Croissance mondiale : l’OCDE alerte sur une fracture durable entre pays riches et émergents

L’écart économique entre les pays riches et les pays émergents s’accentue à mesure que la croissance mondiale ralentit. L’OCDE prévoit un essoufflement du PIB global dès 2026, avec une divergence nette entre économies développées et émergentes. Cette dynamique creuse une fracture structurelle, porteuse de nouvelles tensions géopolitiques.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 2 décembre 2025 16h30
Croissance mondiale : l’OCDE alerte sur une fracture durable entre pays riches et émergents
Croissance mondiale : l’OCDE alerte sur une fracture durable entre pays riches et émergents - © Economie Matin
0,8%Selon les prévisions publiées par l’OCDE le 2 décembre 2025, la croissance du PIB français ne dépasserait pas 0,8 % en 2025, un niveau jugé insuffisant pour relancer l’investissement ou redresser les comptes publics.

Le 2 décembre 2025, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié ses dernières prévisions. Selon elle, la croissance mondiale atteindra 3,2 % en 2025 avant de ralentir à 2,9 % en 2026. Si cette évolution est générale, ses effets sont très inégaux : les pays riches s’enfoncent dans une forme de stagnation durable tandis que les pays émergents maintiennent un rythme soutenu. Une fracture qui interroge les modèles économiques dominants.

Un ralentissement concentré dans les économies développées

Le panorama dressé par l’OCDE révèle un coup d’arrêt pour la plupart des grandes économies. Aux États-Unis, la croissance prévue de 2,0 % en 2025 devrait tomber à 1,7 % en 2026. L’Union européenne n’est guère mieux lotie : après une modeste reprise, le PIB devrait progresser de 1,3 % en 2025, puis 1,2 % l’année suivante. La France illustre cette tendance. Le pays, fragilisé par des tensions politiques internes et une perte de confiance des acteurs économiques, ne devrait enregistrer que 0,8 % de croissance en 2025.

Comme le rapporte l'OCDE, dans des propos rapportés par La Tribune, « La forte incertitude qui a prévalu sur le plan intérieur, en 2025, année marquée par la démission de deux Premiers ministres, a pesé sur la croissance ». Cette atonie découle d’un ensemble de chocs structurels : durcissement des politiques monétaires, fin des plans de relance post-pandémie, déclin démographique, et, dans plusieurs pays, réduction des flux migratoires. L’effet de rattrapage observé après 2022 s’est essoufflé, au point que certains parlent d’un retour à une forme de stagnation séculaire. L’OCDE note aussi que les tensions commerciales, réactivées par l'administration Trump lors de son retour en 2025, ont pesé sur les échanges. « La croissance mondiale a été étonnamment robuste », peut-on lire dans Le Monde.

Les pays émergents, piliers inattendus de la croissance mondiale

À rebours, les pays émergents affichent une vigueur certaine. Le cas de la Chine est emblématique : avec une croissance attendue de 5,0 % en 2025 et de 4,4 % en 2026, elle conforte son statut de locomotive régionale et mondiale. Ce rythme, bien qu’inférieur à celui des décennies précédentes, reste très supérieur à celui des économies développées. D’autres nations émergentes d’Asie du Sud, d’Afrique ou d’Amérique latine tirent également leur épingle du jeu. Le Brésil et l’Inde, portés par une consommation intérieure soutenue et des investissements dans les infrastructures, maintiennent des taux de croissance annuels compris entre 3,5 % et 5 %.

Plusieurs pays africains, malgré un environnement global incertain, enregistrent des performances solides, dépassant les 6 % pour certains, selon l’OCDE. Cette dynamique repose sur des moteurs variés : population jeune, urbanisation rapide, transition numérique accélérée, et montée en gamme industrielle. Ces économies bénéficient également de marges de manœuvre budgétaires plus importantes, avec des niveaux d’endettement relativement modérés, leur permettant d’adopter des politiques contracycliques. Surtout, leur croissance s’appuie désormais moins sur les exportations vers les pays du Nord, et davantage sur des chaînes de valeur régionales, ou sur des débouchés internes, reflétant un basculement de la demande mondiale.

Un basculement structurel : vers une divergence durable ?

Alors que l’on annonçait, au tournant des années 2000, une convergence progressive entre pays développés et pays en développement, les données de 2025 révèlent une inflexion. Si les pays émergents rattrapent en termes de productivité ou de revenu par habitant, c’est désormais sur fond de déclin relatif des pays riches. L’OCDE note que « Le vieillissement démographique a réduit la contribution positive du facteur travail à la croissance économique en une contribution négative dans presque tous les pays de l’OCDE. ». Le découplage semble donc s’inscrire dans la durée. Alors que les tensions géopolitiques s’intensifient, cette divergence pourrait rebattre les cartes du leadership mondial.

Les forums économiques comme le G20 doivent composer avec un monde où la croissance ne vient plus majoritairement des économies historiques du Nord. L’essor de ces puissances émergentes redéfinit aussi les priorités en matière de développement durable, d’accès aux matières premières, ou de régulation technologique. La croissance, en 2026, devient ainsi un enjeu géopolitique à part entière.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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