Taxe foncière : quand l’impôt pèse plus lourd que les mensualités

Derrière les murs fraîchement acquis, une charge insoupçonnée s’alourdit. En 2025, la taxe foncière, en pleine expansion, devient un facteur déterminant dans l’équation budgétaire des acquéreurs. Certaines villes franchissent un seuil critique, jusqu’à faire vaciller l’équilibre financier des primo-accédants.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 1 août 2025 11h30
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Taxe foncière : quand l’impôt pèse plus lourd que les mensualités - © Economie Matin
1,3La taxe foncière représente en moyenne 1,3 mensualité sur un an

Une étude menée par Meilleurtaux bouleverse la perception de l’achat immobilier. Elle montre que la taxe foncière explose littéralement dans certaines communes.

Une charge annuelle qui s'apparente à plusieurs mensualités de crédit

À Saint-Étienne, la situation est révélatrice : un logement de 70 m² acheté environ 80 000 euros y engendre une taxe foncière de 1 452 euros par an, soit plus de trois mensualités de crédit sur un prêt de 20 ans à 500 euros par mois. L’analyse de Meilleurtaux est sans appel : dans 23 des 32 plus grandes villes françaises, la taxe foncière représente au moins une mensualité supplémentaire chaque année. Une moyenne nationale établie à 1,3 mensualité, contre 1,1 en 2024, signale une aggravation marquée de la pression fiscale locale.

Crédit immobilier : un fardeau doublé par les impôts locaux

Cette inflation des taxes locales se traduit concrètement par une ponction mensuelle équivalente à 118 euros pour les propriétaires. Cela représente un bond de 5 % par rapport aux 113 euros mensuels enregistrés en 2023. À Nîmes, cette moyenne grimpe à 150 euros, soit près de 1 800 euros par an, une somme qui représente un effort financier équivalent à trois mois de crédit pour un primo-accédant.
Aga Bojarska-Serres, porte-parole de Meilleurtaux, alerte : « Le poids de la taxe foncière est un élément clé qu'il faut absolument intégrer dans son budget d’achat, notamment pour les primo-accédants qui ne la payaient pas en tant que locataires. C’est un saut de charge loin d’être négligeable. »

La fin de la taxe d’habitation, le début d’un transfert de fiscalité

Pourquoi cette flambée ? Elle découle en partie de la suppression de la taxe d’habitation, mesure emblématique achevée en 2023. Pour compenser, les collectivités locales ajustent à la hausse la taxe foncière, souvent sans visibilité pour les futurs acquéreurs. Autrement dit, bien que le gouvernement ait largement glosé sur la suppression de la taxe d'habitation, cette largesse supposée n'a eu que peu d'impact sur le porte-monnaie des Français.

À Paris, ville au foncier hors norme, la taxe annuelle s’élève à environ 1 300 euros. Pourtant, cette somme ne représente que 0,3 fois la mensualité moyenne de crédit, qui dépasse fréquemment 4 000 euros, en raison des prix élevés. C’est donc dans les zones moins chères, où les mensualités sont faibles, que le choc fiscal est le plus brutal.

Fiscalité locale : le nouvel impôt invisible des classes moyennes

Il ne s’agit pas simplement d’un poste budgétaire annexe. Cette taxe devient une charge structurelle, d’autant plus critique pour les foyers modestes. À Perpignan, Limoges ou encore Mulhouse, la taxe foncière équivaut à deux mois de crédit immobilier. Dans un contexte d’inflation des prix alimentaires et d’explosion des frais énergétiques, cet impôt local achève de plomber les budgets.

Aga Bojarska-Serres le rappelle : « Cette taxe pèse de plus en plus lourd dans les budgets des propriétaires et c’est une charge nouvelle pour les primo-accédants. Il est important, lors de la recherche du bien, de vérifier et comparer la taxe foncière. » Les nouveaux propriétaires qui n'auraient pas veillé à la fiscalité de leur nouvelle ville pourraient bien recevoir une douche froide au moment de payer la taxe.

Les Français ne travaillent plus pour eux mais pour l’État

En cumulant taxe foncière, prélèvements sociaux, TVA et impôt sur le revenu, une réalité brutale émerge : les contribuables français passent plus de six mois par an à financer les dépenses publiques. Une étude publiée par l’IFRAP en mai 2025 confirmait qu’en moyenne, les Français travaillent jusqu’au 14 juillet pour financer l’ensemble des prélèvements obligatoires. La taxe foncière n’est donc que l’illustration locale d’un système fiscal globalement hypertrophié.

Loin d’être un simple irritant fiscal, la taxe foncière devient un frein à l’accession à la propriété. Les exemples de Saint-Étienne, Nîmes ou Le Havre démontrent que ce prélèvement peut représenter un obstacle structurel pour les ménages modestes. La montée de cet impôt interpelle autant les maires que les législateurs. 

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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