À Key Largo, le 25 avril, une Tesla Model S équipée de l’option Autopilot entre en collision à pleine vitesse avec un SUV Chevrolet Tahoe. Naibel Benavides Leon, 22 ans, meurt sur le coup, projetée à plusieurs dizaines de mètres. Son compagnon, Dillon Angulo, survit avec de lourdes séquelles. Le conducteur, George Brian McGee, avait désactivé l’assistance en maintenant le pied sur l’accélérateur tout en tentant de récupérer son téléphone tombé au sol.
Tesla condamnée après un accident mortel impliquant l’Autopilot en Floride

L’Autopilot, censé anticiper les obstacles, n’a pas réagi. Selon la plainte déposée deux ans plus tard, ce dysfonctionnement a précipité l’impact. Le jury fédéral de Miami, saisi du dossier, a tranché le 1er août 2025. Tesla est jugée partiellement responsable. La sentence est lourde, 242 millions de dollars (environ 222 millions d’euros) à verser aux proches de la victime et au blessé, sur un total de 328 millions accordés par les jurés.
Un précédent judiciaire pour la responsabilité des technologies embarquées
Le New York Times confirme que Tesla se voit attribuer 33 % de responsabilité dans la tragédie, le reste étant imputé au conducteur, George Brian McGee, déjà engagé dans un accord confidentiel avec la famille. C’est la première fois qu’un jury fédéral statue aussi sévèrement contre un constructeur pour un système de conduite assistée.
Tesla se retrouve ainsi contraint d’assumer l’intégralité des dommages punitifs, selon une correction ultérieure apportée par le média américain. Un jugement qui pourrait faire jurisprudence pour les nombreux litiges en attente aux États-Unis concernant les fonctionnalités semi-autonomes des véhicules électriques.
Une ligne de défense inflexible du côté de Tesla
La réaction de l’entreprise n’a pas tardé. Dans un communiqué relayé par 20 Minutes, le constructeur d’Elon Musk déclare : « Le verdict d’aujourd’hui est une erreur et ne fait que provoquer un retour en arrière de la sécurité automobile ». Tesla insiste, le conducteur roulait à une vitesse excessive, sans surveillance adéquate, et l’Autopilot avait été désactivé au moment de l’impact.
L’entreprise prévoit de faire appel. Dans des propos rapportés par le New York Times, elle estime que « la loi de Floride restreint quasi totalement les dommages punitifs dans les cas de responsabilité produit » et anticipe une annulation du jugement : « Nous sommes convaincus que les dommages punitifs seront au minimum annulés, voire que le verdict complet sera renversé ».
L’Autopilot, pierre angulaire d’un avenir contesté
Cette affaire ne pouvait tomber à un pire moment pour Tesla. Depuis juillet 2025, l’entreprise teste à Austin, au Texas, un service de taxis autonomes sur route ouverte. Elon Musk avait annoncé en conférence téléphonique que cette technologie pourrait couvrir jusqu’à la moitié du territoire américain d’ici la fin de l’année. Or, ce verdict judiciaire jette une ombre sur la viabilité de cette stratégie, en mettant en lumière les risques juridiques associés aux systèmes de conduite partiellement autonomes.
L’Autopilot, vendu comme une avancée révolutionnaire, se retrouve au centre de plusieurs litiges dans différents États américains. Les associations de sécurité routière pointent depuis plusieurs années des zones grises dans le marketing et les performances réelles de ces dispositifs d’aide à la conduite.
Un choc dans l’industrie, une alerte pour les régulateurs
Ce jugement historique ne se limite pas au cas Tesla. Il relance un débat fondamental : qui est responsable lorsque la technologie échoue ? Le conducteur, l’ingénieur, l’algorithme ? En infligeant une sanction aussi lourde, la justice américaine envoie un message clair à l’industrie automobile. L’automatisation ne saurait exonérer les constructeurs de leur devoir de sécurité.
Dans ce contexte, la déclaration de l’avocat Darren Jeffrey Rousso résonne avec force, dans des propos rapportés par 20 Minutes : « Justice a été rendue. Le jury a entendu toutes les preuves et a abouti à un verdict juste et équitable pour nos clients ». Un message qui pourrait avoir des répercussions bien au-delà des routes de Floride.
