Émissions de CO2 : et si la Chine montrait enfin l’exemple ?

La Chine pollue moins. C’est rare. Et ce n’est pas un hasard. Ce qui se passe en ce moment du côté de Pékin mérite qu’on s’y attarde.

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By Grégoire Hernandez Published on 16 mai 2025 12h02
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Émissions de CO2 : et si la Chine montrait enfin l’exemple ? - © Economie Matin
10 %En 2024, les technologies liées aux énergies propres ont pesé pour 10 % du PIB chinois, selon le CREA.

D’habitude, quand les émissions de CO2 baissent, c’est qu’il y a un coup de frein sur l’économie. Cette fois, non. La demande grimpe, mais la pollution recule. Et c’est peut-être bien le début de quelque chose.

Chine : le poids grandissant des renouvelables dans le mix énergétique

1,6 point. C’est la baisse constatée au premier trimestre 2025 des émissions de CO2 de la Chine, selon l’étude du Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (Crea) publiée par Carbon Brief le 9 mai 2025. Sur les douze derniers mois, le recul atteint 1 %. Rien d’extraordinaire à première vue. Sauf que, cette fois, la baisse ne s’explique pas par une crise sanitaire, un ralentissement économique ou une guerre commerciale.
Elle coïncide, au contraire, avec une hausse de 2,5 % de la consommation d’électricité sur la même période. Autrement dit : le pays consomme plus d’énergie, mais pollue moins. Une première historique.

Derrière ce tournant, un chiffre frappe : 277 gigawatts de nouvelles capacités solaires installées en 2024. Un record mondial. Ajoutez-y 80 GW d’éolien et une montée en puissance du nucléaire, et vous obtenez la vraie raison de ce reflux des émissions.
« L’approvisionnement en électricité provenant des nouvelles capacités éoliennes, solaires et nucléaires a été suffisant pour réduire la production d’électricité à partir du charbon », souligne le rapport du CREA. Le message est clair : l’énergie propre prend enfin l’ascendant sur les combustibles fossiles. Et même si la Chine continue d’ouvrir des centrales au charbon (94,5 GW en 2024, soit 93 % du total mondial), la dynamique est enclenchée.

Une trajectoire encore fragile, sous menace politique

Rien n’est jamais gratuit à Pékin. Si le pays s’est converti si brutalement aux renouvelables, c’est d’abord pour des raisons économiques. En 2024, les technologies liées aux énergies propres ont pesé pour 10 % du PIB chinois, selon le CREA. Sans elles, la croissance de 5 % visée l’an dernier aurait plafonné à 3,6 %. La transition énergétique, ici, est aussi un levier de compétitivité industrielle.
Les investissements sont colossaux : 1 695 milliards d’euros injectés dans le secteur en 2024. Soit davantage que les ventes immobilières ou la totalité du secteur agricole. La Chine veut dominer le marché mondial de l’énergie propre, et elle se donne les moyens de ses ambitions.

Mais attention à ne pas crier victoire trop vite. Le modèle chinois reste ultra-dépendant du charbon, et le retour d’une politique volontariste de relance, dopée par des droits de douane américains, pourrait inverser la tendance. L’analyste Lauri Myllyvirta reste prudent : « Les émissions pourraient repartir à la hausse sous l’effet de mesures prises pour stimuler la production domestique ».
À quelques mois de la COP30, le président Xi Jinping a tenu à rassurer. Lors du sommet virtuel de l’ONU en avril 2025, il a promis que les efforts climatiques de la Chine « ne ralentiront pas », quelles que soient les tensions géopolitiques. Des engagements à suivre de près.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin de 2023 à 2025.

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