Marchés actions : une absence de volatilité qui interpelle

Une fois n’est pas coutume, les marchés américains enchaînent des performances remarquables. Le SP500 s’est inscrit en hausse sur 14 des 15 dernières semaines, une série qui n’était pas arrivée depuis…1972 !

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Par Alexandre Baradez Publié le 13 février 2024 à 4h30
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5,50%la fourchette de taux de la Fed est toujours à 5.25%-5.50%

Une telle performance se fait forcément dans un environnement de faible volatilité. Le VIX, indice de volatilité du SP500 évolue entre 11.8 et 15.4 depuis début novembre. Il faut remonter à la période qui a précédé le « Volmageddon » en 2018 pour retrouver une période aussi longue sans correction de plus de 2% sur le SP500.

Pour mémoire, le « Volmageddon » est un évènement de marché qui avait vu le VIX passer de 10 à 50 en l’espace de quelques jours simplement, traduisant un débouclage brutal de positions vendeuses de volatilité (« short VIX »). Le SP500 avait alors corrigé de près de 12% en à peine plus d’une semaine.

L’absence de volatilité actuelle interpelle donc forcément, notamment dans un environnement où la fourchette de taux de la Fed est toujours à 5.25%-5.50% avec une absence de visibilité sur la date de la première baisse de taux ainsi que le rythme des baisses de taux en 2024. Le marché continue d’anticiper 5 baisses de taux de la Fed cette année, via les Futures Fed Funds, alors que la Fed dans ses projections de décembre anticipait seulement 3 baisses de 25 points de base.

Plusieurs membres de la Fed qui se sont exprimés ces dernières semaines penchent également pour ce scénario de 3 baisses de taux en 2024 et ne donnent pas de sentiment d’imminence pour la première baisse.

Cette absence de « respiration » de marché dans un environnement de taux élevés est d’autant plus remarquable que les taux réels se sont aussi redressés ces dernières semaines : le taux 10 ans réel américain, qui était passé de plus de 2.50% en octobre à moins de 1.70% en décembre, s’est depuis redressé à plus de 1.90%.

Depuis un mois et demi, les investisseurs sont passé en mode « good news is good news », achetant les bons chiffres macroéconomiques en considérant que c’est une excellente nouvelle si l’économie américaine parvient à performer dans un environnement de taux élevés. Sachant qu’entre fin octobre et décembre, les marchés avaient acheté la thématique « bad news is good news » : au cours de cette période, de nombreux chiffres économiques ressortaient en-dessous du consensus ce qui alimentait les anticipations de baisse de taux de la Fed dans un environnement où les chiffres d’inflation continuaient de s’améliorer.

Les investisseurs sont donc passé, sans transition, d’une phase où on achète les moins bonnes nouvelles à une phase où on achète les bonnes nouvelles, minorant le risque d’une politique monétaire de la Fed qui resterait restrictive plus longtemps…Cette absence de nuance de la part des investisseurs ramène de la cherté sur les actions : alors que le gros de la saison des résultats d’entreprises est passé, le SP500 a un ratio cours/bénéfice anticipé (P/E forward) à 20.3, très largement au-dessus de la moyenne des 10 dernières années qui est de 17.8.

On peut considérer que les marchés actions sont un peu complaisants depuis quelques semaines….

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Diplômé de l’ESCE (Ecole Supérieure de Commerce Extérieur), Alexandre Baradez débute sa carrière chez EBG FINANCES en 2003 en tant que consultant spécialisé en défiscalisation immobilière. Il intègre le département Gestion Privée de BNP PARIBAS en 2005 où il assure la gestion et le suivi d’un portefeuille de 400 clients. En 2008, il rejoint Banque Robeco Gestion Privée où il a en charge la gestion d’un portefeuille de 650 clients. Il délivre un conseil sur OPCVM, la constitution et la gestion d’un patrimoine en exploitant l’actualité macro et micro-économique. En octobre 2009, il rejoint Saxo Bank en tant que Sales Trader et devient en 2011 Analyste Marchés de la banque dont il est l’interlocuteur privilégié auprès des medias français. Aujourd'hui, Alexandre Baradez est Responsable Analyses Marchés chez IG France.

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