Brocantes : peut-on vendre chaque week-end sans risquer gros ?

Un vide-grenier dans le village, un stand improvisé devant chez soi… Puis un autre, et encore un. Jusqu’où peut-on aller sans risquer les foudres de l’URSSAF ou du fisc ?

Photo Jean Baptiste Giraud
By Jean-Baptiste Giraud Published on 23 avril 2025 16h16
brocantes-revenus-impots-urssaf
- - © Economie Matin

Derrière le charme des stands éphémères et des bonnes affaires du dimanche matin, une règle méconnue plane sur les brocantes. Vendre, oui… mais pas trop. Une frontière floue sépare l’amateur du marchand, et la loi, elle, ne plaisante pas.

Le principe des brocantes : un cadre souple, mais pas sans limites

Les brocantes, souvent perçues comme de simples occasions de débarrassage et de convivialité, obéissent pourtant à un encadrement légal précis. Le principe est clair : elles doivent rester occasionnelles. La finalité, c’est de se délester de biens personnels, pas de créer un commerce parallèle. La revente ponctuelle de quelques objets oubliés dans un grenier ne pose pas de problème. Mais dès que la récurrence s’installe, les autorités s’en mêlent.
L’URSSAF, en particulier, ne voit pas d’un bon œil les vendeurs qui enchaînent les brocantes avec un stand organisé, une remorque pleine et une présence quasi hebdomadaire. Selon les règles en vigueur, « le caractère occasionnel doit rester manifeste ». Une activité régulière, même non déclarée, peut être requalifiée en activité professionnelle, avec les obligations qui en découlent.

Ce n’est pas le nombre d’objets vendus qui alerte, mais la fréquence, l’intention et l’organisation. En d’autres termes : ce n’est pas parce qu’on vend un vieux buffet ou une collection de vinyles qu’on bascule dans l’illégalité. Mais si on se met à acheter des articles pour les revendre ailleurs, si l’on fait « j’achète, je revends » de manière répétée, alors les services de contrôle peuvent s’en mêler.
Et ne comptez pas sur le paiement en espèces pour échapper à la vigilance des inspecteurs : certains font le tour des brocantes, repèrent les visages familiers et notent les pratiques suspectes. En clair, plus c’est structuré, plus ça sent le business, plus le risque de redressement est élevé.

Revenus : exonérés… sous conditions strictes

Bonne nouvelle pour les vendeurs occasionnels : les revenus issus des brocantes sont en principe exonérés d’impôts. Vous avez vendu un meuble hérité, des vêtements, ou des jouets d’enfants ? Vous ne devez rien déclarer. En revanche, si l’activité devient régulière ou vise clairement un bénéfice, c’est une autre histoire.
Le Code général des impôts prévoit qu’une activité « habituellement lucrative » peut être soumise à imposition, même si elle est informelle. Ce qui compte, encore une fois, ce sont les faits : répétition, structure, objectifs de gain. La requalification peut entraîner une déclaration obligatoire, des cotisations URSSAF, voire des sanctions pour travail dissimulé.

Au fond, la brocante reste une tradition populaire, une parenthèse économique joyeuse et un bon moyen de faire de la place chez soi tout en récupérant quelques billets. Mais comme toute activité liée à la vente, elle n’échappe pas à un minimum de règles. Si vous restez dans le cadre d’une vente personnelle occasionnelle, vous êtes tranquille. Si vous franchissez la ligne et transformez cela en activité marchande, vous entrez dans un autre registre, avec des droits, mais surtout des devoirs.

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

No comment on «Brocantes : peut-on vendre chaque week-end sans risquer gros ?»

Leave a comment

* Required fields