Investiture de Donald Trump : entre craintes et opportunités pour le tourisme

Alors que le retour de Donald Trump à la tête de la Maison Blanche marque un tournant politique, il plonge un grand nombre d’entre nous dans l’incertitude quant au sort de l’économie mondiale. Il soulève en effet son lot de questionnements, notamment pour nous, professionnels du tourisme, sur les conséquences qu’il pourrait avoir sur le secteur.

Yann Wulser Portrait Nb
Par Yann Wulser Publié le 22 janvier 2025 à 4h00
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donald-trump-droit-douane-hausse-2025-commerce - © Economie Matin
8%Le tourisme pèse 8% du PIB de la France.

Il s’agit évidemment d’un exercice prédictif à haut risque et il est risqué d’avoir une opinion très tranchée sur le sujet tant notre secteur d’activité est soumis à un nombre de facteurs très importants. Politiques donc, mais aussi macroéconomiques, climatiques, géopolitiques et souvent même de modes impalpables qui rendent notre possibilité à prévoir et deviner assez aléatoire.

Cependant il existe des éléments factuels. Le climato scepticisme de Trump, d’abord, n’est pas une bonne nouvelle pour l’émergence d’un tourisme plus engagé. Nous ne pourrons compter sur lui pour réguler certains marchés à l'instar de l’aérien ou des croisières. L’économie tournée vers l’idéologie America’s first et la course aux résultats immédiats ne donnent aucun espoir de verdissement du tourisme aux États-Unis sous son mandat. C'est alors à nous, défenseurs d'un tourisme positif et engagé, de tirer parti de cette situation en adoptant une opposition douce et constructive à la doctrine trumpiste. Il nous revient de démontrer les bienfaits positifs de notre activité et de la valoriser par des exemples très concrets. Voyons-y l’opportunité d’une communication et de réalisations concrètes. Par exemple, des voyages low carbon plus longs, porteurs d’un sens autre que celui de la pure consommation, qui viendraient s’opposer à une vision redevenue acceptable sur le pays continent.

Sur l’économie, attendons nous au retour d’un dollar fort. Une hausse qui impactera certainement la fréquentation des destinations opérant dans cette monnaie, devenues alors très chères. Au-delà des États-Unis, c’est un grand nombre de pays asiatiques, sud-américains, africains ou moyen orientaux qui risquent d’en pâtir, après avoir profité de la baisse relative du dollar par rapport à l’euro.

À contrario, le retour du dollar fort incitera ses détenteurs à voyager vers des destinations non dollarisées, et donc plus accessibles. Une aubaine à confirmer pour l’Europe !

Enfin, l’impact de la politique internationale de Trump est peut-être le sujet sur lequel il est le plus aléatoire de se prononcer. Or, ses effets pourraient être colossaux pour le tourisme, dans un sens comme dans l’autre. Osons les suppositions en imaginant une résolution du conflit ukrainien. En 48 heures, elle pourrait relancer un tourisme devenu aphone depuis 3 ans dans les pays de l’Est, la Georgie ou l’Arménie ou les pays Baltes, ces derniers étant tous par rebond assimilés à une zone d’influence russe. Ou encore, l’obtention d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas / Hezbollah. Il permettrait à la Jordanie, qui surfait sur le succès jusqu’au 7 octobre 2023 et qui souffre terriblement depuis, de se relancer.

Par ailleurs, les relations sino-américaines pourraient se durcir, affectant la capacité des touristes chinois à visiter le monde, alors que frémit à peine la sortie du Covid chez eux.

Je finis par un exemple précis qui me tient particulièrement à cœur. Celui de Cuba, qui pâtira inévitablement de ce nouveau mandat. L’embargo économique qui lui est imposé et les restrictions ESTA (formalités d’entrée aux États-Unis) décidées par Donald Trump sous son premier mandat, et non abolies par Joe Biden, le place sur la liste des pays “terroristes”. Ils n'ont aucune chance d’être amendés. Si l’élection de Kamala Harris permettait d’envisager une sortie de crise, sa défaite emporte avec elle l’espoir pour des millions de cubains de voir leur pays offrir plus facilement au monde l’incroyable richesse de son patrimoine et de sa population.

La perspective de cette nouvelle présidence américaine place le secteur du tourisme à un carrefour, entre incertitudes et opportunités. Le défi qui nous attend pour les 4 prochaines années est immense. Profitons-en pour saisir la chance qu’il nous offre : celle de donner de l’élan à un tourisme inspirant, qui servira les richesses humaines et culturelles du monde.

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directeur général d’Altaï Group

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