Salaires dans le privé : une hausse timide au dernier trimestre

Malgré une inflation en repli, les salaires de base dans le secteur privé continuent de progresser plus vite que les prix. Selon les données publiées par la Dares, la direction des études du ministère du Travail, le salaire mensuel de base a augmenté de 2 % sur un an au troisième trimestre 2025, soit une hausse du pouvoir d’achat de 0,9 %. Une dynamique positive, mais qui marque un léger tassement par rapport au début de l’année, alors que les entreprises semblent ajuster le rythme de leurs revalorisations.

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By Rédacteur Published on 27 décembre 2025 10h00
Pouvoir d’achat : pourquoi la droite sabote l’indexation des salaires sur l’inflation ?
Pouvoir d’achat : pourquoi la droite sabote l’indexation des salaires sur l’inflation ? - © Economie Matin
0,5%La progression du SMB n’est que de 0,3 % au troisième trimestre, contre 0,5 % au second

Une progression réelle mais en perte de vitesse

Les chiffres du ministère du Travail confirment une tendance désormais bien installée : le salaire mensuel de base (SMB) dans le secteur privé, mesuré dans les entreprises de plus de dix salariés, progresse toujours plus vite que l’inflation. Au troisième trimestre 2025, il a augmenté de 2 % sur un an, contre 1,1 % pour la hausse moyenne des prix à la consommation – soit un gain de pouvoir d’achat net de 0,9 %, selon la Dares.

Mais cette dynamique cache un essoufflement. La progression du SMB n’est que de 0,3 % au troisième trimestre, contre 0,5 % au second. « Nous observons une décélération du rythme de croissance des salaires de base, en cohérence avec le ralentissement économique global », souligne un économiste du ministère du Travail cité par Le Monde. Ce tassement traduit un certain attentisme des entreprises, qui préfèrent contenir leurs coûts face à un contexte encore incertain — marges sous pression, reprise inégale de la demande, et incertitude sur les taux d’intérêt.

Des écarts sectoriels

La photographie de la Dares met d’ailleurs en évidence des disparités entre les branches. Le tertiaire et l’industrie affichent une hausse moyenne de 0,3 % sur le trimestre, quand la construction plafonne à 0,2 %. Ces différences s’expliquent autant par la structure des emplois que par la capacité des entreprises à répercuter la hausse des coûts.

Le salaire horaire de base des ouvriers et employés (SHBOE) progresse quant à lui plus lentement : +0,2 % au troisième trimestre. Là encore, la hausse réelle reste positive une fois l’inflation retranchée, mais elle reflète un ralentissement des négociations salariales. Selon la Dares, cette moindre progression « traduit le reflux des hausses automatiques liées aux revalorisations du Smic intervenues en 2024 ».

Les grands groupes, notamment dans les services aux entreprises et l’industrie exportatrice, continuent d’ajuster leurs grilles salariales pour retenir les compétences dans un marché de l’emploi encore tendu. « Les tensions de recrutement restent fortes dans certains métiers qualifiés, ce qui soutient les salaires malgré le ralentissement global », analyse l’économiste Hélène Baudchon (BNP Paribas), citée par Les Échos.

Un pouvoir d’achat sous surveillance

Si la progression des salaires nominaux reste supérieure à celle des prix, la perception du pouvoir d’achat demeure contrastée. En 2024, le SMB avait augmenté de 2,8 %, soit un gain réel de 1,6 % après inflation. La tendance 2025 montre un retour à des niveaux plus modérés, ce qui pourrait peser sur la consommation des ménages.

Le risque, pour certains observateurs, est celui d’une stagnation du revenu réel. Comme le souligne l’Insee, « les hausses de salaires permettent de compenser partiellement l’inflation, mais pas d’amorcer un véritable rattrapage des pertes subies depuis 2022 ». Les ménages les plus modestes, moins concernés par les primes et les négociations de branche, restent les plus exposés.

En toile de fond, le gouvernement observe attentivement cette évolution : un ralentissement trop marqué pourrait fragiliser la reprise économique, mais une accélération excessive risquerait d’entretenir les tensions inflationnistes. Entre prudence budgétaire et soutien au pouvoir d’achat, l’équilibre reste précaire, et hautement politique.

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