Les eurodéputés se penchent sur la question des bagages à main. Souvent payants, surtout dans les compagnies low-cost, Bruxelles entend remédier à ce problème. Les compagnies, elles, voient d’un très mauvais œil cette démarche.
Bagages à main : les eurodéputés votent pour leur gratuité

Fini les bagages à main payants ?
Les eurodéputés franchissent une nouvelle étape dans leur bras de fer avec les compagnies aériennes à bas coût. Ils s’attaquent frontalement aux frais appliqués aux bagages à main. Une initiative qui pourrait bouleverser l’économie du transport aérien en Europe et redonner un peu d’air aux passagers lassés des suppléments à répétition.
Depuis des années, les passagers qui montent à bord d’un avion doivent faire face à une multitude de frais cachés, au premier rang desquels figurent les frais pour bagages à main. Ce que les compagnies appellent pudiquement des “politiques tarifaires différenciées” se traduit, dans les faits, par des suppléments à l’entrée de la cabine. Un simple sac de 7 kilos peut alourdir la note de dizaines d’euros, parfois plus que le billet lui-même.
Ainsi, les députés européens viennent de dire stop. Dans une résolution adoptée par la commission des transports du Parlement européen, ils votent pour « interdire les frais supplémentaires appliqués aux petits bagages à main » sur tous les vols au départ ou à destination de l’Union européenne. La mesure a été défendue avec vigueur par le social-démocrate Matteo Ricci, qui qualifie ces pratiques de « coûts supplémentaires injustifiés ».
Un modèle économique low-cost mis en péril ?
Les compagnies aériennes ne l’entendent pas de cette oreille. L’association Airlines for Europe (A4E), qui regroupe plusieurs acteurs du secteur, est montée au créneau pour dénoncer une mesure « contre-productive ». Selon elle, la suppression des frais sur les bagages à main entraînera une hausse mécanique des prix pour tous les passagers, y compris ceux qui voyagent léger.
L’industrie évoque également une gestion logistique complexe : comment garantir une place en cabine pour tous les bagages si chacun peut embarquer deux pièces gratuitement ? Pourtant, le texte adopté prévoit un encadrement strict : un objet personnel (sac à main, sac à dos) et un bagage cabine de sept kilos maximum seront autorisés. Ce n’est donc pas l’anarchie que redoutent les transporteurs, mais bien la perte d’un pactole estimé à 10 milliards d’euros annuels, selon plusieurs médias, en recoupant les données de sept compagnies low-cost.
La question est donc aussi politique que commerciale. Doit-on continuer à faire reposer une part des bénéfices des compagnies aériennes sur des frais qui frisent l’abus ? La justice européenne s’est déjà penchée sur la question. Plusieurs tribunaux, notamment en Espagne, ont condamné des transporteurs pour avoir facturé des suppléments illégitimes sur des bagages manifestement admissibles en cabine.
Si les eurodéputés ont envoyé un signal fort, la route est encore longue avant une application concrète. Le texte doit désormais passer entre les mains du Conseil de l’Union européenne, où les gouvernements des États membres devront se positionner. Et rien ne garantit que les lobbys du secteur aérien, puissamment implantés, ne freineront l’avancée de cette réforme.
