Les obligations souveraines sont comme des emprunts à long terme : un État emprunte en vendant des titres, et paie des intérêts — le rendement. Plus ce taux est élevé, plus il est coûteux pour le pays de se financer.
La dette française bientôt plus chère à financer que celle de l’Italie ?

Jusqu’à récemment, la France bénéficiait d’un avantage : elle empruntait moins cher que l’Italie, parce que ses finances étaient vues comme plus stables. Aujourd’hui, cet écart se resserre comme jamais, au point que pour la première fois depuis la crise financière, les marchés considèrent la dette française presque au même niveau de risque que celle de l’Italie. Les rendements français dépassent désormais 3 %, à moins de 0,14 point de ceux de l’Italie. Ce rapprochement incite à repenser les anciennes réputations de « pays sûr » contre « pays risqué ».
Taux de la dette : pourquoi la France inquiète-t-elle davantage les marchés ?
La différence s’explique avant tout par des trajectoires opposées. En France, le déficit budgétaire dépasse 5,8 % du PIB, la dette publique approche 113 %, et la note de crédit a déjà été dégradée par Moody’s en décembre 2024, rappelle le Financial Times. Les gouvernements successifs peinent à former une majorité stable, rendant incertaine l’adoption de mesures budgétaires, y compris un plan à 44 milliards d’euros pour 2026.
À l’inverse, l’Italie redore son blason : le déficit est en baisse à 4,3 % du PIB en 2024, avec une projection à 2,8 % pour 2026. Cette stabilité relative a ramené la prime de risque italienne sur les obligations à 10 ans à un niveau historiquement bas (moins de 100 points de base par rapport à l’Allemagne), confirme CountryEconomy.
Du côté des chiffres, au 19 août 2025, le rendement du 10 ans français est de 3,46 %, tandis que celui de l’Italie est à 3,59 %. Selon Trading Economics, la zone euro ("euro area") voit son rendement moyen à 10 ans à 3,15 %. Le spread — soit l’écart de taux — entre l’Italie et la France n’était il y a un an que d’environ 0,84 %, mais il a plongé à 0,29 % début juin et se situe désormais autour de 0,14 à 0,20 % d’après Reuters. Les investisseurs jugent aujourd’hui leurs profils de risque très proches.
Conséquences pour la dette de la France
Si cette tendance se confirme, cela pourrait signer un changement symbolique : pour la première fois, emprunter en France pourrait coûter plus cher qu’en Italie, un retournement majeur. En pratique, cela alourdit le service de la dette : davantage d’argent public sera versé aux créanciers (banques, investisseurs), au détriment des dépenses essentielles comme l’éducation, la santé ou la transition écologique.
Dans une perspective plus large, cette évolution pourrait relativiser la hiérarchie traditionnelle entre les « États centraux stables » et les « périphériques fragiles » de la zone euro. Comme l’écrit le Financial Times, la convergence est un signal clair que la perception des risques a profondément changé.
