Et si la Coupe du Monde de Football au Qatar nous sortait du gris ?

La cause est entendue. Le Qatar ne figure pas dans la liste des pays les plus démocratiques au monde. Amnesty dénonce toujours les conditions dans lesquelles des centaines de milliers de travailleurs migrants sont exploités sur place.

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 10 novembre 2022 à 6h55
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5 milliardsLa Coupe du Monde au Qatar pourrait devenir l’évènement le plus regardé à la télévision, avec 5 milliards de téléspectateurs.

Et la peine de mort est toujours en vigueur, et utilisée, pour réprimer le terrorisme ou l'espionnage.

Mais l’organisation de la Coupe du Monde de Football a aussi contraint le pays, sous les projecteurs, à des réformes. Depuis mai, une plateforme numérique permet aux travailleurs de déposer plainte contre leur employeurs. Techniquement, la mesure cible prioritairement les travailleurs migrants, les nationaux ayant recours facilement à la justice du pays pour régler les conflits avec leurs employeurs. A défaut de syndicats, des comités mixtes permettent théoriquement aux travailleurs migrants s’estimant lésés de revendiquer.

Toujours selon Amnesty, les droits des femmes et des membres de la communauté LGBT sont largement en dessous des standards occidentaux.

La Coupe du Monde au Qatar, bien moins pire qu’en Russie ?

Mais reprenons nos esprits deux minutes. Quel pays a organisé avec succès la Coupe du Monde 2018 ? Et quel pays est aujourd’hui en guerre contre l’Ukraine, violant les droits fondamentaux de tout un peuple, d’un pays souverain, coupable de meurtres viols, assassinats, déportations sommaires par milliers et même dizaines de milliers ? Le même.
On a donc beau jeu de couvrir le Qatar d’opprobre, et de critiquer le choix de la Fifa, quand on voit ce que le dernier pays organisateur de cette fête mondiale du sport se permet aujourd’hui de faire. Deux poids, deux mesures.

Mais le plus important, c’est sans doute le contexte dans lequel se déroule cette Coupe du Monde, sans commune mesure avec le contexte de 2018. A l’époque, il n’y avait ni inflation, ni récession, ni guerre, ni menace nucléaire. Tout le contraire de ce que nous connaissons aujourd’hui.

Profiter de la Coupe du Monde au Qatar pour souffler un bon coup

N’y-a-t-il donc pas un pari à faire, un pari quasi pascalien, en espérant que la Coupe du Monde au Qatar puisse contribuer à apporter un peu de paix, de joie, de sérénités au Monde entier pendant la durée de la compétition et même après ? Selon le président de la Fifa, Gianni Infantino, cette coupe pourrait être la plus suivie de toute l’histoire du foot mais aussi du sport, avec un potentiel de 5 milliards de téléspectateurs. Plus que la Coupe du Monde organisée en Russie, qui a rassemblé 3,5 milliards de téléspectateurs (en cumulé). La raison de ce succès anticipé est toute simple.

Cette coupe se déroule techniquement en Afrique, continent le plus peuplé au monde. La fierté et les fuseaux horaires favorables cumulés pousseront quasiment tous les Africains de tous âges devant leur poste, aux heures des matchs. Les statistiques se limitent aux « personnes de plus de quatre ans », mais même les gamins tout juste en âge de tenir un ballon en main regarderont, à n’en pas douter. Des gamins qui joueront peut-être demain dans l’un des stades démontables que le Qatar a prévu de donner après la compétition à d’autres pays africains. Habile coup de com.

L’Afrique, bientôt continent le plus peuplé du monde, passionné de foot

Reprenons. La Coupe du Monde au Qatar ne se déroule pas, une fois de plus, en Occident. Il faut l’accepter. Dans un pays qui fonctionne différemment de l’Occident. Il faut l’admettre aussi, sans que cela n’empêche de le critiquer, et d’espérer ou de susciter des réformes. Il se déroule aussi sur l’un des continents le plus peuplé au monde, et qui sera le plus peuplé du monde d’ici 2050, et probablement même avant. C’est donc ici et maintenant que cela se passe.

Si l’on ajoute à cela le fait que la France, vainqueur de la Coupe du Monde 2018, fait figure de favori, au coude à coude avec le Brésil et l’Argentine, talonnée par l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne et le Portugal, on ne peut que se réjouir de voir cette parenthèse pointer le bout de son nez dans les médias. Alors qu’ils ne parlent plus depuis deux ans, bientôt trois, que de crise sanitaire, crise économique, et d’avenir morose. Vive le sport !

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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