500 enfants de moins de 3 ans dorment dans la rue : l’impasse de l’hébergement d’urgence

Chaque nuit en France, plus de 2 000 enfants dorment dehors, dont 500 de moins de trois ans. Au-delà du drame humain, cette réalité a un coût financier important pour l’État et les collectivités, qui peinent à répartir équitablement les solutions d’hébergement.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 28 août 2025 12h30
500 Enfants Moins 3 Ans Dorment Rue Impasse Hebergement Urgence
500 enfants de moins de 3 ans dorment dans la rue : l’impasse de l’hébergement d’urgence - © Economie Matin

Le 28 août 2025, l’Unicef a révélé que 2 159 enfants étaient sans abri lors de la nuit du 19 au 20 août. Parmi eux, 503 avaient moins de trois ans. Mais le sujet n’est pas seulement social : il est aussi économique. Derrière chaque place d’hébergement se cache un budget, et derrière chaque refus d’hébergement une dépense potentiellement reportée sur la santé, l’école ou la justice.

Un coût croissant pour l’hébergement d’urgence

Selon les associations, plus de 43 600 enfants vivent dans des logements inadaptés. Près de 30 000 dorment à l’hôtel, dont environ 10 000 de moins de trois ans. Cette solution hôtelière, souvent présentée comme temporaire, pèse lourd sur les finances publiques. Les nuitées sont financées par l’État via le budget de l’hébergement d’urgence, qui avoisine 3 milliards d’euros par an. Le coût moyen d’une chambre d’hôtel, estimé entre 20 et 25 000 euros par an et par famille, interroge sur l’efficacité de cette politique.

« Chaque nuit, en France, plus de 2 000 enfants dorment dans la rue », rappelle l’Unicef. L’absence de solution durable alimente une spirale budgétaire : l’État dépense beaucoup pour des hébergements précaires, sans réussir à stabiliser les familles. À long terme, cela revient plus cher que des solutions pérennes de logement social.

Des places concentrées en Île-de-France et dans les grandes villes

L’autre dimension économique, c’est la répartition territoriale. L’Île-de-France concentre une grande partie des appels au 115, avec un marché hôtelier saturé. Paris et sa région absorbent donc une part disproportionnée du coût national. Dans certaines villes, comme Lyon, Marseille ou Lille, les structures d’accueil arrivent elles aussi à saturation, ce qui oblige à orienter les familles vers des hôtels de périphérie.

À l’inverse, dans des départements moins urbanisés, des places existent mais restent difficiles à mobiliser, faute de transports, de structures scolaires adaptées ou d’accord des élus locaux. Cette concentration aggrave les inégalités : certaines communes financent lourdement l’accueil d’urgence, tandis que d’autres restent en retrait. Pour les enfants, cela signifie des déplacements longs et instables, souvent loin de leur école.

Une facture sociale et économique pour demain

Au-delà du coût direct des nuitées d’hôtel, la question est celle du prix à payer aucune solution de long-terme n'est trouvée. Les enfants sans-abris présentent davantage de problèmes de santé, de retard scolaire et de troubles psychologiques. Chaque retard accumulé représente une dépense future en soins, en accompagnement éducatif et parfois en dispositifs judiciaires.

L'équation est simple : mieux vaut investir en amont dans des solutions pérennes que de payer indéfiniment des nuitées d’hôtel qui n’offrent ni sécurité ni stabilité aux enfants. Néanmoins, les solutions pérennes ne sont pas si évidentes. Quand on connaît l'état des logements sociaux et la vie que l'on y mène, il n'est pas si positif d'y envoyer des familles. Ils se trouvent souvent dans des quartiers où la violence, le trafic de drogue et la prostitution sont monnaie courante. Sans parler des vols et agressions du quotidien qui rendent la vie quotidienne insupportable.

Les enfants sans-abri, un problème pas si simple à résoudre

Face au sans-abrisme des enfants, il n'est plus temps de parler d'hébergement d'urgence, ni même de logement social, qui reste un pis-aller. Il est du devoir des décideurs politiques de voir plus loin, de comprendre le profil des enfants concernés pour savoir comment éviter ces drames. L'expérience et les reportages, ainsi que les statistiques des hébergements d'urgence, tendent à montrer que les personnes issues de l'immigration sont majoritaires dans la population sans-abri.

Dès lors, le problème devient migratoire : faut-il investir dans l'accueil des populations migrantes ou réduire les flux pour les faire correspondre aux capacités d'accueil ? Le débat est d'autant plus important que la France, avec ses 3 500 milliards de dette, doit peser au trébuchet chaque nouvelle décision budgétaire.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

No comment on «500 enfants de moins de 3 ans dorment dans la rue : l’impasse de l’hébergement d’urgence»

Leave a comment

* Required fields