Le sondage Elabe pour BFMTV, publié le 3 décembre 2025, met en lumière le fait qu’une large majorité de Français juge l’État trop dépensier et l’argent public mal utilisé. Ils pointent tant le “train de vie de l’État” que la faiblesse de la redistribution, et esquissent des pistes pour alléger les dépenses publiques tout en préservant les services essentiels.
Gestion de l’argent public : l’État accusé de gaspillage par une majorité de Français selon un sondage

Dans un contexte de pressions fiscales perçues, les réponses d’un échantillon représentatif de la population interpellent. Les Français s’expriment sans détour : l’État dépense mal, leur consentement à l’impôt vacille, et ils réclament des arbitrages forts.
Les Français jugent l’État trop dépensier
Une impression massive de mauvaise gestion
87 % des Français estiment que l’argent public est “très mal” ou “plutôt mal” utilisé selon le sondage Elabe pour BFMTV. Ce jugement concerne l’ensemble des ménages, sans distinction notable selon l’âge ou la catégorie socioprofessionnelle. La perception de mauvaise gestion s’accompagne d’un sentiment répandu de manque de transparence : 87 % des sondés considèrent que l’État ne rend pas suffisamment lisible l’emploi des fonds publics. Ainsi, la suspicion vis-à-vis de la gouvernance publique se structure autour de deux reproches principaux : un gaspillage des ressources et une opacité institutionnelle.
Services publics et mécontentement généralisé
L’insatisfaction ne se limite pas à la gestion comptable : 62 % des personnes interrogées se déclarent mécontentes de la qualité des services publics, et 66 % jugent cette qualité en dégradation. Certains domaines concentrent les critiques : la justice arrive en tête, avec 68 % d’insatisfaits, suivie de l’entretien des routes, des hôpitaux, des services administratifs et de l’éducation. En revanche, les forces de l’ordre constituent l’exception : elles recueillent globalement une opinion favorable, signe que la défiance ne s’applique pas uniformément. Ce constat entre en résonance avec la question de l’efficacité des dépenses publiques : pour beaucoup, l’argent mobilisé ne se traduit pas en services à la hauteur des attentes.
Les pistes proposées par les Français interrogés
Fonctionnement de l’État et doublons administratifs
Quand on demande aux Français quelles mesures privilégier pour réduire les dépenses publiques, la majorité (57 %) cite la réduction du « train de vie de l’État » (dépenses de fonctionnement, nombreux comités, doublons, etc.). Cette option arrive largement devant d’autres pistes comme la lutte contre la fraude fiscale (37%). Ce résultat suggère que l’opinion publique considère que l’inefficacité structurelle — plutôt qu’un manque de recettes — est au cœur du problème. L’État est perçu comme trop lourd, trop dispersé, et peu optimisé.
Redistribution, impôts et confiance en berne
Autre enseignement fort : 58 % des Français estiment contribuer davantage au système qu’ils n’en tirent de bénéfices. Parallèlement, 80 % jugent que le système fiscal actuel ne permet pas une redistribution équitable des richesses. Ce ressenti nourrit un malaise fiscal profond : lorsque l’impôt ne paraît plus justifié par des retours concrets — services publics efficaces, redistribution visible — le consentement à l’impôt s’érode. Pour beaucoup, l’argent public ne produit pas les effets attendus, ce qui nourrit une défiance généralisée envers l’État.
Un malaise fiscal plus profond : la fragilité du consentement à l’impôt
Le sondage met en évidence un fragilisation du consentement à l’impôt. D’une part, parce que la majorité doute de la bonne utilisation des contributions — 86 % jugent qu'impôts et taxes ne sont pas bien utilisés. D’autre part, parce que la redistribution est jugée inefficace par 80 %. Même si 51 % des sondés estiment encore que payer des impôts se justifie pour financer les services publics, ce taux marque un recul — et il est particulièrement faible chez les électeurs du RN.
Ce glissement illustre un enjeu majeur : si l’État ne parvient pas à restaurer la confiance dans l’usage de l’argent public, l’adhésion à l’effort fiscal pourrait s’éroder encore davantage.