Chaque année, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) frappent 120 000 Français et causent plus de 30 000 décès. Malgré des avancées thérapeutiques majeures, les inégalités territoriales persistent. La Haute Autorité de santé (HAS) et la Cour des comptes tirent la sonnette d’alarme sur la prise en charge des victimes d’AVC, trop souvent défaillante selon les régions.
AVC en France : un accès aux soins encore trop inégal

La Haute Autorité de santé (HAS) et la Cour des comptes ont publié , le 28 octobre, deux rapports distincts pointant un constat commun : la France échoue encore à garantir une prise en charge équitable des victimes d’AVC, malgré des protocoles médicaux mieux définis et des progrès techniques indéniables. L’AVC, première cause de mortalité féminine et deuxième chez les hommes, continue de tuer plus de 35 000 personnes chaque année, selon la HAS.
Des inégalités criantes dans la prise en charge des victimes d’AVC
Les constats dressés par les autorités sanitaires sont sévères. Selon la Cour des comptes, « seuls 50 % des patients bénéficient d’un passage en unité neuro-vasculaire (UNV), loin de l’objectif de 90 % ». Ce manque d’accès rapide aux soins spécialisés pénalise gravement les victimes d’AVC, pour qui chaque minute compte : au-delà de quelques heures, les lésions cérébrales deviennent irréversibles.
La HAS rappelle dans son communiqué que « le parcours menant de la survenue des symptômes de l’AVC jusqu’à la réinsertion du patient peut être long, complexe et impliquer de nombreux professionnels de santé ». L’institution souligne également la nécessité d’une imagerie cérébrale dans un délai inférieur à 30 minutes après l’arrivée à l’hôpital, une exigence rarement respectée. D’après une enquête relayée par Le Dauphiné Libéré, le délai moyen pour un scanner ou une IRM atteignait trois heures en 2023.
Les fractures territoriales aggravent le sort des victimes
La Cour des comptes alerte sur une géographie sanitaire à deux vitesses : « un quart de la population adulte se trouve encore à plus de 30 minutes du service spécialisé le plus proche », peut-on lire dans Le Dauphiné Libéré. Ce déséquilibre touche particulièrement les zones rurales et certains départements ultramarins, où les infrastructures hospitalières sont sous-dimensionnées. Selon Santé publique France, les taux d’incidence hospitalière pour les AVC varient de 231 à 384 pour 100 000 habitants, les chiffres les plus élevés étant observés en Martinique et en Guyane.
Ces écarts se traduisent par des pronostics inégaux. Dans plusieurs régions, les patients n’ont pas accès à une unité neuro-vasculaire avant plusieurs heures, réduisant leurs chances de récupération fonctionnelle. Comme le souligne la HAS, l’efficacité des traitements de reperfusion dépend d’une prise en charge immédiate : chaque minute de retard équivaut à la perte de 1,9 million de neurones. Les victimes d’AVC vivant loin des grands centres hospitaliers sont donc plus exposées à des séquelles sévères, voire à un décès prématuré.
Des progrès médicaux freinés par un système saturé
Sur le plan thérapeutique, la France dispose pourtant de compétences reconnues. Les techniques de thrombolyse et de thrombectomie mécanique permettent de sauver de nombreux patients si elles sont pratiquées dans les quatre heures et demie suivant les premiers symptômes. Mais la mise en œuvre reste limitée : en 2024, moins d’un patient sur trois éligible à une thrombectomie en a effectivement bénéficié, selon la HAS. La Cour des comptes souligne que le coût global de la prise en charge des AVC atteint 4,5 milliards d’euros par an, dont une grande part liée à la dépendance durable des patients.
Un chiffre qui illustre, selon l’institution, la nécessité d’investir davantage dans la prévention et l’accès rapide aux soins spécialisés. Pourtant, les moyens humains stagnent. La HAS note que les unités neuro-vasculaires manquent de personnel formé et que les réseaux de télé-AVC restent inégalement déployés. Dans certaines régions, la coordination entre services d’urgence, imagerie et neurologie reste déficiente. Le rapport de la Cour des comptes invite donc à « renforcer la couverture territoriale des UNV » et à mieux structurer les parcours post-hospitaliers, notamment la rééducation.
