La revue indépendante Prescrire publie son bilan 2026 des médicaments « à écarter ». 108 traitements autorisés en Europe sont désormais jugés « plus dangereux qu’utiles », y compris plusieurs médicaments très répandus en France.
Ces médicaments du quotidien désormais dans la liste noire 2026

Chaque année, Prescrire scrute la littérature médicale et réévalue les autorisations de mise sur le marché. Pour 2026, le bilan met en lumière 108 médicaments qui, selon l’organisation, n’offrent pas un bénéfice suffisant pour justifier les risques encourus. Parmi eux, 89 sont toujours disponibles en France. Cette mise à jour, très attendue des professionnels de santé, inclut quatre nouveaux médicaments dont l’entrée dans la liste noire pourrait surprendre les patients.
Médicaments : une méthode d’évaluation stricte fondée sur la balance bénéfices-risques
Prescrire rappelle que sa mission est d’écarter les médicaments dont l’efficacité clinique n’est pas démontrée ou dont les effets indésirables sont jugés disproportionnés. La revue indique que ces traitements sont listés lorsqu’ils présentent une balance bénéfices-risques défavorable « dans toutes les situations cliniques de leur AMM ». Selon la rédaction, « quand un traitement médicamenteux paraît souhaitable, d’autres options ont une meilleure balance bénéfices-risques » (source : Prescrire).
Cette approche conduit à un examen critique de médicaments souvent bien implantés dans les habitudes de prescription ou d’automédication. Comme le souligne Prescrire, « certains traitements continuent d’être utilisés alors que leur intérêt thérapeutique n’a jamais été démontré ».
Pour le grand public, l’impact n’est pas anodin : plusieurs produits figurant sur cette liste sont vendus sans ordonnance, ce qui accroît le risque d’usage inapproprié sans conseil médical.
Quatre nouveaux médicaments ajoutés en 2026
Parmi les 108 médicaments concernés, quatre nouveaux produits entrent dans la liste noire. Leur présence interroge car certains sont récents ou perçus comme des innovations.
1. Chondrosulf (chondroïtine) – Arthrose
Ce traitement largement prescrit contre l’arthrose rejoint la liste 2026 en raison de l’absence d’efficacité cliniquement démontrée. Prescrire souligne que la molécule n’apporte « aucun bénéfice tangible » dans la réduction de la douleur ou de la gêne fonctionnelle. Elle expose en revanche à des réactions d’hypersensibilité telles que des œdèmes ou des allergies.
Un point important pour les consommateurs : beaucoup l’utilisent sur de longues périodes, convaincus d’un effet protecteur sur le cartilage – effet jamais prouvé.
2. Veoza (fézolinetant) – Bouffées de chaleur de la ménopause
Présenté comme une alternative hormonale, ce médicament cible les symptômes vasomoteurs. Prescrire observe toutefois un risque d’atteintes hépatiques et juge l’efficacité « limitée ». Dans un contexte où de nombreuses femmes recherchent des solutions non hormonales, son entrée dans la liste noire constitue un signal fort : l’innovation n’est pas toujours synonyme de progrès thérapeutique.
3. Lyfnua (géfapixant) – Toux chronique
Visant une pathologie invalidante, Lyfnua n’a pas montré d’efficacité suffisante pour justifier ses effets indésirables, notamment des troubles du goût parfois sévères et persistants. Pour un médicament destiné à un usage prolongé, ce type d’effets est particulièrement problématique. Prescrire juge que « l’intérêt clinique n’est pas établi », malgré l’attente forte autour de cette molécule.
4. Ondexxya (andexanet alfa) – Antidote aux anticoagulants anti-Xa
Ce médicament, utilisé en urgence pour contrer des hémorragies sous anticoagulants, pourrait surprendre par sa présence dans la liste. La revue estime que les données d’efficacité sont insuffisantes alors que le risque de thromboses graves est avéré. Pour un médicament hospitalier utilisé dans des situations critiques, ce manque de preuve pose un vrai problème de sécurité.
Une liste qui interroge les habitudes de prescription et l’automédication
La liste noire 2026 ne concerne pas seulement des molécules récentes. Certains traitements emblématiques, parfois utilisés depuis des décennies, y figurent encore. C’est le cas, par exemple :
- Voltarène (diclofénac), critiqué pour un risque cardiovasculaire supérieur à d’autres anti-inflammatoires,
- Smecta, dont la présence d’aluminium soulève des inquiétudes,
- Maxilase, un traitement de maux de gorge dont l’efficacité est jugée insuffisante.
Des produits du quotidien, réputés sans danger, peuvent donc présenter des risques non négligeables. « Certains médicaments disponibles dans toutes les armoires à pharmacie sont en réalité plus dangereux qu’utiles » souligne Presse-Citron.
Les consommateurs doivent donc éviter d’interpréter la vente libre comme un gage d’innocuité. Le fait qu’un médicament soit autorisé ne garantit pas qu’il soit le meilleur choix thérapeutique.
Une vigilance accrue pour les professionnels de santé
Pour les médecins, ce bilan constitue un outil d’aide à la décision. Il les incite à privilégier des alternatives aux bénéfices mieux démontrés.
Pour les pharmaciens, la liste noire est un repère de conseil : en automédication, leur rôle est crucial pour orienter le patient vers des options plus sûres.
Les autorités sanitaires ne sont pas tenues de retirer les médicaments pointés par Prescrire, mais l’écho médiatique et l’évolution régulière de cette liste influencent de plus en plus la pratique clinique.
