Les dépassements d’honoraires des médecins spécialistes continuent leur progression inquiétante, atteignant 4,3 milliards d’euros en 2024, selon un rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM). Cette augmentation résulte principalement de l’essor du secteur 2, qui permet aux praticiens de fixer librement leurs honoraires. Depuis 2019, ces dépassements croissent de 5 % par an en valeur réelle, hors inflation, et trois quarts des jeunes médecins privilégient désormais ce secteur, renforçant la tendance observée depuis plusieurs décennies.
Une dynamique financière et géographique
Les dépassements d’honoraires représentent désormais une part importante des revenus professionnels, jusqu’à plus du tiers pour certaines spécialités, mais avec de fortes disparités, révèle le rapport. La hausse des charges et le coût de l’installation dans certaines zones urbaines expliquent en partie cette tendance.
Le document souligne que « la part de spécialistes en secteur 2 est nettement plus élevée dans les zones métropolitaines à niveau de vie élevé ». Les médecins ajustent parfois leurs honoraires selon le profil des patients, accentuant les inégalités territoriales et sociales.
Impact sur les patients et le reste à charge
La généralisation des dépassements entraîne un alourdissement du reste à charge pour les patients. Pour certaines interventions, comme la prothèse totale de la hanche, près de la moitié des patients paient des dépassements, avec un montant moyen de 630 euros, et jusqu’à 1 000 euros pour 10 % des patients, selon les chiffres de BFMTV.
Les complémentaires santé couvrent environ 40 % de ces dépassements, mais le reste à charge demeure significatif, représentant 14 % du total pour les ménages. Les protections pour les ménages modestes, via la complémentaire santé solidaire, restent limitées face à certains dépassements appliqués malgré tout, nuance Le Parisien.
Inégalités et régulation
Les dépassements d’honoraires accentuent les inégalités. Le HCAAM observe que « les dépassements d’honoraires aggravent les inégalités dans la répartition des spécialistes ». Les zones métropolitaines aisées concentrent la majorité des spécialistes pratiquant des dépassements, tandis que les déserts médicaux persistent ailleurs.
Pour y remédier, le gouvernement envisage une régulation ciblée. Des propositions visent à limiter la régulation territoriale aux médecins pratiquant des dépassements, afin de mieux contrôler l’installation dans les zones fragiles.
