Un nouvel impôt sur l’épargne est discrètement envisagé par le gouvernement. Une simple rumeur ? Non : plusieurs sources proches de Matignon confirment qu’un relèvement du taux de la flat tax jusqu’à 36 % est étudié. Une évolution qui pourrait bouleverser les stratégies de placement des Français, et peser lourd dans la fiscalité des revenus du capital.
Vers une flat tax à 36 % sur l’épargne ? Tout savoir sur ce que prépare Matignon

Une réforme qui remet en cause le prélèvement forfaitaire unique
Depuis sa création en 2018, le prélèvement forfaitaire unique (PFU) s’applique à la majorité des revenus de l’épargne. Il combine 12,8 % d’impôt sur le revenu et 17,2 % de prélèvements sociaux, pour un total de 30 %, quel que soit le montant perçu ou le niveau de revenu du contribuable.
Or, à l’occasion des arbitrages budgétaires pour 2026, une hausse du taux du PFU est à l’étude. Le gouvernement envisage de porter la flat tax à 36 %, soit une hausse de six points par rapport au taux actuel de 30 %.
Ce projet ne ferait pas l’objet d’un texte de loi cette année, mais serait intégré dans les premières orientations du projet de loi de finances pour 2026. L’objectif affiché : renforcer les recettes fiscales dans un contexte de déficit budgétaire persistant, tout en ciblant les revenus du capital.
Une hausse qui toucherait une large part des épargnants
En pratique, tous les placements soumis au PFU seraient concernés : dividendes, intérêts des comptes à terme, plus-values mobilières, revenus d’assurance-vie hors cadre avantageux, etc. Les livrets réglementés (Livret A, LDDS, LEP) resteraient exonérés, tout comme les PEA et certains contrats d’assurance-vie bénéficiant d’une ancienneté suffisante.
Mais pour tous les autres produits, l’impact serait direct. Une hausse à 36 % reviendrait à prélever plus d’un tiers des gains réalisés par les particuliers sur leur épargne financière. Cointribune précise qu’« un point de hausse du PFU rapporterait 240 millions d’euros supplémentaires à l’État », ce qui placerait le gain attendu à 1,44 milliard d’euros en cas d’application du taux maximal envisagé.
Le site économique ajoute que « la hausse frapperait notamment les foyers aux patrimoines financiers moyens à élevés, pour qui le PFU est souvent plus avantageux que le barème progressif de l’impôt sur le revenu ».
Cette évolution ferait également peser un risque d’inégalité fiscale, puisque les contribuables faiblement imposés pourraient se retrouver surimposés si la flat tax devenait moins favorable que le barème classique. Un phénomène déjà pointé du doigt depuis plusieurs années par certains économistes.
Une réforme controversée sur le plan politique et économique
Cette réforme potentielle, bien que techniquement simple (il s’agirait uniquement d’un relèvement du taux), suscite déjà des tensions en coulisses. D’un côté, Bercy y voit un levier budgétaire efficace : l’épargne des Français dépasse les 6 000 milliards d’euros, dont près de la moitié placée sur des produits financiers imposables. De l’autre, plusieurs parlementaires de la majorité s’inquiètent d’un signal négatif envoyé aux investisseurs.
Un conseiller gouvernemental anonyme a confié à Cointribune : « La mesure n’est pas tranchée. Mais elle est sur la table comme piste sérieuse, dans un contexte où la question du financement des dépenses publiques est centrale ».
Au-delà de la fiscalité, la mesure pourrait modifier les comportements d’épargne : arbitrages en faveur des produits défiscalisés, retrait partiel des fonds imposables, ou investissements déplacés vers l’immobilier. L’assurance-vie, qui représentait 1 911 milliards d’euros d’encours fin 2024, pourrait voir sa dynamique freinée si les avantages fiscaux deviennent insuffisants.
Plus largement, une hausse de la flat tax à 36 % pourrait ouvrir un nouveau chapitre du débat sur la progressivité de l’impôt. La logique même d’un taux unique serait affaiblie, au risque de fragiliser l’acceptabilité fiscale et de relancer la guerre des niches.