avaries, mais suppose des procédures de gestion du risque à bord.
Pourquoi l’incident pèse sur l’équilibre stratégique
Au-delà de la sécurité, cette affaire importe parce qu’elle arrive dans un contexte de guerre où les flottes russes se heurtent à des contraintes opérationnelles et logistiques. La Méditerranée et le détroit de Gibraltar sont des goulots stratégiques ; y voir un sous-marin en mode « dégradé » — ou simplement rendu visible — attire l’attention sur la chaîne de maintenance et sur l’usure des coques. Pour la Russie, chaque appareil compte : perdre temporairement la pleine capacité d’un bâtiment réduit la pression qu’elle peut exercer sur les lignes maritimes et sur la profondeur stratégique de ses adversaires.
Cette pression n’est pas qu’« opérationnelle » ; elle a un coût et une incidence sur les marchés. Un sous-marin contraint de rallier une base lointaine pour réparation mobilise escorte, moyens logistiques, et fenêtre météo, le tout se chiffrant en jours et en millions. En parallèle, la visibilité médiatique d’un submersible en difficulté près d’un hub maritime comme Gibraltar peut raviver les débats assurantiels sur les primes de risque — même si, à ce stade, aucune autorité n’a signalé de perturbation de trafic liée au sous-marin.
Pour autant, dans un marché où l’incertitude géopolitique se valorise vite, l’image d’un sous-marin « en alerte » suffit parfois à renchérir marginalement les couvertures assurantielles, au moins de façon transitoire, surtout si des opérations de recherche ou de surveillance aérienne sont perçues comme inhabituelles par les armateurs.
