Oubliez la Fed, c’est Google qui règne 

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Par Bill Bonner Publié le 8 septembre 2016 à 5h00
Etats Unis Fed Google Jackson Hole
65 000 milliards $L'endettement des Etats-Unis est d'environ 65 000 milliards de dollars.

A Jackson Hole, la Fed a déçu les marchés… mais le monde continue de tourner — surtout depuis que Google et internet sont là.

La déception était palpable sur les marchés après l’allocution de Janet Yellen à Jackson Hole cette semaine. Rien de nouveau sous le soleil… alors que les investisseurs attendaient beaucoup. Peu importe. La Fed a créé une économie artificielle, élevée sous serre. Ni les banques, ni les entreprises, ni les investisseurs n’ont à craindre le gel. Personne ne va souffrir de la sécheresse ou d’une inondation non plus.

La Fed s’est donné tellement de mal, et depuis si longtemps, pour les protéger du monde réel, à l’extérieur, qu’à présent ils peuvent uniquement survivre au sein de cet étrange univers où la lumière, l’eau et la température sont entièrement contrôlées… et ils peuvent se faire perfuser de l’argent au taux le plus bas que l’on ait enregistré depuis 5 000 ans. Et si l’on ouvrait les portes ? Et si l’on coupait l’eau ? Aucun risque. La Fed ne reviendra jamais à des taux d’intérêt déterminés par les marchés, du moins pas volontairement. La serre en question contient des orchidées bien trop précieuses. Elles votent. Elles financent des campagnes. Elles emploient des millions de salariés. Et elles ne peuvent survivre dans le monde extérieur.

Il suffit d’observer les chiffres…

Les Etats-Unis ont un endettement total d’environ 65 000 milliards de dollars. Même au taux super bas de 2%, cela signifie que les intérêts annuels coûtent 1 300 milliards de dollars par an, ou environ 7% du PIB. Voilà qui place l’économie en équilibre précaire : elle a juste assez de revenus pour payer ses dépenses. La croissance, si l’on en croit ces chiffres, est inférieure à 2%. A présent, ajoutons simplement 1% aux taux d’intérêt. Combien obtenons-nous ? Une part supplémentaire du PIB de 650 milliards de dollars, qui doit être consacrée au paiement des intérêts… soit plus d’un dollar sur dix. Soudain, des milliards – peut-être des milliers de milliards – représentant des investissements, de la spéculation, de l’optimisation d’actifs, des foyers, de petites et très grandes entreprises, seraient en danger. Nombre d’entre eux feraient faillite. Et tout le système financier pourrait caler, tout comme il l’a fait en 2008. Et si l’on ouvrait la fenêtre en octobre ? Peut-être. Mais seulement un soupçon, alors. Et puis il faudra vite la refermer lorsqu’il commencera à faire froid ! Comment cela va-t-il se terminer, tout ça ?

Le tout dernier modèle de gouvernement de l’humanité

Lorsque Francis Fukuyama a écrit son essai phare, La Fin de l’Histoire ?, en 1989, les batailles du 20ème siècle avaient l’air d’être terminées. Il écrit que nous sommes parvenus à “la fin de l’évolution idéologique de l’humanité et à la généralisation de la démocratie libérale occidentale, qui serait le tout dernier modèle de gouvernement de l’humanité”. La Guerre Froide achevée, le capitalisme démocratique moderne ne pouvait que se perfectionner. Les entreprises américaines pouvaient vendre leurs produits à 1,5 milliards de consommateurs supplémentaires venant d’émerger de l’ex-Rideau de fer. Par ailleurs, les Etats-Unis n’auraient plus besoin de consacrer autant de dépenses à la défense.

Ce fut le bienfait le plus visible et le plus immédiat, pour les Etats-Unis : un “dividende de la paix”. Des milliards de dollars pouvaient désormais être retirés du budget de la défense et affectés à un meilleur usage, ailleurs. L’horizon s’éclaircissait. La Chine et l’Union Soviétique évoluaient, et le reste du monde suivait. Bientôt, tout le monde essayait d’apprendre les derniers slogans en vogue dans les écoles de commerce internationales… montait des usines pour fabriquer des choses destinées à des gens qui ne pouvaient pas vraiment se les offrir… pariait sur l’endettement du Tiers-Monde (avec une garantie de l’Etat en poche)… négociait les actions de sociétés qui, autrefois, appartenaient à l’Etat… et voulait faire rentrer ses enfants à Stanford, afin qu’ils aient toutes leurs chances de décrocher un job chez Goldman Sachs.

Oubliez la Fed… Cherchez sur Google !

Les choses s’améliorèrent encore plus quand, à la fin des années 1990, on eut l’impression que l’Ere de l’Information nous avait libérés des contraintes de l’Ere de la Machine. Oublions les essieux et les transmissions. Oublions les puits de pétrole. Deux choses réprimaient les taux de croissance, du moins c’était ce que l’on disait à l’époque : l’ignorance et les ressources. Il fallait des scientifiques instruits et des ingénieurs qualifiés, pour concevoir et construire un chemin de fer. Il fallait également acheter des matériaux. Du minerai de fer, du cuivre, de l’acier, etc…. et surtout, le plus important : de l’énergie. L’éducation exigeait du temps et de l’argent. Et Stanford pouvait uniquement gérer quelques milliers d’étudiants. La plupart des gens, essentiellement en Afrique, en Asie et dans l’Oklahoma, ne pouvaient pas facilement accéder à l’information leur permettant d’avancer. Internet a tout changé. Vous voulez construire un réacteur nucléaire ?

Faites une recherche sur Google ! Vous voulez savoir comment fonctionne la Loi de Say ? Ou celle de Boyle-Mariotte ? Où celle des effets pervers ? Tout y est. Avec un peu d’imagination, vous pouvez presque voir un gars de l’Oklahoma dans sa caravane, en train d’étudier la métallurgie en ligne. Vous pouvez quasiment l’imaginer en train de se rendre chez Koch Industries, à Wichita, muni d’un plan décrivant une nouvelle façon de traiter le tungstène. Et si vous buvez suffisamment et que vous plissez bien vos yeux, vous pouvez presque zoomer sur toute une foule de gens qui étudient… comparent… inventent… innovent… … ce qui nous conduit – à la vitesse de l’électron dans un disque dur – à tout un fabuleux univers d’hyper-progrès. A suivre !

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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