La mise en garde (sans surprise) de Bruxelles à la France

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Par Christopher Dembik Publié le 9 mai 2014 à 2h47

La publication des prévisions économiques de printemps de la Commission Européenne a été l’occasion, sans surprise, de mettre en garde la France au sujet de ses objectifs de déficit et de croissance pour la période 2014-2015. Ce positionnement de Bruxelles intervient alors que le Président de la République a annoncé au cours du week-end un "retournement économique" qui peine cependant à se matérialiser dans les statistiques.

Pour qu’il y ait "retournement économique" durable, encore faudrait-il qu’il y ait un choc de confiance. Cependant, à en juger par le climat dans les affaires et l’indice de confiance des ménages, c’est la morosité qui domine. En d’autres termes, le gouvernement attend surtout de bénéficier des retombées de la hausse vraisemblable de la croissance mondiale au cours des prochaines années et des hypothétiques conséquences de la mise en œuvre du pacte de responsabilité.

Au regard des prévisions, tout porte à croire que le gouvernement ne parviendra pas à atteindre ses objectifs et devra, notamment, demander un nouveau délai à Bruxelles pour renouer avec un déficit public de 3%. Ce camouflet, dans un scénario idéal, pourrait inciter les responsables politiques à davantage accentuer les réformes structurelles qui sont encore manquantes pour permettre de renouer avec une dynamique économique positive de longue durée. Ces réformes structurelles sont connues de tous. Il s’agit de s’attaquer au chantier délicat de la carte hospitalière, à la refonte du système de retraites, au statut des fonctionnaires ou encore à une remise à plat de la politique du logement.

Cependant, l’objectivité plaide plus pour la persistance d’une certaine léthargie du pouvoir politique lorsqu’il s’agit de prendre des risques significatifs. On le sait déjà, certains prérequis sur lesquels repose le programme de stabilité paraissent peu crédibles. En est-il ainsi de l’accroissement attendu par l’Etat des dotations intergénérationnelles ou de la baisse du taux d’épargne des Français.

Il n’est donc guère étonnant que la Commission Européenne soit plutôt dubitative par rapport aux chiffres avancés par Paris. Ils ne seront pas respectés dans les temps impartis et vont, encore, accentuer un peu plus le discrédit de la France en Europe. En revanche, il est peu probable que la Commission prenne des mesures supplémentaires contre le pays. Elle est dans son rôle lorsqu’elle accentue la pression sur Paris mais, dans les faits, que le déficit à 3% soit atteint en 2015 ou en 2016, cela importe peu. En particulier pour les investisseurs.

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Christopher Dembik est économiste chez SaxoBank.

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