Un email engageant, une offre intéressante, un faux sentiment de sécurité. Derrière le soi-disant cadeau d’un kit de secours à prix dérisoire se cache une mécanique d’arnaque bien huilée. Le piège se referme dès que l’on mord à l’hameçon.
Arnaque au ministère des Transports : un kit de dépannage à 3 euros ?

Depuis le 4 mai 2025, une nouvelle vague d’arnaque numérique prend pour cible les usagers de la route. En cause : des courriels frauduleux promettant un "kit de dépannage" pour moins de 3 euros. Une somme insignifiante pour un contenu présenté comme obligatoire… mais une escroquerie d’une ampleur bien réelle. Cette attaque en ligne s’inscrit dans une stratégie de phishing minutieusement élaborée. Le ministère des Transports, les concessionnaires d’autoroutes, et même la sécurité routière sont faussement associés à cette machination.
Arnaque au kit de dépannage : une mécanique bien rodée
L’arnaque se présente sous une forme anodine : un email ou un SMS vous promet un « kit de dépannage » ou un « kit de sécurité routière » pour une bouchée de pain. Le message annonce, selon 20 Minutes : « Nous aimerions vous offrir une opportunité unique de recevoir une toute nouvelle Kit d’urgence pour voiture ! Pour réclamer, répondez simplement à ce court sondage. »
La victime est invitée à remplir un questionnaire sur un site frauduleux. Objectif ? Récupérer ses données personnelles et bancaires. Derrière cette façade logistique — triangle de signalisation, gilet réfléchissant, câbles, couverture de survie — se cache un stratagème bien plus dangereux. Les cybercriminels visent un prélèvement mensuel discret, souvent de quelques dizaines d’euros, dans l’espoir que les victimes ne s’en aperçoivent pas.
Une arnaque encore jamais évoquée ici et qu'on voit monter en puissance depuis environ 6 mois : l'arnaque au kit de dépannage.
Comment ça marche ? On vous explique ! #thread 🔽 pic.twitter.com/RwJfxqXS2x— Signal-Arnaques (@SignalArnaques) May 4, 2025
Une escroquerie qui usurpe des noms officiels
Pour gagner la confiance de leurs cibles, les arnaqueurs usurpent l’identité de grandes institutions. Le ministère des Transports est fréquemment mentionné, tout comme Vinci Autoroutes — géant de la concession autoroutière. Le groupe Vinci a d’ailleurs réagi publiquement sur sa page Facebook le 29 avril 2025 : « Des emails frauduleux usurpant l'identité de VINCI Autoroutes circulent. Aucune fuite de données n'est à déplorer et une plainte a été déposée. »
La force de cette fraude réside dans sa crédibilité apparente. Les messages sont rédigés dans un français impeccable, souvent signés par des noms de fonctionnaires fictifs, et ils s’accompagnent de formulaires trompeusement bien construits.
Kit de dépannage : pourquoi cette arnaque fonctionne ?
L’efficacité de l’arnaque repose sur la pression réglementaire implicite. Qui ne s’est jamais demandé si un kit de sécurité n’était pas obligatoire dans sa voiture ? En jouant sur cette incertitude, les escrocs manipulent la vigilance. Pour moins de 3 euros, l’offre paraît trop belle pour être fausse.
Et pourtant, c’est bien là l’appât. Car une fois les données saisies, les victimes ne reçoivent aucun colis, mais voient leurs comptes siphonnés : prélèvements invisibles, reconductions tacites, paiements offshores.
Comment se protéger : vigilance, signalement, réaction immédiate
Si vous avez reçu un tel message, ne cliquez sur aucun lien. Ne répondez pas. Ne transmettez aucune donnée.
En cas de doute :
- Contactez immédiatement votre banque pour faire opposition.
- Déposez un signalement sur signal-spam.fr.
- Transmettez les pièces aux autorités via la plateforme Perceval du ministère de l’Intérieur.
- Changez vos mots de passe si vous avez cliqué sur le lien ou saisi des informations.
Aucune administration ou société d’autoroute ne distribue de kit de sécurité via des enquêtes en ligne payantes. Toute offre de ce type est donc à considérer comme frauduleuse.
L’arnaque au kit de dépannage rappelle une vérité simple : les escrocs du numérique savent se camoufler dans les moindres interstices de notre quotidien. Un faux email devient une porte ouverte sur vos données bancaires. Et derrière les trois euros affichés, c’est parfois des centaines qui s’évaporent.
