Le voyage de l’or : de l’extraction minière aux marchés financiers

Stephanie Haerts Economie Matin
Par Stéphanie Haerts Publié le 3 juillet 2015 à 5h00
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175 500 tonnesJusqu'à aujourd'hui, 175 500 tonnes d'or ont été sorties de terre.

Encore plus rare que le platine, l’or fait partie des substances les plus recherchées au monde. Les chercheurs d’or se rendent aujourd’hui dans les zones les plus reculées telles que l’Amazonie ou le Nord du Pérou pour répondre à la demande toujours grandissante de métal précieux. Mais avant que l’or n’apparaisse sous forme de lingots ou de napoléons tels que nous les connaissons, le minerai effectue un long voyage depuis son extraction jusqu’à sa vente sur les marchés financiers.

Où trouver de l’or sur terre ?

L’or se trouve en grande concentration dans le manteau terrestre jusqu’à une profondeur de 3000 mètres. Les chercheurs ont découvert qu’il y avait assez d’or et de platine, à cet endroit, pour recouvrir toute la terre d’une épaisseur de 4 mètres. Trop proche du noyau, cet or est cependant inaccessible.

Le minerai d’or que nous pouvons extraire se trouve à la surface ou dans la croûte terrestre. Il viendrait, selon les scientifiques, d’un bombardement tardif de météorites. Nous pouvons y trouver de l’or en faible concentration, de l’ordre de quelques milligrammes par tonne, dans certaines fissures de la croûte terrestre. A cet endroit, le métal jaune peut s’apparenter à des filons ou des pépites.

L’extraction du minerai d’or et le traitement

Pour obtenir quelques grammes d’or, les roches doivent être forées, extraites, concassées et tamisées. L’extraction est réalisée par des méthodes conventionnelles. Le minerai contenu dans les roches molles est extrait à l’aide de pelles mécaniques et de camions. Les roches les plus dures nécessitent quant à elle du dynamitage. Pour extraire les minuscules particules d’or, la roche extraite passe par plusieurs étapes telles que le concasseur giratoire permettant de réduire les roches en petites pierres. Puis, les minerais sont envoyés vers plusieurs circuits tels que celui de récupération gravimétrique ou celui de lixiviation, une technique visant à extraire l’or des autres constituants.

L’or est généralement exploité dans d’immenses mines à ciel ouvert. Les plus grandes mines se trouvent aux Etats-Unis, en Afrique du Sud, en Australie ou encore en Argentine. La mine de Grasberg, située en Papouasie en Indonésie, est la plus grande mine d’or au monde. Cette mine est exploitée par la compagnie minière américaine Freeport-McMoRan. Toutefois, le plus grand producteur d’or au monde est Barrick Gold. L’entreprise canadienne a produit 6,25 millions d’onces en 2014 et ses réserves s’estiment à 139,9 millions d’once, une once équivalent à 31,1034768 g.

Jusqu’aujourd’hui, environ 175 500 tonnes d’or ont été sorties de terre et réparties dans la bijouterie, l’épargne, les réserves des banques centrales et les institutions telles que le FMI ainsi que dans les applications industrielles.

Comment l’or est-il transformé ?

Une fois l’extraction et les opérations de séparation effectuées, l’or est raffiné. Le métal relativement brut est purifié de deux façons. La première étape d’affinage la moins coûteuse est le processus de Miller. Du chlore gazeux est utilisé dans ce procédé et permet une purification à 99,95%. Un autre procédé, celui de Wohlwill, permet d’électrolyser l’or pour atteindre la pureté la plus élevée (99,999%).

L’or passe ensuite à l’étape de la production. Les granulés de métaux précieux sont pesés selon le lingot d’or choisi, qui peut varier de 1 oz jusqu’à 1000g. Puis, ils sont fondus dans un creuset et moulés selon la forme du lingot. Les lingots sont ensuite refroidis et leur poids est vérifié. Puis, ils sont poinçonnés avec une presse hydraulique. Les lingots moulés sont enfin emballés dans des films de protection et livrés aux banques et aux commerçants de métaux précieux.

L’or en tant qu’investissement sur les marchés

L’or peut être acheté et détenu physiquement en lingots, barres et pièces. Une partie est mise à la disposition des marchés financiers. Depuis 1919, la cotation de l’or, qui sert de référence dans le monde entier, se faisait à Londres par quatre banques que sont la Barclays, HSBC, la Société Générale et la Banque Scotia. En mars 2015, la cotation de l’or sous forme physique, encore appelée fixing, a été modernisée.

Le mécanisme de fixation des cours, vieux de 96 ans, a été remplacé par un mécanisme d’enchères électroniques plus transparent. Le fixing est désormais régi par l’opérateur boursier ICE. Les offres d’achat et de vente sont mises à jour en temps réel et le prix de l’or est actualisé toutes les 30 secondes. L’or est également coté sous forme de contrats à terme ou futures sur le NYMEX (New York Mercantile Exchange) à New York.

L’or a joué un rôle monétaire prépondérant jusqu’aux accords de Bretton Woods en 1944 lorsque le dollar américain est devenu la devise de référence. Aujourd’hui, l’unité de poids traditionnelle, l’once d’or, cote exclusivement en USD. Malgré la fin de l’étalon-or, rien n’ôte à ce métal précieux son caractère d’actif monétaire en tant que réserve des banques centrales et son caractère d’actif financier, en tant que véhicule d’investissement des investisseurs et des épargnants.

Pendant la crise de 2008, le métal jaune a connu une période faste servant de valeur refuge aux investisseurs. Dernièrement, l’engouement autour du métal jaune s’est tari, les investisseurs ne craignant plus un effondrement du système monétaire international et reprenant confiance dans d’autres actifs. Lestée par un dollar fort et une amélioration de la conjoncture économique mondiale, le cours de l’or connaît actuellement une pression baissière et peine à s’installer au-dessus des 1200 dollars l’once.

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Stephanie Haerts Economie Matin

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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