Avec sa nouvelle batterie, Stellantis veut franchir un cap décisif dans l’électrique. Plus compacte, plus légère et capable de se recharger en un temps record, elle équipe déjà un prototype Peugeot e-3008. Une innovation qui pourrait changer la donne sur le marché de la voiture électrique.
Stellantis mise sur une batterie révolutionnaire pour réinventer la voiture électrique
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Published on 19 septembre 2025 13h38
Au printemps 2025, Stellantis a présenté des avancées majeures dans le domaine de la batterie pour voiture électrique. Ces innovations s’appuient sur deux projets complémentaires, IBIS et FEST, qui visent à augmenter l’autonomie, réduire le poids et accélérer les temps de recharge. Cette stratégie place le groupe franco-italo-américain au cœur de la compétition mondiale pour imposer une nouvelle référence technologique.
Les avantages techniques d’une batterie de nouvelle génération
La première innovation concerne le projet IBIS (Intelligent Battery Integrated System), développé avec Saft et le CNRS. Il s’agit d’une batterie intégrant directement les fonctions du chargeur et de l’onduleur dans ses modules, ce qui supprime deux composants électroniques coûteux et volumineux. Résultat : une meilleure compacité et un gain de poids estimé à environ 40 kilos. Ces allègements se traduisent par une autonomie accrue à capacité égale et par une efficacité énergétique améliorée.
De son côté, le projet FEST®, mené en partenariat avec Factorial Energy, introduit des cellules à électrolyte solide. Leur densité atteint 375 Wh/kg, contre 200 à 300 Wh/kg pour les batteries lithium-ion actuelles. À capacité équivalente, une telle densité permet d’augmenter l’autonomie de manière significative. Comme l’explique Ned Curic, directeur de l’ingénierie et de la technologie de Stellantis : « Cette avancée nous place à l’avant-garde de la révolution des batteries à état solide, et nous allons encore plus loin. »
Une architecture optimisée pour la performance
Les bénéfices de la batterie IBIS se traduisent aussi dans la recharge. Sur borne 7 kW AC, le temps est réduit de 15 %, tandis que le rendement atteint 95,5 % sur borne 11 kW et 96,5 % sur borne 22 kW. Ces chiffres confirment que l’intégration électronique minimise les pertes énergétiques. Le prototype Peugeot e-3008 équipé de cette technologie affiche une capacité de 65 kWh et une puissance de 230 chevaux, tout en conservant une autonomie proche d’un modèle classique de 73 kWh.
La batterie FEST va plus loin avec la rapidité de charge. Selon les tests publiés par Stellantis, passer de 15 % à 90 % d’énergie ne prend que 18 minutes à température ambiante. Elle résiste en outre à plus de 600 cycles de charge-décharge et fonctionne entre -30 °C et +45 °C, une plage élargie qui sécurise les performances en conditions climatiques extrêmes. Pour Siyu Huang, PDG de Factorial Energy, « réussir à équilibrer densité énergétique, durée de vie, rapidité de charge et sécurité dans une batterie validée par les équipementiers constitue une véritable avancée ».
Des limites encore à surmonter
Malgré ces annonces, certaines contraintes freinent encore la commercialisation. La technologie FEST n’a pas dépassé le stade de la flotte pilote, prévue pour 2026. Les batteries solides sont réputées prometteuses mais complexes à industrialiser, notamment en raison du coût des matériaux et des procédés de fabrication. De plus, la fiabilité sur plusieurs centaines de milliers de kilomètres reste à démontrer.
Autre défi : l’adaptation aux chaînes de production. Intégrer l’électronique de puissance dans la batterie suppose de redéfinir l’architecture électrique des véhicules, ce qui demande d’importants investissements industriels et des validations réglementaires. Enfin, le prix final pour le consommateur reste incertain : si les économies d’échelle permettent une baisse à long terme, l’arrivée des premières unités pourrait s’accompagner d’un surcoût. Il reste cependant possible que les clients les plus fortunés, attirés par une voiture plus légère et au chargement plus rapide et efficace, parviennent à se procurer les premiers véhicules à prix plus importants.
Un impact attendu sur le marché de la voiture électrique
Le choix de tester la batterie IBIS sur un Peugeot e-3008 illustre la stratégie de Stellantis : prouver la viabilité sur un modèle de grande diffusion avant d’envisager un déploiement plus large. Les futurs véhicules de la plateforme STLA Large, notamment des SUV premium et des berlines électriques, pourraient bénéficier de ces technologies.
Pour le marché, les implications sont fortes. Une autonomie accrue, un temps de charge réduit et un poids moindre réduisent les freins à l’achat. En parallèle, la simplification des composants électroniques pourrait diminuer la dépendance à certains fournisseurs et renforcer la compétitivité face aux acteurs asiatiques déjà en avance sur le solide. Toutefois, la réussite dépendra du passage de l’innovation de laboratoire à la production de masse, un obstacle auquel beaucoup d’acteurs se sont arrêtés par le passé.