En dévoilant jeudi 2 octobre les premières orientations du budget 2026, Sébastien Lecornu met l’accent sur le travail et le pouvoir d’achat, en esquissant des pistes de baisse des prélèvements pour les salariés modestes. Entre rétablissement de la prime Macron et coup de pouce fiscal pour les couples au SMIC, Matignon prépare une équation délicate.
Prime, heures sup, impôts : le plan de Lecornu pour les salariés

Le jeudi 2 octobre 2025, le Premier ministre Sébastien Lecornu a présenté les grandes lignes du futur budget 2026, encore en cours d’élaboration. Objectif affiché : valoriser le travail tout en préservant l’équilibre des comptes publics. Pour ce faire, l’exécutif envisage plusieurs mesures fiscales destinées à alléger la pression sur les salariés, dans un contexte marqué par une croissance ralentie et des contraintes budgétaires sévères.
Prélèvements : trois pistes prioritaires pour les salariés
Parmi les premières orientations révélées, l’entourage de Lecornu évoque une stratégie ciblée sur la réduction des prélèvements supportés par les salariés. L’une des propositions consiste à alléger les charges ou à défiscaliser les heures supplémentaires, une mesure déjà utilisée sous les quinquennats précédents pour stimuler l’activité et soutenir le revenu des ménages. Selon Le Monde, “rien n’est encore arbitré”, mais cette piste est jugée “prioritaire”.
Deuxième levier envisagé : une réduction de l’impôt sur le revenu pour les couples dont chacun est rémunéré autour du SMIC. L’objectif serait, d’après une source gouvernementale citée par La Dépêche, “d’annuler l’impôt” pour ces foyers, les rapprochant ainsi du traitement fiscal des personnes seules au SMIC, qui en sont largement exonérées.
Troisième hypothèse étudiée : le rétablissement de la prime Macron, renommée “prime de partage de la valeur”. Supprimée dans sa version initiale, cette prime exonérée de cotisations et d’impôts pourrait être réintroduite dans une formule plus incitative. Comme le rappelle Le Point, cette mesure avait rencontré un certain succès en 2023 avant d’être vidée de sa substance par une réforme peu lisible.
En somme, trois mesures phares — heures supplémentaires, impôt sur les petits revenus et prime exceptionnelle — pourraient redonner du souffle au pouvoir d’achat des salariés. Toutefois, toutes restent à l’état de pistes, aucune n’ayant été validée formellement à ce stade.
Une trajectoire budgétaire sous tension
Les ambitions de Lecornu doivent néanmoins composer avec des marges de manœuvre étroites. Le Premier ministre vise un déficit public ramené à 4,7 % du PIB en 2026. Ce chiffre s’inscrit dans une trajectoire de redressement progressif après les 5,4 % estimés pour 2024 et les 4,6 % attendus en 2025.
Pour respecter cette trajectoire, Lecornu a décidé de rompre avec la méthode de calcul héritée de François Bayrou, jugée trop opaque. Il souhaite désormais raisonner “en comparant directement les dépenses d’une année sur l’autre”, indique Le Monde. Cette transparence méthodologique est censée renforcer la lisibilité des arbitrages budgétaires.
Mais le dilemme reste entier : comment réduire les prélèvements sans creuser le déficit ? L’entourage du Premier ministre admet lui-même que “rien n’est encore arbitré”. D’autant que plusieurs pistes plébiscitées par l’opposition ou certaines organisations syndicales, comme la taxe sur les superprofits proposée par l’économiste Gabriel Zucman ou le rétablissement de l’ISF, ont d’emblée été écartées par Matignon.
Par ailleurs, Lecornu a aussi renoncé à certaines mesures annoncées par son prédécesseur. La suppression de deux jours fériés, destinée à accroître la productivité, a été abandonnée dès la rentrée. À la place, le gouvernement envisage un ajustement sélectif : certains impôts baisseront, d’autres augmenteront, selon les priorités économiques et sociales fixées.
Un équilibre à trouver entre pouvoir d’achat et rigueur
Au cœur de la démarche de Lecornu, le mot d’ordre reste le même : redonner de la valeur au travail. “Le fait de vivre de son travail et le reste à vivre demeurent une des premières préoccupations des Français”, souligne un conseiller gouvernemental. Mais satisfaire cette exigence sans aggraver la dette ni affaiblir les services publics relève du numéro d’équilibriste.
L’exécutif espère que ces premières annonces suffiront à envoyer un signal fort aux Français, sans effrayer les marchés ni Bruxelles. Le budget 2026 sera présenté au Conseil des ministres courant novembre, avant son examen par le Parlement. En attendant, ces pistes devront être affinées, chiffrées et surtout validées dans un contexte de pressions multiples.