Voitures thermiques : vers un report de l’interdiction en Europe pour 2050 ?

L’échéance de 2035 pour interdire les ventes de voitures thermiques dans l’Union européenne fait débat. Les industriels du secteur automobile tirent la sonnette d’alarme : emplois menacés, investissements à risque, concurrence étrangère… Autant de signaux qui poussent Bruxelles à réévaluer sa position.

Jean Baptiste Le Roux
By Jean-Baptiste Le Roux Published on 17 septembre 2025 8h48
Alors que l’interdiction des voitures thermiques en 2035 approche, l’Union européenne pourrait revoir sa stratégie. Le secteur automobile alerte sur les conséquences économiques d’un calendrier trop rigide. Pixabay
Alors que l’interdiction des voitures thermiques en 2035 approche, l’Union européenne pourrait revoir sa stratégie. Le secteur automobile alerte sur les conséquences économiques d’un calendrier trop rigide. Pixabay - © Economie Matin

Une filière industrielle sous tension

Le virage vers le tout électrique s’accompagne de transformations majeures pour les constructeurs européens qui misaient jusqu'alors sur les voitures thermiques. Production, chaînes d’approvisionnement, formation des salariés : chaque étape du processus est impactée. Or, les délais imposés par l’UE semblent, pour beaucoup d’acteurs, incompatibles avec la réalité économique actuelle.

À l’heure où les investissements se chiffrent en milliards, le retour sur ces dépenses reste incertain. Les ventes de véhicules électriques marquent le pas et ne permettent pas encore de compenser la baisse progressive des ventes thermiques. Ce déséquilibre fait peser un risque sur la rentabilité des usines et sur l’emploi dans un secteur déjà fragilisé par les crises successives.

La menace d’un décrochage face aux géants étrangers

L’Europe accuse un net retard technologique face à la Chine, leader mondial de l’électrique. Alors que les marques asiatiques multiplient les modèles abordables, les constructeurs européens peinent à suivre le rythme. Résultat : une perte de parts de marché, tant sur le continent qu’à l’international.

Cette situation inquiète particulièrement les décideurs économiques. Maintenir un calendrier strict pour la fin des voitures thermiques pourrait aggraver ce décalage, en fragilisant davantage une industrie encore en mutation. Pour de nombreux observateurs, il serait plus judicieux d’ajuster le tempo plutôt que de risquer un effondrement de compétitivité.

Vers une révision stratégique ?

Face à cette pression grandissante, la Commission européenne a accepté d’anticiper l’évaluation prévue pour 2026 sur l’interdiction des véhicules thermiques. L’objectif est clair : ouvrir le dialogue avec les industriels et prendre en compte les enjeux économiques. Cette clause de revoyure pourrait déboucher sur un report ou une adaptation des règles actuelles.

Les discussions en cours laissent entrevoir des assouplissements potentiels : technologies alternatives, délais prolongés ou soutien renforcé aux acteurs en transition. Une chose est certaine, la Commission ne peut ignorer les risques sociaux et économiques liés à une application trop rigide du calendrier initial.

Le difficile équilibre entre ambition écologique et réalité économique

La transition vers la voiture électrique reste incontournable, mais elle doit s’accompagner d’une stratégie économique solide. Aujourd’hui, les modèles électriques restent plus coûteux à l’achat, et l’infrastructure de recharge est encore inégalement répartie. Cela freine la demande, en particulier chez les ménages modestes.

Pour éviter un choc industriel et social, l’UE pourrait opter pour une voie plus progressive. L’idée n’est pas d’abandonner la lutte contre les émissions, mais de construire un modèle durable, à la fois viable pour l’environnement, les consommateurs et les entreprises. La clé du succès réside désormais dans la flexibilité et l’accompagnement des acteurs du marché.

Jean Baptiste Le Roux

Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l'Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l'Association des Journalistes de Défense. Il publie de temps en temps dans la presse économique spécialisée.

No comment on «Voitures thermiques : vers un report de l’interdiction en Europe pour 2050 ?»

Leave a comment

* Required fields