Macron : Pour votre sécurité vous aurez la guerre !

Haaaaaa…. dans la série Tintin chez les Popovs (ceux qui ont connu la guerre froide et les expressions de l’époque comprendront), notre professeur Trouposol nous a doctement expliqué que pour notre sécurité il fallait penser à faire la guerre… sinon nous pourrions avoir la guerre.

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 15 mars 2024 à 10h30
Char Tank Guerre Ukraine Russie
276 MILLIARDS €L’ensemble des pays qui soutiennent l’Ukraine se sont engagés à verser au moins 276 milliards d’euros d’aides

En tant que membre émérite de la 7ème compagnie, avec le chef Chaudard, sur le terrain, nous avons une autre perception de la situation.

Vous êtes assis j’espère… non parce que l’intro du grand chef est en mesure de vous faire tomber par terre !

« Vous êtes assis » dit-il aux journalistes. « Vous n’excluez pas de vous lever à la fin de l’émission » ? Donc les troupes au sol, c’est pareil. Voilà.

C’est simple la guerre.

Simple comme une bonne vanne.

Simple comme un « bon mot ».

Les manuels (pas les Emmanuels hein) retiendront donc, que la troisième guerre mondiale a eu lieu parce que Trouposol, ce jour-là n’excluait pas de se lever. Vous écouterez. C’est lunaire.

Un Mozart de l’ambiguïté stratégique.

Mais ce n’est pas tout…

Ensuite le Professeur Trouposol nous a expliqué qu’il produit 100 obus par jour et 75 canons César par an, et je suis heureux de même que nos ennemis les Russes de l’apprendre. Voilà des statistiques utiles pour gagner un guerre d’attrition. Y a personne à l’état-major pour expliquer au Tintin de l’Elysée qu’il ne faut pas donner certains éléments chiffrés ? Ou alors on intoxique et il fallait qu’il dise le professeur Trouposol que nous allions sortir dès 2025 750 canons César. Là le Kremlin aurait tremblé.

Bref.

Selon Trouposol il ne faut pas être lâche et il faut empêcher la Russie à tout prix de gagner en Ukraine, ce qui revient à dire qu’il faut faire perdre la Russie.

Si personne n’accepte au moins de perdre un peu alors il n’y a par définition aucune paix ou négociation possible, il n’y a que plus de guerre.

La sagesse c’est d’être fort, la force c’est d’être sage. 

Macron n’a pas les moyens de cet adage. D’abord avec nos 3 100 milliards de dettes et nous y reviendrons, le professeur Trouposol du Palais, n’est pas fort. Notre armée peut potentiellement tenir un front de 80 à 200km en haute intensité pendant une semaine. Un peu court pour défier la Russie. Evidemment l’idée de génie de Trouposol c’est d’y aller « en Européens » avec les autres « copains ».

Nous n’avons donc pas la sagesse d’être fort.

Enfin l’enfant gâté du Palais n’est pas sage du tout parce qu’engager l’armée contre la Russie, nécessitera de passer par le Parlement. Et non, Macron, ne peut pas s’arroger le droit de décider seul d’emmener la France vers la guerre contre la Russie, de la même manière qu’il ne peut pas avoir la bêtise de tenter de nous faire croire que les intérêts vitaux « existentiels » de l’Europe sont menacés en Ukraine. C’est faux. Les frontières de l’Union Européenne sont connues, par les Russes également. Attaquer un pays membre de l’Union Européenne serait un casus belli. Nous sommes bien d’accord là-dessus.

L’Ukraine n’est pas dans l’Union Européenne. C’est peut-être très triste pour les Ukrainiens, mais ils ne sont en aucun cas dans nos intérêts vitaux et il est important de dire ce que signifie un affrontement potentiel avec la Russie. Nous ne perdrons pas 50 ou 80 soldats sur 8 ans comme en Afrique. Nous perdrons 50 à 60 % d’un corps expéditionnaire de 10 000 hommes. Voilà la réalité. Nous aurons des morts par milliers, pour terminer par la signature d’un traité de paix. Absurde. Sans sagesse.

L’économie de guerre. 

Enfin, Macron l’a évoqué, et l’on voit bien poindre aussi le mobile financier. La guerre en Ukraine contre la Russie, c’est bien évidemment faire avancer les Etats-Unis d’Europe, et la possibilité de lever des nouvelles dettes au niveau européen. Et lorsque nous aurons levé plein de dettes au niveau européen, il faudra bien finir par créer des ressources pour rembourser ces dettes-là.

Vous aurez un impôt pour l’Europe, un impôt pour la guerre… parce que l’Europe c’est la paix !

NON, la guerre n’est pas la solution. 

Non, nous ne sommes pas en 1938 et les Accords de Minsk que nous n’avons pas respectés et sur lesquels les Russes étaient d’accord ne sont pas les accords de Munich.

Non, l’Empereur du mal Palpoutine aussi méchant soit-il n’est pas Hitler. Il n’a pas de camps de concentration et ne liquide pas des millions de personnes, il ne faut pas insulter à ce point l’histoire, et dire cela ne justifie aucun crime de guerre de la part de la Russie ni aucun massacre, ni aucun bombardement de ville.

Non, vouloir la paix avec la Russie ce n’est pas se montrer faible et lui ouvrir l’Union Européenne toute entière alors que l’armée russe n’arrive même pas à traverser le Dniepr. La Russie ne présente à ce stade strictement aucune menace militaire sérieuse pour le reste de l’Union Européenne.

L’analyse du professeur Trouposol est totalement erronée. Fausse. Mensongère. Pas parce que Poutine serait gentil. Non pas qu’il ne faudrait pas aider l’Ukraine. Mensongère parce que nos intérêts vitaux, « existentiels » ne sont en aucun cas menacés.

Les mots ont un sens Monsieur le président.

Si nos intérêts existentiels sont menacés, cela implique que notre existence même est menacée. Il faut dans ce cas être cohérent. Si notre pays est menacé dans son existence même, cela veut dire que la vie de tous mes concitoyens est directement et immédiatement menacée, pas de seulement quelques-uns mais de presque tous. Une invasion d’extra-terrestres voulant nous dévorer par exemple serait une menace existentielle pour la nation (et le monde entier). Dans ce cas, on ne produit pas quelques obus. Non.

On fait la guerre complètement. Totalement.

Dans chaque ville, dans chaque village, dans chaque immeuble, dans chaque cage d’escaliers, dans chaque maison. Tout Français porte fusil et affronte l’ennemi dont les hordes déferlent dans nos villes et villages.

Je rappelle qu’à ce stade, l’armée russe est clouée en Ukraine derrière le Dniepr bien loin des villages de France.

Il n’y a aucune menace existentielle… à ce stade.

Le pari de Pascal… pour Poutine !

Enfin, d’un point de vue analytique et stratégique le Professeur Trouposol est un peu hors sol… parce que de la même manière que la pari de Pascal montre que l’on a rien à perdre à croire en Dieu, on a rien à perdre non plus à parier que Poutine n’ira pas plus loin.

Ce que nous propose la vedette du Palais, c’est de faire la guerre tout de suite à Palpoutine.

Or, la probabilité est forte que Poutine n’aille pas plus loin ce qui nous permettrait de nous éviter la guerre.

Si Poutine va plus loin, il y a aura la guerre car il envahira l’Union Européenne et là nous parlons de nos intérêts effectivement existentiels. Mais si Poutine ne va pas plus loin, alors nous aurions totalement tort de nous lancer dans la guerre maintenant.

La sagesse analytique conduit donc, d’un point de vue totalement rationnel, à faire le pari de la paix.

Si Macron, ne veut pas faire ce pari, c’est qu’il veut nous entraîner volontairement vers la guerre.

Si le Professeur Tournesol est un personnage sympathique, le Professeur Trouposol, lui, nous fait courir de bien grands risques et il est important de montrer et de démontrer qu’une autre analyse stratégique, militaire et diplomatique et largement possible.

Il y a des alternatives.

La guerre n’est en aucun cas une fatalité.

Il ne faut rien céder aux va-t’en, guerre de plateau et de palais qui ne poseront jamais leurs augustes postérieurs dans une tranchée ukrainienne.

Si vous comprenez ce message, vous êtes la résistance.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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